Travailleurs et institutions européennes somment l'Espagne de reconsidérer la situation du marché de l'emploi, et de limiter les abus de contrats de travail temporaires.
Le volume de contrats temporaires est, avec le chômage, l'un des plus gros problèmes du marché de l'emploi en Espagne. Le droit du travail (Estatuto de los trabajadores) stipule que le recours à un contrat temporaire doit être justifié par une augmentation de la production ou bien par le remplacement d'un employé en arrêt. Or dans les faits, bien des entreprises abusent des contrats temporaires qu'elles maintiennent et renouvellent à un même employé durant plusieurs années. Ces contrats doivent être reconvertis en contrats à durée indéterminée.
Lancement d'un plan de régularisation
Selon les dernières données de l'enquête nationale de population active, plus de 4,46 millions d'employés seraient soumis à un contrat temporaire dans le pays, soit l'équivalent de 25% des contrats en moyenne. Il s'agit du taux de contrats temporaires le plus important en Europe. Les contrats précaires, temporaires et renouvelables constituent aujourd'hui une part trop importante du marché du travail espagnol et révèlent une structure économique fragile.
L'abus de ce type de contrats favorise les inégalités sociales, font perdre de la compétitivité aux entreprises, et rendent le tissu économique instable. Face à la pression des salariés et des syndicats, qui se sont manifestés pour dénoncer ces pratiques, l'Espagne a finalement décidé de lancer cette année un "Plan de choc" pour lutter contre la fraude dans le recours aux contrats temporaires. Entre le 22 février et le 11 mars, l'inspection du travail a contacté 59.129 entreprises pour lesquelles des abus ont été détectés : au total, 61.000 contrats temporaires ont pu être convertis en contrats à durée indéterminée durant cette période. L'opération devrait continuer dans les mois à venir.
L'UE tire les oreilles à l'Espagne
Si dans le secteur privé, un quart des contrats est à durée déterminée, les données ne sont pas meilleures dans le secteur public : trois fonctionnaires sur dix seraient employés à travers des contrats temporaires. Dans les secteurs de la Santé et de l'Éducation, cette pratique est très répandue : le taux de contrats temporaires s'élève à 41,9% pour les employés du secteur public médical, et à 29,71% pour ceux de l'Éducation nationale. Bien des fonctionnaires doivent se soumettre à des contrats temporaires à répétition, parfois durant plusieurs années, avant de pouvoir accéder un poste fixe. Cette situation est un obstacle pour de nombreux habitants en recherche de stabilité professionnelle et personnelle.
La Commission européenne exige désormais à l'Espagne de mettre en place les solutions nécessaires pour réduire ces abus de contrats temporaires et se réaligner dans la moyenne européenne. Le gouvernement espagnol doit présenter d'ici la fin du mois à Bruxelles son Plan de récupération et de réformes, pour pouvoir obtenir des fonds européens.