Entre photographie et poésie, Mario Giacomelli au Palazzo Reale de Milan

A l’occasion du centenaire de la naissance Mario Giacomelli, le Palazzo Reale de Milan accueille depuis le 22 mai une exposition dédiée à l’héritage artistique et culturel de l’un des plus grands photographes italiens. Elle promet de découvrir ou redécouvrir l’artiste non seulement comme maître de la photographie, mais aussi comme figure centrale de l’art et de la culture du XXe siècle, capable de créer des ponts entre photographie, peinture, poésie et sculpture. Ainsi, le projet milanais « Mario Giacomelli. Il  fotografo e il poeta » (Mario Giacomelli. Le photographe et le poète est un hommage au lien profond entre Mario Giacomelli et la poésie, et présente certaines de ses séries les plus iconiques inspirées de la poésie. Près de 300 photos d’époques sont dispersées dans huit salles du Palazzo. Elles sont le témoin de la capacité de l’artiste à dépasser les normes classiques de son époque, pour apporter un regard plus émotionnel.

Entre réel et poésie

Dès la première salle, le côté avant-gardiste de l’artiste est mis en avant : alors que les photographes construisent généralement leurs séries en fonction d’un événement ou d’une période, Giacomelli a rassemblé des clichés différents capturés entre 1960 et 1990 pour Per poesie (Pour les poèmes). La suite de l’exposition est construite comme un parcours thématique, où chaque salle présente une série de photos en noir et blanc et hautes en contraste, inspirée par un poème. Par exemple, Io non ho mani che mi accarezzino il volto (Je n’ai pas de mains pour caresser mon visage) (1961-1963), inspiré du poème de David Maria Turoldo, regroupe des images de jeunes séminaristes, suspendues entre mouvement et contemplation, Le parcours se conclut par deux œuvres qui se confrontent : Felicità raggiunta (Bonheur atteint) (1986-1988), d’après les vers d’Eugenia Montale traite du bonheure éphémère. En face, Ninna nanna (Berceuse) (1985-1987), inspirée par Leonie Adams aborde la vieillesse et la fragilité de la vie. Ces œuvres incarnent une synthèse ultime de son art, où la photographie devient émotion poétique pure, dernier regard intense sur le mystère de la vie.

Double exposition

Conçue par Bartolomeo Pietromarchi et Katiuscia Biondi Giacomelli, petite-fille du photographe, l’exposition milanaise est proposée en parallèle de celle présentée à Rome, au Palais des Expositions : « Mario Giacomelli. Il fotografo e l’artista » (Mario Giacomelli. Le photographe et l’artiste). Ces deux parcours, différents mais complémentaires, permettent de découvrir les multiples facettes du travail de l’artiste. Alors que Milan met l’accent sur le lien entre photo et poésie, Rome propose une vision plus proche de la peinture et de la sculpture. Les deux expositions ont été distinguées par la Médaille du Président de la République. Les visiteurs munis d’un billet de l’exposition milanaise bénéficieront d’un tarif réduit à Rome, et inversement.

 Marie COCAUD