Depuis mercredi matin, les noms des ministres qui vont former le nouveau gouvernement de Pedro Sánchez tombent les uns après les autres. Le leader du parti socialiste PSOE a dû former un gouvernement rapidement après le renversement de Mariano Rajoy la semaine dernière. Cette nouvelle formation est paritaire, avec des femmes aux postes clés. Petit tour d'horizon sur les nouveaux ministres.
Pedro Sánchez, Président du gouvernement : présenté comme un "ressuscité" de la politique, cet ancien professeur d'économie de 46 ans a débuté dans la politique en travaillant comme assistant parlementaire au Parlement européen à partir de 1998. Puis il rejoint deux ans plus tard l'équipe de José Blanco, le numéro deux du PSOE. Il devient conseiller municipal à Madrid en 2004 pendant cinq ans. En 2009, il devient député lorsque Pedro Solbes, titulaire du siège, démissionne. Puis en 2014, lors des primaires du PSOE, il est élu Secrétaire général avec plus de 48% des voix. L'année d'après, le PSOE réalise son pire score depuis le retour de la démocratie en 1997, suite à quoi il est évincé du parti en 2016. Mais il revient en force en 2017, en remportant les primaires face à Susana Díaz, avec 50,3% des voix. La suite est connue.
Carmen Calvo, Vice-présidente et ministre de l'Égalité. Docteur en droit constitutionnel, cette juriste de 61 ans et féministe de renom a été ministre de la Culture sous Zapatero (2004-2007). Après un abandon de la politique suite la défaite de Zapatero, se relance en 2017 en soutenant Pedro Sánchez et devient Secrétaire de l'égalité au PSOE.
Josep Borrell, ministre des Affaires étrangères. L'ex-président du parlement européen a aussi été ministre des Travaux publics, des transports et de l'environnement sous Felipe Gonzalez. Ingénieur de l'Université polytechnique de Madrid, ce Catalan francophile a été marié pendant 20 ans avec une Française. A noter l'obtention d'un master en recherche opérationnelle et un autre en économie d'énergie, auprès de l'Institut français du pétrole à Paris.
Fervent défenseur de l'unité de l'Espagne, il est connu, à 71 ans, pour ses positions tranchées sur la question de l'indépendance catalane.
Teresa Ribera, ministre de l'Environnement. Ancienne Secrétaire d'Etat à l'environnement et au changement climatique, cette Madrilène de 49 ans a été la directrice de l'Office Espagnol du changement climatique de 2004 à 2008 et de 2008 à 2011. Elle a occupé quasiment tous les postes dans le domaine l'environnement : conseillère technique du cabinet du sous-secrétaire à l'environnement, responsable du secteur et coordinatrice à l'Office Espagnol du changement climatique, puis directrice, directrice générale et secrétaire d'Etat à l'environnement pendant le deuxième mandat de Zapatero. Spécialisée dans la négociation internationale du changement climatique, elle était depuis 2014 la directrice de l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (iddri) basé à Paris, une institution qui a joué un rôle clé dans les négociations de l'Accord de Paris sur le climat. Elle a toujours été été aux côtés de Pedro Sánchez depuis son accession au secrétariat général du PSOE.
María Jesús Montero, ministre des Finances. Diplômée en medecine et chirurgie, la successeur de Cristobal Montoro a occupé plusieurs postes liés à la gestion hospitalière avant de rejoindre l'équipe de Susana Díaz, en Andalousie, où elle est d'ailleurs née, il y a 52 ans. Pendant plus de neuf ans en charge de la Santé, elle a ensuite été nommée ministre desFinances et de l'Administration publique, un poste où elle a eu à charge de nettoyer les comptes publics andalous. Elle est à l'origine de l'abolition de l'impôts sur successions et était en faveur de l'harmonisation de cette mesure à toute l'Espagne. Depuis 2008, elle est aussi parlementaire à la chambre autonome de Séville.
José Luis Abalos, ministre de l'Équipement. Le Secrétaire de l'organisation du PSOE a derrière lui, à 59 ans, une longue carrière dans l'administration et a coordonné la présentation de la motion de censure. Sa carrière politique liée au PSOE : militant depuis l'âge de 20 ans, en 1981 il entre dans le PSOE de Felipe Gonzalez. Il a fait également beaucoup de politique municipale.
Meritxell Batet, ministre de l'Administration publique. Cette Catalane de 45 ans est née et a étudié à Barcelone, où elle a été diplomée en droit à l'Université Pompeu Fabra. Elle a ensuite exercé comme professeur de droit administratif et droit constitutionnel. Mariée avec un député du PP, puis divorcée, elle a milité pour le PSC (parti socialiste catalan).
Nadia Calviño, ministre de l'Economie. Economiste et avocate, elle a occupé des postes dans la réglementation du secteur financier après 2007 et en tant que directrice générale dans l'élaboration des budgets européens. Connue pour être la fille de José María Calviño, directeur général de RTVE, elle a eu une expérience très forte à Bruxelles : c'est la fonctionnaire espagnole avec le plus de poids dans les institutions communautaires, elle parle parfaitement trois langues dont le français. A 49 ans, ce n'est pas sa première expérience au sein du ministère de l'Economie : elle a été directrice générale de la concurrence lors du premier mandat de Zapatero.
Carmen Montón, ministre de la Santé. Diplômée de médecine, cette Valencienne de 42 ans a été conseillère de la santé publique en charge du ministère régional de la Communauté valencienne. Elle a également été Secrétaire des mouvements sociaux et des ONG du PSPS-PSOE et membre de la commission exécutive fédérale du PSOE. Elle a commencé sa carrière politique a seize ans dans la jeunesse socialiste, et a prouvé sa fidélité a Pedro Sánchez dans les moments les plus difficiles malgré le fait qu'à Valence elle était sous les ordres de Ximo Puig, plus proche de Susana Díaz.
Magdalena Valerio, ministre du Travail. Agée de 58 ans, originaire d'Estrémadure, elle a été responsable de l'emploi en Castille-la-Manche entre 2005 et 2007 puis a occupé deux autres postes dans le gouvernement autonome au Tourisme et à la Justice jusqu'en 2011. C'est cette année ou elle est élue députée au Congrès pour la province de Guadalajara, sa législature a fait partie de la Commission de l'Emploi et de la sécurité sociale. Elle est maintenant responsable des pensions dans le parti socialiste.
Isabel Celàa, ministre de l'Education. 69 ans, originaire de Bilbao et ex conseillère à l'Education, du gouvernement Basque, de 2009 à 2012, puis présidente au sein du parlement basque de la commission des Affaires européennes.
Pedro Duque, ministre des Sciences. C'est la nomination la plus surprenante du gouvernement. L'ex astronaute âgé aujourd'hui de 55 ans a été le premier Espagnol à partir dans l'espace, en 1998.
Dolores Delgado, ministre de la Justice. Procureure de 56 ans, Madrilène, impliquée dans la lutte contre le trafic de drogue, la lutte contre l'ETA et la lutte anti-djihadiste, à l'Audience nationale, où elle a été collaboratrice de l'ex-juge Baltasar Garzón. Elle fait figure de fervente ennemie de la corruption.
Margarita Robles, Ministre de la Défense (Léon, 1956). Née à Léon en 1956, Margarita Robles a été magistrat du Tribunal Suprême, avant de devenir juge et députée du PSOE. Elle était jusqu’à maintenant porte-parole du parti socialiste au Congrès, et est connue pour être un des grands soutiens de Pedro Sanchez dans la bataille interne du PSOE.
Luis Planas, Ministre de l’Agriculture (Valence, 1952). Né à 1952 à Valence et diplômé de Droit, Luis Planas a été conseiller d’Agriculture en Andalousie, ambassadeur d’Espagne au Maroc et a travaillé à différents postes à l’Union Européenne, où il était jusqu’à maintenant secrétaire général du Comité Economique et Social. Il est fin connaisseur du secteur agricole, au niveau national mais aussi européen.
Reyes Maroto, Ministre de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme (Valladolid, 1973). Diplômée d’Economie et professeure associée à l’Université Carlos III, elle était depuis 3 ans députée à l’Assemblé de Madrid avant d’arriver à la tête du ministère de l’Industrie, supprimé en 2016 par Rajoy. Elle est connue pour être très minutieuse et ses capacités de dialogue. En effet, elle a réussi à mener à bien des accords entre le PSOE et Podemos et Ciudadanos, même dans des conditions difficiles. Experte du budget, elle est également rigoureuse et engagée.
Fernando Grande-Marlaska, ministre de l’Intérieur (Bilbao, 1962). Juge de renom, il remplace Baltasar Garzón à l’Audience Nationale, où il est connu pour son enquête sur le cas Faisan, lié à ETA. En 2012, il devient président de la Salle du Pénal de l’Audience Nationale, puis membre du Conseil Général du Pouvoir Judiciaire à l’initiative du PP. Il est également connu pour être militant LGBT et auteur d’un livre autobiographique qui témoigne de l’impact que son orientation sexuelle a eu sur sa famille.
Màxim Huerta, Ministre de la Culture et du Sport (Valence, 1971). Journaliste et écrivain, Màxim Huerta est décrit comme le « ministre francisé » du nouveau gouvernement par la presse nationale. Diplômé de Sciences de l’Information, il passe de la radio à la télévision et commence à travailler pour Canal 9 sur les plateaux des informations, puis pour Telecinco pendant 5 ans, avant d’intégrer le Programme d’Ana Rosa en 2005. Puis il décide de se consacrer à l’écriture, avec cinq livres à son actif. Il est également membre de l’Académie des Sciences et des Arts de la Télévision.