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PROF AU LYCEE FRANÇAIS DE MADRID – Alain Henry : « Oui, on peut prendre du plaisir à pratiquer les mathématiques ! »

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 16 mai 2016, mis à jour le 16 mai 2016

Il y a des regards, des signes, des gestes qui ne trompent pas. Alain Henry enseigne les mathématiques depuis une trentaine d'années et à le voir évoquer ce métier avec tant d'enthousiasme, il ne fait aucun doute que c'est une passion qu'il vit au quotidien. Cette histoire d'amour avec les chiffres, il nous la transmet comme il la transmet à ses élèves. Interview. 

(photo DR Alain Henry) Lepetitjournal.com : Résumez-nous votre parcours avant d'arriver à Madrid.
Alain Henry
: Mon parcours professionnel a pour origine une passion précoce pour les mathématiques, dès le début de ma scolarité. C'est donc naturellement que j'ai ensuite entrepris des études de mathématiques à l'Institut Fourier de Grenoble. Plus tard, j'ai passé le CAPES en 1987 de façon à pouvoir rejoindre mon épouse installée en Espagne. Ainsi, après une année passée en France à Seyssinet, en zone sensible (banlieue de Grenoble), j'ai obtenu un poste de professeur de mathématiques au lycée français de Valence, en 1988, puis à celui de Madrid, à partir de 1997.

PROF AU LYCEE FRANÇAIS DE MADRID - Yamila Camain : "Je veux faire vibrer mes élèves"
Yamila Camain enseigne au Lycée Français de Madrid depuis 2013. Professeure de lettres classiques au parcours atypique, cette Franco-argentine de 41 ans évoque sa carrière, ses projets, ses envies et les particularités de l'enseignement dans un établissement de l'étranger. Retour aussi sur une année scolaire 2015-2016 bien remplie, de Madrid à Berlin, en passant par Paris et Rennes pour la remise du Goncourt des Lycéens.

PROF AU LYCEE FRANÇAIS DE MADRID - Julien Cassan : "Ce n'est pas parce qu'un élève est en short qu'il n'apprend pas"
Julien Cassan s'est toujours imaginé en globe-trotter déambulant aux quatre coins de la planète, de Singapour à Buenos Aires en passant par son Aveyron natal. Finalement, c'est son poste de professeur d'EPS au Lycée Français de Madrid qui lui a permis de s'épanouir et de découvrir d'autres horizons par le biais de projets pédagogiques qui l'ont amené a Londres, Tunis et même Wellington en Nouvelle-Zélande. Portrait d'un homme qui ne tient pas en place.

PROF AU LYCEE FRANÇAIS DE MADRID - Christophe Dardel : "J'aime beaucoup faire rire mes élèves"
De Christophe Dardel, on retient une sympathie dès le premier abord et une passion pour raconter son métier tel qu'il le vit au quotidien, toujours intacte après seize années de carrière. Ce parcours, il le raconte sans détours ni complaisance, même pour évoquer le LFM. Un établissement dans lequel il s'épanouit et transmet son savoir depuis maintenant trois ans. Toute une histoire?

Que vous apporte votre expérience d'enseignant à l'étranger ? Y a-t-il des spécificités ?
Les lycées français à l'étranger ont souvent des spécificités liées à la diversité des élèves, à la coexistence des langues et des cultures. Dans le cas particulier du lycée français de Madrid, même si les élèves sont très majoritairement espagnols ou français, il y a de nombreuses langues et nationalités représentées. Je m'estime très chanceux de pouvoir travailler dans un tel environnement. Le public est très varié et les élèves sont dans l'ensemble très motivés, un certain nombre sont même d'un niveau tout à fait remarquable. Quant aux lycées de Valence et de Madrid, même si chacun a ses spécificités, il y a plus de similitudes que de différences entre ces deux grands établissements. Pour moi, le lycée français de Valence, c'est le début de ma carrière, j'y ai appris mon métier, j'y ai acquis de l'expérience. 

Comment analysez-vous le rapport des élèves aux mathématiques ?
Tout d'abord, c'est très stimulant de côtoyer des jeunes : ils sont pleins d'énergie et de créativité. Face à des adolescents, on se doit de donner le meilleur de soi. Pour les élèves, le rapport aux mathématiques est différent de celui aux autres disciplines. Ils ne fréquentent ce monde qu'à travers la classe et leur professeur et cela entraine parfois une mauvaise perception de la discipline, une mauvaise note peut les démoraliser complètement. Ce qui est d'autant plus curieux car en même temps ils adorent certains jeux de l'esprit ou de logique, j'en veux pour preuve l'intérêt pour les sudoku, pour les jeux de réflexion sur portables, les suppléments jeux des magazines en été ou même tout récemment le succès de la réapparition du Rubik's cube. Alors, à nous professeurs de donner du sens aux mathématiques, de les rendre vivantes et modernes, ludiques et plaisantes. Oui, on peut prendre du plaisir à les pratiquer !

Comment donner le goût des maths aux élèves ? Avez-vous réalisé des projets ?
J'ai exploité cet aspect ludique des mathématiques en animant au sein d'un club de maths durant de nombreuses années. Par la même occasion, j'en profitais pour entraîner les participants aux mathématiques de compétition. Ce fut une expérience très stimulante et pleine de satisfactions. Nos élèves ont récolté beaucoup de prix et de médailles dans les différents concours, aussi bien espagnols que français. Et même si le mérite revient avant tout aux principaux concernés, cela donne une image très positive du lycée. Quand on accompagne son élève, primé au très prestigieux Concours Général de Mathématiques en 2008, à La Sorbonne, se faire remettre son prix par le ministre de l'Education nationale, ne sommes-nous pas des ambassadeurs du LFM ?  En plus, cela créait, au sein du club, une dynamique et une émulation passionnante. Je garde de très bons souvenirs de cette période, et je revois régulièrement ces anciens champions qui continuent à rencontrer des succès dans leurs différents parcours (études supérieures ou activités professionnelles). Je parie qu'on entendra parler de certains dans les années à venir?

Expliquez-nous le principe de double qualification en vigueur au LFM ?
Je me suis impliqué, c'est vrai, dès la mise en place de cours en espagnol de mise à niveau pour l'accès aux études universitaires sur place. Ainsi, depuis quatre ans, j'assure des cours complémentaires pour préparer une partie de nos élèves aux épreuves d'accès à l?enseignement supérieur espagnol. Certes, cela représente un surcroit de travail pour ces élèves de terminale qui ont déjà beaucoup à faire avec le baccalauréat, mais ils peuvent ainsi prétendre à la maitrise des programmes de mathématiques dans deux systèmes différents, tant au niveau linguistique, qu'aux niveaux de l'esprit, des contenus et de la technicité. Il existe par exemple d'importantes différences concernant l'usage de la calculatrice graphique, beaucoup plus courant dans le programme français. Quoi qu'il en soit, il faut féliciter ces élèves pour leur implication et leur humilité.

Quelle est l'ambiance au sein du département de mathématiques ?
Je dois dire que l'ambiance au sein du département est excellente. Nous sommes une vingtaine, il y a beaucoup de dynamisme et c'est grâce à cet esprit d'équipe que continuent à s'organiser, années après années, tous ces concours avec autant de passion et d'enthousiasme. Tous contribuent, chacun dans leurs classes, à garantir une formation mathématique de qualité aux élèves.

Etre un bon professeur de maths, qu'est-ce que c'est ?
Tout un programme ! Certains diront qu'un bon professeur c'est celui qui fait travailler ses élèves, d'autres que c'est celui qui transmet un contenu, ou qui aide à l'acquisition de méthodes. Enseigner est un art, pas une science, même quand on enseigne une science ! Les attentes sont variées mais je crois à l'écoute et à la disponibilité pour valoriser, encourager et rendre les cours dynamiques et agréables. Personnellement, j'utilise des comportements théâtraux et puis faire rire les élèves, ça aide beaucoup à faire passer des notions pas toujours très digestes? Les mathématiques sont l'école de la rigueur mais on peut travailler sérieusement sans se prendre au sérieux et même en y prenant du plaisir !

Simon MARACHIAN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 10 mai 2016?
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Publié le 16 mai 2016, mis à jour le 16 mai 2016