Alors que les vacances se terminent pour beaucoup, le débat sur le tourisme de masse en Espagne revient à l'ordre du jour. Le site de voyage spécialisé Holidu a recensé les sites touristiques les plus saturés. Les voici.
Plusieurs destinations touristiques en Espagne, en particulier sur la côte, ont été submergées ces derniers mois par une vague – pour ne pas dire un tsunami - de tourismophobie. Les manifestations contre le tourisme de masse se sont multipliées à Barcelone, à Alicante, à Malaga, aux Canaries ou encore aux Baléares et certaines localités tentent désormais de mettre en place des mesures pour freiner un phénomène de moins en moins toléré.
La plateforme de voyage Holidu a réalisé une intéressante étude sur les lieux les plus surchargés par le tourisme en Espagne, en les classant en fonction de leur ratio nombre de touristes (en 2019) par rapport aux habitants qui y vivent. On découvre ainsi que ce sont souvent des villages (parmi les plus beaux d'Espagne), victimes de leur succès grâce aux réseaux sociaux, qui apparaissent dans les premières positions. Une station balnéaire comme Benidorm, si décriée depuis des années comme l'incarnation du tourisme de masse, n'arrive par exemple qu'en 14e place.
En première position se trouve Peñíscola, une ville côtière pittoresque de la communauté de Valence qui, malgré sa petite taille, reçoit un afflux annuel (et pour la plupart, en été) de plus de 200.000 touristes. Avec une population de 7.882 habitants, le ratio touristes/habitants est de 25,4, ce qui en fait la destination la plus saturée d'Espagne. Avec son château médiéval et ses plages de rêve, Peñiscola est devenue un pôle d'attraction pour les visiteurs à la recherche d'un lieu historique et d'une beauté naturelle. Cependant, cette popularité croissante a entraîné de graves problèmes d'infrastructure, avec des rues et des plages surchargées, sans parler de l'augmentation du coût de la vie qui affecte les résidents locaux. Pour une expérience plus détendue, envisagez de visiter Peníscola au printemps ou à l'automne, lorsque l'afflux de touristes est moins important.
En deuxième place se trouve Albarracín, une petite ville d'Aragon qui, avec seulement 990 habitants, attire chaque année plus de 23.000 touristes, malgré sa situation relativement isolée. Connue pour son architecture médiévale et son environnement naturel unique, Albarracín a vu sa popularité croître auprès des amateurs d'histoire et de nature. La population est confrontée à des défis importants, tels que l'impact environnemental des visiteurs et la nécessité de préserver son patrimoine culturel. Pour éviter les foules, il est conseillé de découvrir Albarracín en semaine et en dehors des mois d'été.
La troisième place du classement est occupée par San Lorenzo del Cardezar, un village traditionnel majorquin du XVIe siècle situé à quelques kilomètres de Manacor. Cette destination idyllique est passée d'une paisible municipalité côtière à une fourmilière humaine, atteignant un total de 595.340 arrivées par an. La majorité de ces visiteurs, 563.055, sont des touristes étrangers attirés par son architecture spectaculaire, ses plages de sable blanc et son offre culturelle dynamique. Cependant, les touristes peuvent profiter de la beauté du lieu en évitant la haute saison.
Sallent de Gállego, dans les Pyrénées aragonaises, est connu pour ses paysages de montagne et ses activités de plein air. Ses rues autrefois tranquilles sont aujourd'hui remplies de visiteurs pendant une grande partie de l'année et le village peine à conserver son charme originel. Malgré cela, il est toujours possible de profiter de la nature et de la tranquillité de la région en la visitant pendant les saisons moins fréquentées, comme le printemps et l'automne.
Quant à Salou, sur la Costa Dorada, elle reste l'une des destinations touristiques les plus populaires de Catalogne, avec 504.331 touristes pour une population de 28.512 habitants, soit un ratio de 17,69 touristes par habitant. Holidu explique que "ce joyau de la côte est célèbre pour ses plages dorées, ses parcs à thème passionnants et sa vie nocturne animée. Tout cela l'a conduit à souffrir d'un afflux massif de visiteurs pendant la haute saison". Et bien que la célèbre station balnéaire soit habituée à accueillir un grand nombre de visiteurs, l'infrastructure de la ville a du mal à faire face au volume de touristes, surtout pendant les mois d'été. Salou est un exemple clair d'une destination qui bénéficie grandement du tourisme, mais qui doit également faire face à de grands défis. Elle doit donc "trouver un équilibre entre la satisfaction des exigences des touristes et la préservation de l'identité locale, ce qui est une tâche délicate pour les autorités locales".
Parmi les villes espagnoles les plus touristiques, Saint-Jacques de Compostelle arrive en 34e position, Toléde, en 40e, Marbella, en 42e, Segovia, en 44e, et Grenade, en 45e. Holidu a également effectué un ranking mondial et Barcelone apparaît à la 20e place du classement. En effet, la capitale catalane a reçu 7 millions de touristes en 2019 par rapport aux 1,5 million d'habitants de la ville, ce qui laisse un solde de 4,80 touristes par habitant et place Barcelone comme l'une des villes les plus saturées du monde.
Les arrivées record de touristes en Espagne stimulent sans nul doute l'économie du pays. Mais la surpopulation touristique pose des défis importants. Qu'il s'agisse de grandes villes ou de petits villages typiques, tous sont confrontés au problème de la saturation touristique, qui met à l'épreuve la patience des habitants et la capacité de leurs services. Il ne faudrait pas tuer la poule aux œufs d'or. Afin de freiner la tourismophobie, il est impératif d'adopter des stratégies qui favorisent le tourisme durable, en encourageant les voyageurs à se rendre dans les régions hors saison et à explorer des zones moins connues, afin de préserver la qualité de vie des résidents et l'intégrité des destinations.