Arrivé en début d'année scolaire en provenance de Casablanca, le nouveau proviseur du Lycée Molière a depuis lors ?uvré dans la continuité du travail effectué par son prédécesseur, M. Michel. Avec les 40 ans du lycée au printemps et le renouvèlement du projet d'établissement avant l'été, les défis ne manquent pas pour la structure. Avec une priorité : développer l'attractivité d'un lycée à taille humaine, comptant sur une forte implication des parents d'élèves dans la vie d'établissement, sur le support de la Mission Laïque Française (MLF), dont le lycée est la propriété, et sur l'appui de l'AEFE avec laquelle il est conventionné.
(Photos lepetitjournal.com)
Proviseur adjoint au lycée Ampère de Lyon pendant 5 ans, puis à Casablanca au lycée Massignon de 2009 à 2012, Dominique Javel s'est embarqué dans la vie des établissements français de l'étranger par "envie d'ouvrir [s]es horizons". Cet historien de formation, ancré dans les traditions et la culture régionale avignonnaise, a donc largué son sud-est natal pour le grand large. Déjà sous la tutelle de la Mission Laïque Française au Maroc, il entend appliquer à Madrid l'ouverture sur l'international prônée par l'organisation, et quelques bonnes formules glanées tout au long de son parcours. "On n'est pas là pour fabriquer uniquement des petits Français", estime-t-il, en référence aux 97% de Marocains fréquentant le lycée Massignon à Casablanca, et aux 52% d'Espagnols formant le public de Molière à Madrid. "Notre devoir, c'est la transmission d'une éducation basée sur les valeurs et les principes de la culture française, en accord avec la devise de la MLF : '2 cultures, 3 langues'. Il faut que nous sachions promouvoir le dialogue entre les cultures, être une école française à coloration internationale".
40 ans cette année, dont 20 à Villanueva de la Cañada
Le lycée français de Casablanca, on en a tous entendu parler un jour. En terme d'élèves inscrits, c'est l'un des plus grands du réseau des établissements français de l'étranger, après le site de Madrid. Pensez si Dominique Javel, qui a ?uvré pendant 3 ans dans "l'autre" établissement de Casablanca (le lycée Massignon, qui compte 2.800 élèves, tandis que le lycée Lyautey en compte près de 3500), connaît et comprend certaines problématiques du lycée Molière. Avec 840 élèves scolarisés, contre près de 4000 sur le site d'Arturo Soria, le lycée de l'ouest madrilène a une place à défendre et une réputation à faire valoir au sein de la population francophile de la capitale. Tant mieux : Molière jouit de diverses spécificités qui en font un pôle attractif, en plein renouveau. Avec l'achèvement du nouveau bâtiment en janvier dernier, le lycée s'est doté d'une médiathèque moderne, de salles de réunion et d'une salle de spectacle d'une centaine de places, qui donneraient presque des ailes à l'ensemble de l'équipe dirigeante. "En pleine période de crise, lancer un tel investissement, ça c'était audacieux !", lance admiratif le nouveau proviseur, en référence au chantier initié par son prédécesseur, Jean-Louis Michel. Le 29 mai prochain, aura lieu l'inauguration de ce bâtiment désormais essentiel dans la vie du lycée. Par la même occasion, Molière fêtera ses 40 ans et les 20 ans de son installation à Villanueva de la Cañada (en provenance de Pozuelo). Avec plein de projets en perspectives.
Comment aller sur la planète Mars ?
"Nous travaillons sur un partenariat avec l'Institut Français", illustre ainsi Dominique Javel, "qui devrait nous permettre de créer un ciné-club ouvert à tous, avec projections dans la salle de spectacles". Si les habitants de Villanueva pourraient bien prochainement profiter de séances cinématographiques en VF, le lycée Molière, lui, multiplie les partenariats avec les institutions françaises d'Espagne. "L'objectif est de devenir le pôle francophone de l'ouest madrilène", commente le proviseur. En collaboration avec la Casa de Velázquez, des conférences sont proposées dans l'établissement. A l'échelle strictement pédagogique, les élèves bénéficient d'échanges cruciaux avec les chercheurs et les artistes en résidence dans l'institution. Même chose avec l'Agence Spatiale Européenne (ESA), avec depuis 10 ans des projets à caractère scientifique présentés par les élèves aux chercheurs (le dernier en date : comment aller sur la planète Mars ?).
Attractivité du lycée et apprentissage des langues
Autant d'initiatives qui ancrent Molière dans le quotidien des quelque 400 Français de Villanueva de la Cañada, certes, mais qui contribuent aussi à faire du français, dans un établissement fréquenté dans sa majorité par des Espagnols, une langue de plaisir et de communication. "Une priorité, c'est l'enseignement des langues", explique d'ailleurs Dominique Javel. "Français comme Espagnols attendent par exemple du lycée une ouverture sur l'anglais, qui donne aux élèves les moyens d'appréhender leur vie future à l'échelle mondiale". Dont acte. "Nous accordons déjà des certifications en anglais, en français et en espagnol dès la classe de CM2, puis en 3e et en première". L'attractivité du lycée est de fait au c?ur de la réflexion menée par l'établissement. "A l'image de l'ensemble des établissements internationaux d'Espagne, il va dorénavant falloir aller chercher les élèves, dans un contexte de crise où l'inscription dans un établissement étranger ne va plus de soi".
Des parents très impliqués dans la vie de leur établissement
L'attractivité du lycée, l'ouverture sur l'international, la multiplication des partenariats, l'orientation des élèves et la préparation aux examens de selectividad seront de fait quelques unes des pistes qui devraient permettre de rédiger le nouveau projet d'établissement, d'ici la fin de l'année scolaire. Associés à l'équipe dirigeante, les professeurs, l'ensemble du personnel, les élèves et les parents d'élèves devraient se pencher dès le printemps sur le sujet. "On a la chance d'avoir des parents très impliqués dans la vie de leur établissement", glisse au passage le proviseur. "Devenir citoyen du monde", c'était la devise de la dernière mouture du projet d'établissement, qui arrive donc à terme en 2013. Dans ce cadre, les élèves ont notamment participé à la course de la solidarité, au NUMAD, au club Unesco ou à la mise en place d'un conseil pour la vie lycéenne. Autant d'initiatives qui leur auront transmis le goût pour l'entraide, la justice ou l'accueil de l'autre, certaines de ces valeurs de l'éducation française, si chères à Dominique Javel. En ce mois d'avril, les enfants de Molière reçoivent d'ailleurs les élèves du lycée Massignon, dans le cadre d'un échange. Ils iront en mai à Casablanca. "Au-delà de l'aspect sentimental, je suis très attaché à cet échange. Les similitudes entre les deux civilisations, dans leur façon de vivre et leur façon d'être m'ont profondément marquées", explique l'historien de formation. "Je crois qu'il est important d'établir plus de liens entre les deux pays".
Sous la responsabilité du nouveau proviseur, Alain Silvestre a lui aussi pris ses fonctions à Molière cette année. Cet instituteur de formation a un beau parcours à l'étranger à son actif, avec 2 ans en tant que VSN dans une école du Tchad et 6 ans en école primaire à Casablanca. Il a pris la direction d'établissements scolaires pendant 7 ans en Isère, avant de travailler à Sarajevo, pour la MLF, de 2008 à 2012. "Molière est un établissement à taille humaine", se réjouit-il. "Tous les parents se connaissent : c'est une grande famille dans un grand village". En accord avec les priorités du lycée, c'est sur les langues que le nouveau directeur place ses priorités : comment atteindre dans les meilleures conditions le bilinguisme, tout en ayant une véritable réflexion sur les conditions de l'apprentissage de l'anglais. |
Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 9 avril 2013
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