Les fêtes de San Fermin qui ont lieu chaque année à Pampelune viennent de s'achever et les polémiques qu'elles suscitent ont pris une autre dimension. Cette fois, il n'est pas question de rouvrir l'éternel débat sur les corridas ou les lâchers de taureaux dans les rues, mais de se pencher sur les abus faits aux femmes durant ces neuf jours dédiés à la fête. Des images montrant des jeunes filles éméchées et se faisant tripoter de toutes parts ont fait le tour des médias espagnols, choquant l'opinion publique.
(Photo Creative Commons Viajar24h.com)
Les photos et les vidéos ont été vues dans les quotidiens espagnols et dans les journaux télévisés. Associées à l'esprit de fêtes, elles ont pourtant de quoi être réprouvées. Lors du "chupinazo de San Fermin" (rassemblement de milliers de personnes sur la place principale de Pampelune pour donner le coup d'envoi des festivités), une jeune fille, hissée sur les épaules d'un ami pour dominer la foule, enlève son tee-shirt. Aussitôt, une multitude de mains baladeuses viennent, comme attirées par des aimants, se greffer sur la poitrine de la donzelle arborant un sourire de satisfaction. Dans d'autres cas, ce sont les garçons qui arrosent les demoiselles d'alcool pour que celles-ci n'aient d'autre choix que d'enlever le haut. Sous la pression de la masse populaire, les moins timides s'exécutent. Ce type de comportement est apparu à San Fermin depuis plusieurs années déjà. D'aucuns diront qu'ils font partie du folklore local. Comme s'il était nécessaire de réchauffer une ambiance déjà bouillonnante où l'alcool consommé massivement accroît le côté euphorisant de la fête. Des scènes similaires sont d'ailleurs observées lors de concerts rock ou autre célébration populaire. Mais les attouchements sur les femmes à Pampelune constituent quelque chose de nouveau cette année et chacun portera un jugement moral sur des agissements parfois consentis mais très souvent forcés.
Une image de vulgarité renvoyée
"Si elle enlève son tee-shirt, qu'elle assume les conséquences", peut-on entendre de la bouche d'un Basque d'une vingtaine d'années venu passer du bon temps à Pampelune. "Elle sait bien à quoi s'attendre", répond son ami du même âge. Se réfugiant derrière l'excuse de l'ambiance festive qui règne pendant les neuf jours, les deux jeunes ne semblent pas faire partie d'une majorité d'Espagnols qui s'indignent à la vue de ces clichés. Au micro de TVE, une jeune participante regrette quant à elle l'image vulgaire que renvoie son pays au reste du monde. "Soleil, fiesta, sexe? Ça nourrit les clichés sur l'Espagne". A l'heure où les pouvoirs publics se préoccupent plus que jamais des violences faites aux femmes, le débat levé lors de ces fêtes populaires s'étend à la perduration du système patriarcal dans toute la société espagnole et ces images témoignent d'une autre réalité qui existe à San Fermin. Il ne s'agit plus alors d'une jeune femme éméchée montrant à la foule les attributs que la nature lui a donnés mais bel et bien de dérives où les vêtements sont arrachés de force et les caresses non voulues, allant dans de rares cas jusqu'à l'irréversible.
Difficile de porter plainte
A Pampelune, les autorités rappellent que les fêtes de San Fermin appartiennent à tous et de doivent en aucun cas se transformer en zone de non-droit. On arrondit les angles et on minimise. Inutile de donner une mauvaise image de la ville qui mise sur ses fêtes pour attirer les touristes. De leur côté, les associations de défense des droits des femmes incitent les victimes d'abus sexuels à porter plainte pour que cessent ces agissements. Mais comment ? Le terrain de San Fermin est propice à ceux qui n'ont aucune honte à laisser traîner leurs mains. L'affluence grouille dans les rues (environ 3 millions de personnes participent aux fêtes pendant les neuf jours) et les participants sont tous vêtus de blanc. Un vicieux aviné peut facilement pratiquer des attouchements sur une femme et se noyer dans la foule aussitôt. Il sera quasiment impossible de l'identifier plus tard. Un véritable casse-tête pour les victimes et les services de police. Dans la classe politique, les réactions sont unanimes. Parmi les représentants de droite (PP) comme de gauche (PSOE), les images ont été qualifiées de "déplorables" et "honteuses pour la dignité des femmes". Quelques jours seulement après les scènes de violences sexuelles commises sur la place Tahrir au Caire lors du soulèvement populaire égyptien, l'Espagne montre, toute proportion gardée, qu'il lui reste également du travail à accomplir en termes d'abus sexuels faits aux femmes.
Les images du "chupinazo" http://www.publico.es/culturas/385604/el-chupinazo-anuncia-el-comienzo-de-los-sanfermines
Plus d'infos http://www.rtve.es/alacarta/videos/telediario/preocupacion-abusos-agresiones-sexuales-sanfermines/1932150/
Stéphane HODJA (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mardi 16 juillet 2013
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Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 juillet 2013
Publié le 15 juillet 2013, mis à jour le 16 juillet 2013
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