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Affaires Sociales du Consulat: bien plus qu’un soutien financier

jean luc bertolinojean luc bertolino
Jean Luc Bertolino, Consul adjoint, responsable du service des affaires sociales du Consulat de France à Madrid / DR
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 28 octobre 2019, mis à jour le 29 octobre 2019

Les Français résidant à l’étranger ont souvent l’impression que le service des affaires sociales d’un consulat ne s’occupe que des bourses scolaires et autres aides financières. Cela ne représente pourtant qu’une infime partie de leur travail quotidien au service des Français.

 

Pas moins de 800 dossiers de bourses scolaires passent chaque année entre les mains des 4 agents des affaires sociales du consulat de Madrid. Des aides sont également octroyées à certains adultes ou enfants handicapés ainsi qu’à des personnes âgées, en complément de ce qu’ils touchent déjà en Espagne. Moins d’une centaine d’allocataires sur la circonscription consulaire de Madrid sont concernés, la plupart provenant de Madrid, Alicante et Valence. Les Affaires sociales gèrent également les détenus français de la circonscription de Madrid, soit 180 détenus sur près de 50 centres pénitenciers dans toute la circonscription.

"Il faut rappeler -explique Jean-Luc Bertolino, Consul adjoint, responsable du service des affaires sociales du Consulat de France à Madrid- que lorsqu’on sort de France, on perd tout ou partie des aides et allocations familiales, puisque la France estime qu'en étant résident dans un pays de l’Union européenne, on acquiert les mêmes droits que les ressortissants de ce pays". Ainsi, en cas de départ définitif à l’étranger, on n’a plus droit à aucune prestation. 


Le service social du consulat n'est pas uniquement un guichet pour allocations

Un projet d’expatriation ne se construit bien évidemment pas en fonction des allocations, cependant c’est un paramètre à prendre en compte dans certaines situations. "Nous avons parfois des Français qui sont confrontés à des situations très compliquées –raconte Jean-Luc Bertolino. Je me souviens par exemple d’une famille avec 9 enfants qui était partie s’installer sur la Costa Blanca, mais qui a malheureusement vite déchanté et a fini par rentrer en France au bout de quelques années". 

Les aides financières représentent la pointe de l’iceberg des activités de ce service. "L'important -souligne Jean-Luc Bertolino- c'est que le service social du consulat n'est pas uniquement un guichet pour allocations. C'est avant tout un service qui se veut proche de ses ressortissants. Nous sommes là pour orienter les gens sur leurs droits, les aider dans les situations douloureuses. Nous avons pour cela d'excellents rapports avec les services sociaux espagnols et la coopération est complète". 


Il faut avoir beaucoup d'empathie pour les gens

Les situations compliquées sont malheureusement assez nombreuses. Il peut s’agir par exemple de parents séparés binationaux, dont les enfants ont été emmenés en Espagne sans prévenir l’autre parent. "Lorsqu’il y a des mineurs qui sont en jeu -affirme le responsable des affaires sociales-, la priorité, ce sont les enfants. Nous avons quelques dossiers de mineurs en difficulté dont les parents sont sans ressources ou de mineurs non scolarisés. Ce sont souvent des situations très difficiles où l’on se sent démuni. Il faut alors avoir beaucoup d'empathie pour les gens. Nous sommes présents pour aider les personnes et les orienter dans les procédures administratives à suivre, tant en France qu’en Espagne".

Pour cette raison, le service des affaires sociales a tissé des liens importants non seulement avec les réseaux français d’entraide mais aussi avec les services sociaux espagnols, comme le Samur social ou la Croix-Rouge. "Cela peut s’avérer très utile pour les Français en difficulté -ajoute Bertolino-, parce qu'il faut faire notre maximum pour les aider. Nous avons ainsi passé un accord de coopération avec une école de formation de la Croix Rouge en Aquitaine et avons reçu deux étudiants pendant six mois qui ont travaillé au Samur espagnol. C'était la première fois qu'ils recevaient des stagiaires étrangers". 

Un autre exemple de cette collaboration est la journée d'information franco-espagnole sur la sécurité sociale qui s’est déroulée cette année à Madrid. "Ces Journées existent depuis 15 ans –rappelle Bertolino- et cette année nous avons eu 500 rendez-vous individualisés. Tous les ans c'est une ville différente pour ainsi informer au mieux la communauté française qui vit en Espagne".


12 millions de Français séjournent ou traversent l'Espagne entre juin et septembre

Mais pour le service des affaires sociales, le gros du travail passe également par les douze millions de Français qui séjournent ou traversent l'Espagne entre juin et septembre. "C'est presque du travail 24 heures sur 24 –explique Bertolino-. Cela peut passer par les passeports oubliés, les papiers perdus ou volés. Nous avons eu cet été l'affaire très médiatisée de 'la meute' avec ces 4 Français soupçonnés de viol à Alicante". Mais il y a eu bien d’autres cas, comme celui d’une famille dont les enfants qui voyageaient seuls ont eu un problème de transfert entre deux vols à l’aéroport de Madrid. "Personne n’était là pour les recueillir –se souvient Bertolino. Tout s’est bien terminé après notre intervention et la bonne volonté de la compagnie aérienne". 

Nous avons assisté 64 familles françaises suite à des décès accidentels entre juin et septembre

Les situations sont parfois plus tragiques comme ce père qui voyageait seul cet été avec sa fille et qui s’est noyé. "Nous avons assisté 64 familles françaises suite à des décès accidentels entre juin et septembre -signale Bertolino-, et nous avons procédé à 14 rapatriements psychiatriques en lien direct avec les services espagnols sur la même période".

En cas de départ à l’étranger, même s’il s’agit d’un pays proche, il est recommandé de souscrire une assurance. A noter par ailleurs qu'il existe un centre de crise à Paris, dépendant du ministère des Affaires Étrangères, le Centre de Crise et de Soutien (CDCS), ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 (téléphone : +33 01 53 59 11 10). On peut également les contacter par mail alertes.cdc@diplomatie.gouv.fr "Nous sommes constamment en contact avec le CDCS. D’ailleurs, suite à l'affaire Thomas Cook –raconte Bertolino-, une cellule de crise spécifique a été créée puisque de nombreux Français se sont vus affectés par la fermeture de l’agence de voyage britannique".

Pour plus de renseignements :

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/le-centre-de-crise-et-de-soutien/
http://www.caf42.fr/wp-content/uploads/2012/11/Départ-à-létranger-V3.pdf

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