Tous les ans, autour du 20 novembre, anniversaire de la mort de Franco et de Primo de Rivera, fondateur de la Phalange, deux Espagne se redessinent et s'affrontent. Cette année, les commémorations avaient lieu dans un contexte déjà électrique
Le souvenir du ?caudillo? a encore de beaux jours devant lui
Une fois de plus, à l'occasion du 20 novembre, le monstre bicéphale de la Mémoire Historique semble condamné à se mordre la queue, et l'Espagne à digérer pendant longtemps encore l'héritage de sa guerre civile. Pourtant, en ce mois de novembre, la Loi sur la Mémoire Historique* approuvée le 31 octobre 2007 semblait devoir bouleverser les habitudes de certains.
Pour la première année, elle interdisait tout acte de nature politique à l'intérieur de la Vallée de los Caidos, où sont enterrés Francisco Franco et le fondateur de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera, tous deux décédés un 20 novembre.
Un contexte tendu
Ce week-end, si certains sympathisants du parti d'extrême-droite ont réussi à entrer dans l'enceinte du mémorial avec des symboles franquistes, les rassemblements ont surtout eu lieu dans le centre de Madrid. Samedi soir, ils étaient environ 300, calle Genova, au départ de la marche nocturne qui devait mener les plus militants jusqu'à l'Escorial au petit matin. Hier, ils étaient plus d'une centaine plaza del Oriente, pour rendre hommage à leurs leaders historiques.
Cette année, les commémorations du "20-N"interviennent dans un contexte où la Mémoire Historique fait de nouveau la une des journaux. En effet, l'enquête sur les disparus du franquisme et ses derniers rebondissements avait une fois encore mis le doigt sur la difficile réconciliation entre les deux Espagne.
Louons l'oubli?
Le juge Baltasar Garzón, qui autorisait le 6 novembre l'exhumation de huit corps à la Valle de los Caidos, a vu la procédure paralysée par décision de l'Audience nationale. Le 18 novembre, il s'est dessaisi de l'enquête, le parquet estimant que les crimes franquistes étaient couverts par la loi d'amnistie de 1977. Les fondations de la Valle de los Caidos contiendraient des milliers de victimes non identifiées.
Après les notables avancées obtenues par son gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré jeudi, que "tout ce qui fera que [le franquisme] fasse partie de l'oubli le plus profond de la mémoire collective de la société espagnole, sera une bonne chose", prônant une fois encore l'amnésie.
Vincent Garnier et Laurence Danthony (www.lepetitjournal.com Madrid) lundi 24 novembre 2008
* Plus d'information concernant la loi sur la mémoire historique http://www.todalaley.com/mostrarLey2261p1tn.htm
Lire aussi
Lepetitjournal.com du 20 novembre 2007 : La vallée de l'amnésie
Le Monde du 22 novembre 2008