Non loin du Osthafen, perdu entre Friedrichshain et Kreuzberg se trouve le Stralau 68, vieille bâtisse transformée en studio musical. Lieu insolite dédié à la musique expérimentale et aux performances scéniques, il attire de plus en plus de personnes intéréssées par les musiques nouvelles
Pas d'erreur, c'est bien là... Le Stralau 68, temple alternatif de la musique expérimentale. (Photo. B. Z.)
Le chemin qui mène au Stralau 68 est en soi une petite aventure, non dénuée de charme: parvenu au carrefour, on aperçoit le Osthafen au loin, Berlin se donne des airs d'Amsterdam. Comme pour dérouter encore plus le voyageur imprudent, l'enseigne d'un bar de l'autre côté de la rue dit "Irrenhaus". Finalement arrivé devant le porche de la propriété, au beau milieu de la cour, une vieille barraque ornée de graffitis semble abandonnée. Au dessus, le S-Bahn bourdonne tel un train fantôme dans la nuit. On est en droit de se poser quelques questions: y a-t-il réellement un studio de musique expérimentale ouvert au public ici, dans ce coin perdu? Et pourtant nous voilà arrivé au Stralau 68, lieu étrange et déroutant, laboratoire des expériences alternatives.
La bâtisse, autrefois cantine de gare, a été reprise en 2002 par le musicien et organisateur suisse Jürg Bariletti qui l'a transformée en atelier pour musiques expérimentales. À l'origine pourtant, il ne cherchait pas à en faire une salle de concert: "J'ai dû attendre longtemps avant de pouvoir louer. Ce n'est qu'ensuite que l'idée m'est venue d'utiliser la grande salle pour de la scène".
"Abolir les frontières, se fier à l'imprévisible"
Des concerts y sont organisés plusieurs fois par mois. L'endroit est une véritable plateforme pour l'échange culturel international, il comporte dorénavant une salle, deux pianos, de l'électronique. Bien que le Stralau 68 soit un projet à but non lucratif, Jürg Bariletti déplore la frilosité des sponsors à subventionner la musique expérimentale. Par conséquent, il doit tout financer de ses propres deniers. Néanmoins, le Stralau 68 s'est fait un nom dans la scène, et outre les habitués, de plus en plus de curieux, amateurs de nouvelles expériences musicales viennent s'y aventurer. Au début, seuls quelques musiciens berlinois jouaient ici. À présent, des musiciens de tous horizons demandent à jouer. D'après Bariletti, l'idée du Stralau est "d'abolir les frontières, faire tomber les préjugés et se fier à l'imprévisible. Ce sont des principes inhérents à la musique improvisée, et plus que tout, c'est un art de vivre".
Benoît ZIEGLER. (www.lepetitjournal.com - Berlin) mercredi 4 avril 2007








































