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Diálogo: 35 ans d'amitié franco-espagnole et l'UE pour horizon

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José Maria Segovia, Président de Diálogo / © Diálogo
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Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 17 septembre 2018

Jeudi dernier, le hasard du calendrier a voulu que deux institutions essentielles dans les relations entre la France et l'Espagne célèbrent, l'une à Madrid, l'autre à Barcelone, leur anniversaire le même jour. Et tandis que la CCI française de Barcelone soufflait 135 bougies en compagnie de quelque 300 entrepreneurs de l'univers catalan et français, Diálogo s'entourait au même moment, à la Résidence de France à Madrid, en présence de l'Ambassadeur Yves Saint-Geours et de deux ex-ministres, lauréats du Prix décerné annuellement par l'organisme -Alfredo Perez Rubalcaba et Bernard Cazeneuve- d'un chapelet de décideurs venus célébrer les 35 ans de l'association d'amitié franco-espagnole. 

 


C'est une sorte de retour aux sources et aux origines de la création de l'association, que Diálogo a expérimenté à cette occasion : lancée en 1983 dans un contexte bilatéral tendu, la structure a œuvré pendant de nombreuses années au rapprochement des deux pays, en s'appuyant sur des membres actifs dans les plus hautes sphères décisionnaires, de part et d'autre des Pyrénées. Ce réseau d'intelectuels visionnaires, mais aussi d'entrepreneurs pragmatiques, conscients de la nécessité d'un climat d'entente entre les deux voisins pour la bonne marche des affaires, aura su aiguilloner efficacement l'effacement progressif des désaccords existants, dans le domaine de la lutte contre l'ETA ou concernant la question agricole notamment. Mesurant régulièrement la perception réciproque que Français et Espagnols avaient de leur voisin, Diálogo a ainsi pu constater au fil des ans l'amélioration de l'image que les deux pays projetaient, au-delà de la frontière les séparant. 

 

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De g. à d. : José Maria Segovia, Bernard Cazeneuve, Alfredo Perez Rubalcaba et Yves Saint Geours / © Diálogo


Voilà une quinzaine d'année que les relations entre la France et l'Espagne sont au beau fixe et que les différents gouvernements s'étant succédés à Paris et à Madrid ont su, au-delà des divergences idéologiques, collaborer toujours plus étroitement sur les dossiers bilatéraux, tout en développant une position chaque fois plus commune sur les sujets de la scène internationale. Si, au-delà de l'action de Diálogo, l'intégration de l'Espagne au sein de l'UE ou l'instauration de sommets annuels entre les deux nations auront largement concouru au rapprochement des deux pays, on peut se féliciter que les objectifs d'une association créée il y a 35 ans soient atteints -les différents orateurs n'ont d'ailleurs pas manqué de le faire au cours de leurs interventions respectives. Mais ce succès constitue paradoxalement la base d'une remise en cause de la raison d'être de l'association : à quoi bon travailler pour le rapprochement quand ce dernier a déjà eu lieu ? 

 

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© Diálogo


Le retour aux sources de Diálogo, ou les raisons qui justifient la continuité de son action, n'ont pour autant rien à voir avec l'enthousiasme et l'optimisme qui devraient être ceux de la mission accomplie, sinon avec les craintes et le pessimisme à l'aune de nouvelles menaces, susceptibles de mettre en péril l'équilibre atteint. Les mêmes décideurs qui, il y a 35 ans, jugeaient nécessaire d'intervenir pour promouvoir des intérêts d'ordre à la fois humains, politiques et économiques, observent dans quelle mesure ces mêmes intérêts peuvent demain à nouveau être entamés. La relation hispano-française, désormais "bilatérale et européenne", comme l'a souligné l'Ambassadeur Yves Saint Geours, ne serait se développer qu'au gré des convulsions que traversera le Vieux continent. Crise économique, Brexit, immigration illégale, mais aussi crise d'identité, crise de gouvernance et bouleversements de l'ordre mondial et des équilibres multilatéraux, sont autant d'éléments qui font que l'UE affronte des défis inédits, obligeant la relation franco-espagnole à se développer comme une force de proposition vers les aux autres Etats membres. Clairement, la survie de l'UE dépend de sa capacité à résoudre les défis auxquelles elle doit faire face. Il existe une vision partagée entre la France et l'Espagne -on pourrait dire un axe franco-espagnol- concernant les mesures qui doivent être prises pour y parvenir... C'est le message que transmettent depuis plusieurs années les autorités françaises. Et c'est le point de départ pour comprendre la refonte des objectifs de l'association Diálogo.

 

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Bernard Cazeneuve / photo lepetitjournal.com


Deux des lauréats ayant reçu le Prix de l'amitié franco-espagnole, que l'association remet depuis 2004 à des personnalités ayant œuvré pour le rapprochement des deux pays, participaient jeudi à la cérémonie d'anniversaire. Ils ont pris la parole, après les allocutions de l'Ambassadeur de France en Espagne et du Président de Diálogo, José Maria Segovia. Bernard Cazeneuve, lauréat en 2016 du Prix remis par Diálogo France, avait reçu la récompense pour avoir su en tant que ministre de l'Intérieur "promouvoir, conjointement avec son homologue espagnol, des conditions de coopération d'une qualité exceptionnelle (...) qui ont permis de lutter main dans la main contre le terrorisme de l'ETA". L'ex Premier Ministre français a mentionné l'intensité des relations entre la France et l'Espagne, évoquant à travers les flux culturels ou économiques "une relation qui fabrique de la croissance". "Cette relation s'est aussi forgée à travers les épreuves", a-t-il déclaré, "que nous avons traversées ensemble, en sachant aussi surmonter nos propres conflits". De l'accident de la German Wings aux attentats qui ont frappé la France, puis l'Espagne, Bernard Cazeneuve a énuméré certaines de ces épreuves au cours desquelles la solidarité et la coopération entre Etats a joué, participant à une relation "fusionnelle" et "indestructible". 

 

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En 2010, c'est conjointement Brice Hortefeux et Alfredo Perez Rubalcaba, alors tous deux ministres de l'Intérieur de part et d'autre des Pyrénées, qui recevaient le Prix Diálogo Espagne, pour des raisons proches de celles qui ont valu 6 ans plus tard la distinction -par Diálogo France- de Bernard Cazeneuve. "C'est un honneur de revenir dans cette maison", a déclaré l'Espagnol, lors de sa prise de parole, faisant preuve d'une francophilie et d'une affection claire pour la France. Reprenant à l'instar de Bernard Cazeneuve l'importance du rôle de la coopération policière franco-espagnole dans la fin de l'ETA et dans la lutte contre le terrorisme de façon générale, Perez Rubalcaba a en outre développé un argumentaire proche de celui exprimé par son homologue français, en faveur de la défense de l'UE. "L'UE fait face à une double rupture : nord-sud et est-ouest", a-t-il estimé, "qui génère une vague de populismes, qui menacent de nous ramener en arrière". "L'Europe est notre avenir", avait lancé un peu plus tôt Bernard Cazeneuve. Mentionnant les "fragilités" de la construction européenne, il avait défendu que "notre appartenance à l'UE est le fondement d'un destin commun", "un creuset de valeurs humanistes et universelles", mais aussi la seule voie pour "résister à la compétition internationale de plus en plus dure". Et d'ajouter : "L'Espagne et la France ont un rôle à jouer pour que l'Europe continue". "Il y a toujours un nouveau départ", avait exprimé l'Ambassadeur en début de cérémonie. En œuvrant désormais dans cette dynamique, Diálogo pourrait "changer de nature, mais pas de vocation : travailler ensemble".

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