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SHOPPING - Marché couvert de Lavapiés : les raisons d'une renaissance

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 24 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Implanté dans l'un des quartiers les plus populaires et multiculturels de Madrid, le marché couvert de Lavapiés vit actuellement une seconde jeunesse. Après plusieurs années de jeûne économique, cet immense hall aux fruits et légumes et autres victuailles connaît un nouvel essor. Un regain d'activité qui s'explique en partie par une nouvelle génération de commerçants

(Photos lepetitjournal.com)

Onze heures hier matin, quartier de Lavapiés, dans le sud de Madrid. Une multitude de promeneurs se dirigent vers le même point de rencontre, à l'extrémité de la ville, formant un cortège inédit qui suscite la curiosité des mamies, affairées qu'elles sont au zinc des brasseries locales, des churros dans l'assiette et un grand verre de café au lait pour bien démarrer la journée. Depuis quelques mois, Lavapiés balance entre tradition et vent nouveau. Le marché de San Fernando, immense hall aux fruits et légumes et autres victuailles de la vie quotidienne, connaît actuellement une seconde jeunesse après avoir été fermé dans les années 1980. Au jour d'aujourd'hui, une cinquantaine d'étals se présentent sous les yeux des badauds, à l'abri des conditions extérieures. Vingt d'entre eux y ont élu domicile uniquement lors de cette année. En clair, c'est une véritable caverne d'Ali Baba qui fait face aux promeneurs. Au marché couvert de San Fernando, on trouve de tout. Des boucheries, des petites brasseries, des marchands d'huiles et saveurs locales, mais aussi - et c'est plus surprenant - une librairie dont l'achat s'opère au kilo, un stand de produits issus du commerce équitable et tout un tas d'autres petites échoppes atypiques. Le marché d'approvisionnement de San Fernando regorge de commerces de proximité. Pour ce quartier populaire et multiculturel de la ville, c'est un trésor chaque jour renouvelé. "Une chance", apprécient d'une seule voix les riverains.

La mairie instigatrice du renouveau, mais pas seulement
Ouvert dans les années 1940, le marché semblait vouer à l'extinction au début du XXIe siècle. En lançant le plan d'innovation et de transformation des marchés en 2003, la mairie de Madrid, propriétaire du marché de San Fernando, a voulu donner un second souffle à ce service public. Cette initiative a donné naissance à deux projets. Le premier a été établi en 2005, mais il n'a pas été mené à terme, faute de financement. Trois ans plus tard, s'appuyant sur l'argent déjà investi et des subventions municipales, le groupe de supermarchés Eroski a proposé de renouveler 200 emplacements. A l'instar du précédent, le projet n'aboutira pas, Eroski n'ayant pas ouvert le quart des postes prévus.
Les moteurs du renouveau du 41 de la calle de los Embajadores ? Les journées de la "Plataforma por la defensa de los mercados tradicionales" (opération de relance économique locale), le faible coût des emplacements, le bouche-à-oreille, et? la volonté d'animer de nouveau ce lieu si important pour le quartier. Toutes ces raisons ont poussé de jeunes entrepreneurs à donner un immense coup de pouce au marché de Lavapiés. Depuis quelques mois, une vingtaine d'emplacements ont vu le jour, venant s'ajouter aux anciens étals de légumes, de charcuterie, de poissons. Et les idées originales ne manquent pas ! Des plats à emporter préparés sur place, des bières venus de tous les continents, des produits bio... Une multitude de projets, si bien que quarante autres idées de reprise d'emplacements patientent sur une liste d'attente.

"Produits d'excellente qualité"
En se promenant dans les allées du marché, le promeneur aura l'occasion de rencontrer Susana, vendeuse de livres... au poids. "J'avais la volonté de faire revivre le marché de mon quartier, pour qu'il ne tombe pas en désuétude", confie-t-elle. Son idée ? "Je vends des livres de seconde main. Au poids, car on est dans un marché. Le principe de base est qu'on ne fixe pas le prix du livre en fonction de son contenu, car c'est un critère subjectif : seul le lecteur en est juge." De fait, on peut rentrer chez soi avec plusieurs livres pour la modique somme de 10 euros par kilo. Parmi la grande collection de Susana, les lecteurs francophones pourront trouver leur bonheur. En effet, une étagère est composée de livres en langues étrangères. Ce qui permet d'acheter "La débâcle" de Zola, ou encore "Marius" de Marcel Pagnol, en français. Un peu plus loin, vers le fond du marché, un petit coin regorge de senteurs exotiques. C'est le stand de Malugu, une association espagnole qui vend des produits issus du commerce équitable : du miel du Chili à 8 euros le kilo, 250 grammes de café à 2,5 euros. Charlotte, une cliente française, y achète du chocolat. Elle nous affirme qu'au marché de San Fernando, "les produits sont d'excellente qualité. Et en plus, le rapport qualité/prix est très intéressant. Par exemple, le poisson frais est deux fois moins cher qu'en France !"

Bientôt une semaine de "ré-inauguration"
Le succès du marché de San Fernando n'est pas près de s'arrêter. Si la liste d'attente pour accueillir de nouveaux commerçants n'en finit plus de s'allonger, les projets d'ouverture pullulent, sous la coupe de Victor Alonso, gérant des lieux. Un stand dédié exclusivement aux produits grecs serait à l'étude pour le début de l'année prochaine. Les conversations des commerçants bruissent aussi de l'implantation d'une terrasse-restaurant de 600m², en surplomb du marché traditionnel. L'ouverture serait envisagée pour l'été 2013. Pour l'heure, le développement de San Fernando passe par Tapapiés, cet événement annuel centré sur la culture tapas à travers le monde. La direction du marché aurait expliqué vouloir profiter de ces festivités pour attirer une partie du public vers ses étals. Il faudra attendre la fin de Tapapiés, ce week-end, pour mesurer si cette tentative a porté ses fruits. Plus sûrement, le marché de San Fernando pourrait tirer son épingle du jeu lors de la "semaine de la ré-inauguration", qu'il organise du 10 au 18 novembre. Un événement à ne pas rater.

Damien LEMAÎTRE et Arnaud ROY (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 24 octobre 2012

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Publié le 24 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012