

Dans son enfance à Narbonne, nombreuses sont les femmes de sa famille maternelle qui chantent et qui décèlent chez Françoise un timbre chaleureux et une voix claire. A 6 ans, elle commence à étudier le piano. Dès lors, la musique sera le moteur de sa vie et "la voix sera sa voie". Une passion qu'elle va décliner en de multiples activités qui la conduisent aux quatre coins du monde, quand elle ne se ressource pas à Marrakech, sa ville d'adoption.
Françoise Atlan est aujourd'hui chanteuse, compositrice, chercheuse en ethnomusicologie, enseignante de piano et de chant. Malgré un don certain (un cadeau de la force qui, dit-elle, la guide ?) et un environnement familial propice, Françoise travaille beaucoup et accumule prix et diplômes : prix de piano et de musique de chambre à l'issue de ses études aux Conservatoires de Saint-Etienne et d'Aix-en-Provence, agrégée en musicologie de l'Université d'Aix-Marseille, lauréate du Diapason d'Or pour son second disque, puis du Prix Villa Médicis Hors les Murs, etc.
Le compositeur d'origine marocaine, Maurice Ohana, est le premier à la "détourner"du répertoire classique d'art lyrique dans lequel elle s'était engagée et à l'encourager à puiser dans ses racines familiales juives séfarades la source de son expression. Les ancêtres de Françoise Atlan sont des Berbères judaïsés de petite Kabylie et sa famille a quitté l'Algérie, non sans un certain déchirement, quelques années avant sa naissance.
Romances Séfarades
En 1992, son premier disque, Romances Séfarades, sortie à l'occasion du 500e anniversaire de l'expulsion des Juifs d'Espagne, la fait connaître. Un premier concert donné à Fès, en 1993, à l'invitation de l'Institut Français, suivi d'une participation au Festival de Fès, la même année, confirme sa vocation pour les musiques traditionnelles judéo-arabes. Et c'est encore à Fès qu'elle rencontre son maître, avec lequel elle passera trois ans à apprendre le répertoire arabo-andalou : Mohamed Briouel, qui dirige le célèbre Orchestre arabo-andalou de la ville et qui fut lui-même l'élève d'Haj Abdelkrim Raïss.
Par delà la confirmation d'un positionnement musical "influencé par son style de naissance", qui ne l'empêche d'ailleurs pas, au gré des envies et des rencontres, d'aborder la création contemporaine ou la musique ancienne occidentale, Françoise Atlan comprend que son destin se jouera au Maroc : une "terre d'exception"où, depuis toujours, cohabitent sans heurts majeurs Juifs et Musulmans. Ainsi, en 2003, elle s'installe à Marrakech, cette ville qu'elle compare volontiers à "une femme impudique", dont "les nombreux aspects cachés la passionnent".
Ethnomusicologie
Aujourd'hui, Françoise Atlan, capable de chanter et de composer aussi bien en arménien, en azéri, en espagnol, en italien, en arabe, qu'en hébreu, est qualifiée par les critiques d'interprète la plus authentique des chansons traditionnelles du Bassin méditerranéen, "non pas dans la répétition d'effets mécaniques", mais à travers "l'expression vocale d'un style et d'une technique uniques". Cette nouvelle dimension apportée aux ?uvres est sans aucun doute le fruit de sa parfaite connaissance de leur univers originel.
Car pour Françoise Atlan, il ne saurait y avoir de musique et de chant, sans ethnologie. Ne soyez donc pas surpris d'apprendre la publication prochaine d'un ouvrage d'ethnomusicologie, fruit de ses nombreux collectages dans le Haut-Atlas consacrés à la musique et à la poésie berbères, ou de la retrouver animant un atelier aux côtés d'autres chercheurs, lors du prochain festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira qui aura lieu du 1er au 3 novembre.
Elodie MARTELLIERE. (www.lepetitjournal.com - Marrakech) jeudi 4 octobre 2007
Ce jeudi 4 octobre à 21h à l'Institut français de Marrakech (Tél. 024 44 76 12)
Le mardi 9 octobre à 21h, au Théâtre 121 de l'Institut français de Casablanca
A l'Institut Français de Marrakech, ce jeudi 4 octobre, et à celui de Casa, le 9 octobre, en cette période très symbolique de Ramadan, pour celle qui se ressent fortement imprégnée de spiritualité, Françoise Atlan chantera L'esprit de Grenade accompagnée de ses musiciens. Elle nous invite à un voyage poétique et musical qui exprime la nostalgie d'une Andalousie riche de ses trois cultures et religions, juive, chrétienne et musulmane, avant la prise de Grenade par Ferdinand d'Aragon et l'annonce d'un obscurantisme toujours d'actualité dans de nombreuses parties du monde, plus de cinq siècles plus tard.
Si vous ratez l'une de ces dates, vous pourrez toujours essayer de retrouver Françoise sur une scène américaine, en fin d'année. En compagnie de l'ensemble canadien Constantinople, ou lors d'une des master-classes qu'elle dirige à Genève, Bâle, Bruxelles et à Paris. A moins que vous ne la croisiez du côté d'Imilchil, en pleine recherche ethnomusicologique. Sinon, il ne vous restera qu'à patienter jusqu'à la sortie de son prochain disque, en 2008, "Ay Amor", composition de chants d'amour et de femmes.
E.M. (www.lepetitjournal.com - Marrakech) jeudi 4 octobre 2007


































