Québec ou fédéral ? Patriotes ou Reine ? Saint-Jean ou Saint-Étienne ? Derrière les dates officielles, le calendrier 2026 révèle les sensibilités d’une fédération où l’identité culturelle se lit aussi dans les congés. En comparant les jours fériés du Québec et ceux du gouvernement fédéral, une évidence s’impose : les jours chômés ne sont jamais neutres. Ils disent une histoire, des choix collectifs et, parfois, un rapport différent au pays et au travail.


« Le Québec raconte ses héros par ses congés »
Le calendrier québécois reste profondément ancré dans une histoire nationale distincte. Ses jours fériés officiels — de la Fête nationale du Québec, le 24 juin, à la Journée nationale des patriotes le 18 mai — témoignent d’un récit propre. « Le Québec raconte ses héros par ses congés », résume un historien consulté par LePetitJournal.com, rappelant le basculement symbolique de la fête de la Reine vers celle des Patriotes au début des années 2000.
En parallèle, le calendrier fédéral continue de refléter les traditions britanniques et les dates commémoratives pancanadiennes. Jour du Souvenir, Fête de la Reine, Lendemain de Noël : autant de markers identitaires qui n’ont pas la même portée au Québec. « Le Canada est un pays, mais ses congés montrent qu’il demeure une mosaïque », observe une spécialiste des politiques publiques.

2026 en douze dates : convergences et décalages
Certaines dates rapprochent les deux juridictions. Le Nouvel An (1er janvier), la Fête du Canada (1er juillet), la Fête du Travail (7 septembre), l’Action de grâce (12 octobre) et Noël (25 décembre) s’imposent comme des points d’unité. Des congés partagés, synonymes de pauses communes dans un pays vaste et divers. « Ce sont les moments où tout le monde respire en même temps », nous explique un officier fédéral.
Mais l’année 2026 révèle aussi des lignes de fracture. Le lundi de Pâques, férié au Québec mais peu observé ailleurs, illustre ces différences. La Saint-Jean, pilier identitaire du Québec, n’a pas d’équivalent fédéral.
À l’inverse, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation (30 septembre) et le Jour du Souvenir (11 novembre) demeurent fédéraux et non obligatoires au Québec. Une asymétrie qui rappelle la coexistence de systèmes juridiques distincts.
Quand un jour férié devient politique
Le cas du 18 mai est particulièrement parlant. Au Québec, la Journée des patriotes évoque la résistance et l’affirmation nationale. Dans le reste du pays, il s’agit de la Fête de Victoria, dédiée à la monarchie et à la tradition constitutionnelle. « Une même date, deux imaginaires : c’est tout le paradoxe canadien », note un sociologue.
Le 30 septembre, consacré à la vérité et à la réconciliation avec les peuples autochtones, montre une autre dynamique. Le Québec ne l’a pas intégré comme jour férié provincial, mais de nombreuses institutions le marquent tout de même. Le débat, lui, reste ouvert. « Le calendrier, c’est aussi une manière de dire ce que l’on souhaite reconnaître », souligne une professeure en droit du travail.
Entre équité, conventions collectives et pratiques employeurs
Au-delà des lois, les usages varient. Certains congés peuvent être ajoutés par les employeurs ou les conventions collectives, créant des réalités différentes entre secteurs publics et privés.
Le Vendredi saint et le lundi de Pâques, bien que "fériés au choix de l’employeur" au Québec, demeurent presque universellement observés dans plusieurs industries. « La loi donne le minimum, les conventions font le reste », rappelle un syndicaliste avec qui nous avons parlé.
Il existe aussi la règle du report au jour ouvrable suivant lorsqu’un congé tombe un dimanche. Une mécanique simple, mais qui influence chaque année les plannings et les paies. Les employés comme les entreprises scrutent ces détails, car un jour déplacé peut modifier des semaines entières.
Au-delà des jours chômés, une question de sens
Entre Québec et Canada, l’année 2026 s’annonce comme un dialogue permanent entre deux façons de marquer le temps. Un pays, deux calendriers, autant de récits qui cohabitent. Reste une question : dans un Canada en pleine réflexion sur sa mémoire, sa diversité et ses identités, les jours fériés de demain diront-ils encore autre chose que ceux d’aujourd’hui ?










