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Laurie Darmon au Bastille Day : à la découverte d’une artiste multi-casquettes

Laurie Darmon fait partie du casting cinq étoiles qui occupera la scène de Central Park, le 14 juillet prochain lors du Bastille Day (17h à 22h), organisé par le Consulat général de France à New York. Pour cette occasion, nous avons rencontré la chanteuse pop française à quelques semaines de se produire à New-York. “Excitation de l’événement”, “exil” et “passion de la création” sont au programme de notre entretien.

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Écrit par Teddy Perez
Publié le 14 juin 2024, mis à jour le 21 juillet 2024

Laurie Darmon, vous serez présente au Bastille Day, l’occasion de voir une série d’artistes françaises et français se produire sur la scène américaine. En quoi cet événement est important ?

Pouvoir faire un concert en plein Central Park, est un peu comme un rêve pour un artiste. J’ai accepté dès que l’on m’a proposé l’invitation et je suis surtout très flattée d’y représenter la France. Les artistes qui seront à mes côtés sont de toutes les générations. J’en écoutais certains quand j'étais moi-même adolescente. Je serai le seul projet avec des chansons pop au sein de la programmation. Beaucoup de personnes m’écoutent à New York et cela s’inscrit parfaitement dans le cadre de ma tournée américaine que j’avais prévue avant même d’être sélectionnée au Bastille Day.

 

 

Le Bastille Day est l’occasion de rencontrer la communauté française expatriée mais aussi vos fans à l’international. Comment s'y prépare-t-on ? Il y a-t-il davantage d’excitation ?

Je vais entamer une tournée internationale qui commence par la Colombie et le Mexique. Puis je pars au Canada et ensuite je vais jouer une date à New York - au Berlin le 5 juillet - je vais à Los Angeles le 7 juillet avant de retourner à New York pour le Bastille Day.

J’ai une chanson qui a beaucoup voyagé et a connu un petit buzz (Laissez-moi t’aimer - ndlr). Cela a permis à d’autres chansons de mon répertoire de connaître le même chemin. Ces chansons qui fonctionnent bien m’ont rapporté beaucoup d’auditeurs américains ou sud-américains, et non forcément que des Français expatriés. Mais cela reste difficile pour le public de m’associer, moi l’artiste, à mes chansons tant j’ai des styles différents. C’est tout un enjeu, alors faire un festival est vraiment une bonne opportunité car certains pourraient être là sans avoir eu l’intention de venir me voir et se rendre compte que c’est une chanson qu’ils connaissent déjà.

 

“Aux Etats-Unis, j’ai l’impression que l’on te donne ta chance, sans regarder ce que tu as fait avant.”

 

Avez-vous déjà fait des concerts aux Etats-Unis ?

Je n’ai jamais fait de concert aux Etats-Unis et, effectivement, je vais faire des scènes plus intimistes. J’ai conscience que je commence là-bas et c’est ce qui m’excite le plus. L’idée de “faire son trou”.

Je suis déjà allée aux Etats-Unis et j’ai pu voir de nombreuses scènes ouvertes avec peu d’artistes français, ou internationaux. À l’avenir, je me dis qu’ouvrir ce que l’on appelle des “Jam” - séances d’improvisation - aux Etats-Unis serait un beau projet. J’ai pu l’expérimenter à Paris alors pourquoi pas dans un autre pays. Le langage de la musique est tellement universel que les musiciens peuvent tous se connecter. Ils n’ont même pas besoin de se parler, et cela peut donner des collaborations folles.

 

 

 

Votre affiliation avec la culture américaine semble assez forte ?

Je ne sais pas si je me vois y vivre, mais j’aime beaucoup les Etats-Unis. J’ai l’impression que l’on te donne ta chance là-bas, sans regarder ce que tu as fait avant. Tu as le droit de te réinventer tout le temps, tes projets peuvent se concrétiser. Je me sens proche de la mentalité qui est aux Etats-Unis, et cela va de paire avec des individus multi-casquettes. Cela me ressemble beaucoup. Nous n'avons qu'une seule vie donc je ne vois pas pourquoi il faudrait explorer un seul métier…

 

Laurie Darmon est l'une des artistes invitée à participer au Bastille Day organisé par le consulat général de France à New York en association avec Capital One City Parks Foundation Summerstage et le Committee of French Speaking Societies. Cet évènement invite tous les New-yorkais à un incroyable festival de musique française au coeur de Central Park, le dimanche 14 juillet 2024 de 17h à 22h. Ouvert à tous et complètement gratuit, cette célébration unique aura lieu au Rumsey Playfield à Central Park (entrée à 72nd street/5th Avenue). Pour en savoir plus, cliquez ici. 

 

En tant qu’artiste qui réalise des tournées, quel est votre rapport au voyage ?

À partir du moment où j’ai voulu faire de la musique mon métier, je recherchais de la liberté, ne pas avoir de journées qui se ressemblaient, et pas d’obligation de lieu de travail. Jeune, j’étais très scolaire, je me m’étais beaucoup de pression. Il ne fallait plus que je sois dans ce système-là. L’idée du voyage, de partir souvent, faisait plus partie du rêve. Au fur et à mesure de ma carrière, j’ai pris confiance en moi et j’ai osé explorer d’autres façons de travailler. Je me suis dit qu’il fallait tester la réalisation d’un album où j’étais moi-même en exil.

C’est un projet que j’ai mis à exécution il y a deux ans. J’étais partie en vacances à Los Angeles et j’ai beaucoup aimé la vibe californienne. En revenant sur Paris, je ne me voyais pas écrire mon troisième album totalement en France et j’ai voulu repartir à Los Angeles, l’enregistrer en partie là-bas. Je ne connaissais personne mais le désir était tellement fort que je me suis déterminée à réaliser ce projet. Un mois après mon retour à Paris, je suis repartie à Los Angeles et j’ai fait mon troisième album entre ces deux villes. Le voyage, le fait de perdre ses repères, de ne pas connaître beaucoup de gens, rester seule le soir dans ma chambre d’hôtel… Tout cela m’a inspiré d’une autre manière. Ce qui est drôle, c’est qu’à la suite de cet album, ma musique a aussi commencé à voyager aux Etats-Unis, comme si elle avait fait le même mouvement que moi. Un beau symbole. Pouvoir faire voyager ma musique et pouvoir voyager pour la musique, c’est le Graal.

 

“J’ai mis longtemps à être très à l’aise avec le fait de produire plein de choses diverses. Quand j’envisage un projet, je me dis qu’il faut qu’il transpire la sincérité.”

Pour celles et ceux qui vous découvrent, quelles sont les thématiques phares de vos chansons ?

Mes chansons sont très différentes et je ne sais pas exactement pourquoi elles sont reconnues à l’international. Il n’y a pas de logique mais elles expriment plutôt bien une large palette de ce que j’aime faire. Je ne sais pas trop me décrire mais je dirai que je fais des balades acoustiques, un peu comme avec L’exil. Parfois, c’est de l’électro pop comme Laisse-moi t’aimer, avec des airs latinos. Puis parfois, ce sont des chansons scandées, slamées, comme une des premières que j’ai sortie qui s’appelle Rupture.

Je sais qu’au début de ma carrière, on me conseillait d’avoir un style identifiable, un répertoire cohérent de A à Z. Sauf que dans ma façon de composer et d’écrire, j’avais des styles différents qui se sont imposés et cela me faisait mal au cœur de faire des choix. J’ai mis longtemps, comme aujourd’hui, à être très à l’aise avec le fait de produire plein de choses diverses et cela est devenu naturel lorsque j’ai monté mon label il y a cinq ans. Je me suis  libérée. Finalement, mes chansons ont beaucoup plu et n’ont pas perdu mon public de départ. Quand j’envisage un projet, je me dis qu’il faut qu’il transpire la sincérité.

 

 

Dans votre répertoire, il y a une chanson marquante, liée à une expatriation particulière et qui vous tient à cœur : L’exil. Pouvez-vous nous raconter son histoire ?

Elle fait partie de mon troisième album. J’ai écrit cette chanson pour ma grand-mère maternelle, qui est née en Egypte. Elle y a vécu toute sa vie avec mon grand-père, a eu ses quatre premiers enfants et, du jour au lendemain, a dû quitter l’Egypte à la suite d’un changement de régime. Ma mère est arrivée en France lorsqu’elle était toute petite et, bien qu’il y ait des photos de cette période de leur vie un peu partout, ma famille parlait très peu de l’Egypte. 

En grandissant, j’ai pris conscience de cela, du mot “exil” qu’elle n'emploie pas. Et je me suis posée la question de savoir quel était cet Orient qu’elle nous décrivait dans ses souvenirs. C’est de cette envie qu’est née cette chanson, avec cette première parole : “De quel Orient nous parle-t-elle ?”. J’avais la volonté de raconter qu’un exil est douloureux, si bien que l’on arrive pas à vraiment le nommer, mais que quitter son territoire n’empêche pas la culture de traverser les frontières.

 

Cette chanson a-t-elle connu une seconde vie ?

Depuis quelques mois, elle connaît un buzz incroyable. Elle voyage dans le monde entier et elle ne touche pas un continent plus qu’un autre. En mai dernier, justement, c’était en Egypte. J’ai posté un reel sur Instagram avec la traduction des paroles et j’ai reçu de beaux messages en retour. C’est la force des réseaux sociaux. Aller en Egypte pour chanter L’exil, ce serait merveilleux.

 

“Plus jeune, j'aurai aimé entendre les personnalités que j’admirais parler de leurs complexes. Cela m’aurait permis de me faire une idée plus juste de ce que l’on appelle le beau.”

Vous n’êtes pas seulement une artiste chanteuse. Vous avez participé à la co-rédaction du livre Corps à Coeurs et vous êtes à l’animation d’un podcast. Ce sont des projets qui ouvrent une autre forme de parole ?

Cela me passionne de voir qu’en fonction du format et d’un même thème, tu peux aborder les choses avec des angles différents. Il n’y a pas une strate qui est moins importante que l’autre. J’ai commencé avec la musique car c’était le moyen d’expression qui s’est facilement imposé à moi pour faire aboutir un projet mais je ne me suis jamais dit que je ne ferai que cela. J’aime créer et écrire. L’idée du livre est alors venu naturellement. 

J’adore la musique à l’image. Avec mon podcast, j’avais envie de créer de l’écoute, quelque chose qui t’emporte quelque part. J’ai fait un podcast “exil” car je voulais créer tout un projet autour de cette chanson. Et lorsque je mène ces interviews, je ne me dis pas que je suis dans la peau d’une journaliste. Je sais créer, j’ai envie de créer donc je mets en œuvre ce projet.

 

 

Mon livre s’appelle Corps à cœur. Il est le format littéraire d’un événement que j’ai organisé il y a deux ans. Il a réuni beaucoup de personnalités, artistes et plus généralement des personnes qui ont en commun l’exercice des métiers de la représentation publique et de l’image. Durant une soirée, chaque invité avait carte blanche pour exprimer à sa manière son rapport qu’elle a à son propre corps et la façon dont elle s’accepte. Souvent, ces personnalités sont vues dans la lumière, avec beaucoup de confiance en elles et nous ne voyons pas ce qui est le plus fragile, le plus vulnérable et ce qui permettrait de désacraliser ce que nous croyons être naturel. Plus jeune, j'aurai aimé entendre les personnalités que j’admirais parler de leurs complexes. Cela m’aurait permis de me faire une idée plus juste de ce que l’on appelle le beau. L’année prochaine, nous ferons la 4e édition aux Folies Bergères et le livre était un format littéraire, qui servait de témoignage.

Teddy Perez
Publié le 20 juin 2024, mis à jour le 21 juillet 2024
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