Du 15 mai au 12 octobre 2025, la Villa Necchi Campiglio de Milan expose les portraits de la célèbre photographe Ghitta Carell et parcourt la culture et l’histoire du XXe siècle italien.
Dans le cadre de l’exposition « Ghitta Carell : Ritratti del Novecento » (Ghitta Carell : Portraits du XXe siècle), plus d’une centaine de clichés capturés par la photographe hongroise ont pris place à la Villa Necchi Campiglio de Milan depuis le 15 mai 2025. Active durant la première moitié du XXe siècle, elle est l’une des photographes les plus célèbres de l’entre-deux-guerres en Italie. Les protagonistes de l’époque se sont succédés devant son objectif, de l’aristocratie à l’élite intellectuelle, en passant par le monde culturel ou encore la classe politique ou même écclésiastique. Ainsi, en quarante ans, Ghitta Carell a photographié Victor-Emmanuel III, alors roi d’Italie, Benito Mussolini, Walt Disney ou encore le pape Pie XII.
La Villa Necchi comme décor aux portraits de Carell
En 1924, elle s’installe à Florence pour apprendre le métier de photographe. Quelques années plus tard, celle qui sera naturalisée italienne déménage à Rome où elle devient la photographe la plus demandée du moment. Ghitta Carell ouvre ensuite un studio à Milan, située via Conservatorio, où elle photographie notamment la famille Necchi Campiglio, propriétaire de la villa qui accueille aujourd’hui l’exposition. Ces clichés des sœurs Necchi, au style net, élégant et intense caractéristiques de l’artiste, sont exposés au premier étage de la villa, dans le hall. Sept cadres sont disposés sur une table centrale, comme si les propriétaires avaient spontanément décoré leur maison. Plusieurs portraits sont ainsi disséminés dans les différentes pièces de la villa, plus majestueuses les unes que les autres. Le visiteur peut alors admirer l’œuvre de Ghitta Carell tout en profitant du cadre unique offert par ce joyau niché au cœur de Milan. Dans le dressing situé au premier étage, le matériel exposé raconte la technique photographique de Ghitta Carell. C’est ensuite au deuxième étage qu’une grande pièce est entièrement consacrée à des dizaines de portraits capturés par la photographe entre 1921 et 1960.
Contraste entre tradition et avant-garde
Roberto Dulio, curateur de l’exposition met en avant un style photographique qui mêle « portraits de la Renaissance et du baroque, et goût glamour des photographies de célébrités d’outre-Atlantique ». Cet équilibre entre formalisme solennel et imaginaire hollywoodien constitue « une mémoire du passé et une expression éloquente du présent », affirme-t-il. Ce propos est appuyé par Daniela Bruno, directrice culturelle du Fondo per l’Ambiente Italiano (FAI), fondation qui présente cette exposition. Selon elle, elle « fait réfléchir sur des thèmes généraux et d’actualité : des formes de représentation du pouvoir, à la définition des canons de beauté ; de la fascination pour la mode à la manipulation des images, capables de construire des personnages et de modifier les caractères en en retouchant l’aspect, comme c’est plus que jamais le cas pour la photographie, avec les filtres ou les logiciels, et comme ce fut le cas avec l’art ». Une exposition témoin à la fois de l’histoire, de la mode, et des canons de beauté de l’époque.
Marie COCAUD