D’un stage en agriculture à l’industrie minière 

Jocelyn Douhéret a foulé le sol québécois pour la première fois en 1994, dans le cadre d’un stage de fin d’études en agronomie. « Je suis arrivé pour un stage, j’ai enchaîné avec une maîtrise, j’ai rencontré ma conjointe et les opportunités de travail se sont présentées », raconte-t-il avec humour. Une trajectoire qui l’a mené du domaine agricole à celui des mines, en passant par le traitement des eaux et le recyclage des déchets organiques. 

Son entrée dans le monde minier date des années 2000, lorsqu'il a introduit une technologie de filtration des eaux usées, initialement conçue pour la gestion des boues des étangs aérés des stations d’épuration des eaux, au secteur minier. « Aujourd'hui, cette technologie est devenue la norme », souligne-t-il avec une pointe de fierté. 

 

 

Un acteur du développement du Plan Nord 

En 2016, il rejoint la Société du Plan Nord, un organisme gouvernemental visant à développer le territoire nordique du Québec. Son rôle ? Attirer des investissements internationaux et participer à structurer un développement durable du territoire nordique et des ressources naturelles. « On parle de 1,2 million de kilomètres carrés, soit deux fois et demie la France, avec 130 000 habitants », explique-t-il. 

Son travail le mène à interagir avec des sociétés minières, dont certaines de calibre mondial. Il participe alors à la rédaction du Plan québécois de valorisation des minéraux critiques et stratégiques, avant d'en assurer, depuis quelques années la mise en œuvre en tant que Directeur des Politiques minières au ministère des Ressources naturelles et des Forêts. 

 

 

Un stratège de la diplomatie minérale 

Le travail de Jocelyn Douhéret et de son équipe ne s'arrête pas à la frontière du Québec. Ils jouent un rôle majeur dans ce qu'il appelle la « diplomatie minérale », en nouant des partenariats avec la France, l'Allemagne, le Japon ou encore les États-Unis. « L'idée est simple : montrer que nos ressources sont accessibles, exploitable de manière éthique et avec un faible impact environnemental », précise-t-il. 

Ces actions ont notamment mené à la signature d’un accord avec la France en 2023 sur l’approvisionnement en minéraux critiques. « Depuis la pandémie, les états ont réalisé à quel point leurs chaînes d’approvisionnement étaient fragiles », analyse-t-il. 

 

 

L'industrie minière au Québec : un secteur stratégique au cœur des minéraux critiques

 

Les défis à venir 

Le développement durable des activités minières reste un enjeu central. « Une mine sans impact, ça n'existe pas. Mais au Québec, nous avons certaines des normes les plus strictes au monde », assure-t-il. Depuis 2013, toute mine doit prévoir un plan de restauration et provisionner les fonds nécessaires avant même de commencer l'exploitation.
 

L’avenir, selon lui, passe par une exploitation plus efficace des ressources déjà extraites. « La loi sur les mines adoptée en 2023 met l'accent sur la valorisation des résidus. Il faut maximiser l’utilisation des minéraux déjà extraits, éviter le gaspillage ».

 

 

Un Français enraciné au Québec

Si Jocelyn Douhéret a toujours son cœur en France, il ne se voit plus quitter le Québec. Installé à Québec depuis des décennies, il reste fasciné par les vastes espaces du nord et les possibilités qu’ils offrent. « Avoir la chance de travailler sur des projets qui façonnent le territoire et l'économie du Québec, c'est une motivation au quotidien », conclut-il.
 

Alors que le marché des minéraux critiques continue de croître, Jocelyn Douhéret et son équipe auront fort à faire dans les prochaines années, afin de continuer à positionner le Québec comme un acteur incontournable. La course à la transition énergétique et numérique ne fait que commencer.