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Valle de los Caídos: la justice permet l'exhumation de corps 

valle de los caidosvalle de los caidos
tirée du domaine public
Écrit par Camille Guil
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 avril 2018

Lundi, la famille aragonnaise Lapeña et deux autres plaignants qui se sont joints à leur cause obtiendront justice: le Patrimoine National sera obligé de faciliter l'exhumation des restes de quatre de leurs proches, fusillés lors de la guerre civile, et enterrés dans le monument érigé par Franco, el Valle de los Caídos. L'objectif est de leur assurer un enterrement digne, dans un autre site, moins marqué du joug de la dictature.


Six ans après que la justice a tranché, l'exhumation les corps pourra finalement être appliquée, et ce en dépit de la longue résistance des institutions nationales, mais aussi de Santiago Cantera, le Père supérieur de l'abbaye, qui en 2017 s'est refusé de respecter la décision de justice, faisant valoir que le monument n'était pas un cimetière public, mais religieux. Si "la vallée de ceux qui sont tombés", el Valle de los Caídos, est toujours régie par un accord franquiste qui date de 1958, la Conférence des évêques a cependant désavoué Santiago Cantera et sa position intransigeante, reflet du schisme qui perdure encore dans la société espagnole sur la question. Finalement, le Patrimoine National a annoncé cette semaine que le début des travaux aurait lieu lundi prochain. La décision devrait faire jurisprudence et à partir de maintenant, tout citoyen qui a la preuve de la présence de restes familiaux dans el Valle de los Caídos pourra formuler la même requête auprès de l'institution.

 

C'est donc la fin d'une affaire qui dure depuis des décennies. Jusqu'à maintenant, le plus grand cimetière de la Guerre civile a été ouvert seulement trois fois. En 1980, suite à la demande de la municipalité de Lodosa, 133 corps ont été exhumés. Puis dix ans plus tard, en 1990, les moines ont fait eux-mêmes les transferts de restes après que des infiltrations dans la sacristie aient causé trop d'humidité. Cette fois, selon l'avocat de la famille Lapeña, Eduardo Ranz, "ils ont déplacé des corps sans informer les familles et sans leur permission". Enfin, la dernière fois c'était en 2010, lors d'une visite de la commission d'experts créée par le gouvernement Zapatero après l'approbation de la loi de la mémoire historique.

 

Quant à l'affaire devrait se dénouer à présent, elle a débuté en 2012, lorsque les descendants des frères Lapeña, disparus pendant la guerre civile, ont porté plainte. En mars 2016, un juge a considéré qu'il existait une "hautre probabilité" que leurs corps se trouvent dans el Valle de los Caídos et a ordonné qu'ils aient une "sépulture digne". Le Patrimoine National après tergiversations, a finalement accepté la décision en juin 2017 et ordonné le début des travaux. C'est alors que Santiago Cantera, le Père supérieur de l'abbaye, s'est opposé à l'exhumation et a déposé un contentieux devant la Cour Nationale. Après la polémique le mois dernier provoquée par son "sit-in" au Sénat, il a finalement abandonné et s'est retiré du processus il y a un mois, le 20 mars.

 

El Valle de los Caídos représente un symbole du régime de Franco et de la guerre civile. En effet, à l'intérieur, plus de 33.000 cadavres de combattants des deux côtés sont enterrés, dont 15.000 non identifiés. Selon l'historien Paul Preston, il a été conçu par le général comme un monument "à ses déchus qui sont tombés pour Dieu et pour l'Espagne". La construction du monument a été ordonnée par décret le 2 avril 1940 pour "perpétuer la mémoire des défunts de notre glorieuse croisade". L'ensemble appartient au Patrimoine National depuis 1982, il dépendait jusque là de la Fondation de la Santa Cruz de los Caídos.


Quelques 20.000 prisonniers de guerre et prisonniers politiques républicains ont participé à sa contruction selon l'historien Juan Pablo Fusi. Le monument a été inauguré par Franco le 1er avril 1959. Depuis la mort du dictateur, le 20 novembre 1975, cette date est commémorée chaque année dans la vallée par des groupes franquistes.

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