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POTAGERS URBAINS - "Rendre un peu de dignité écologique à la capitale"

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 15 mars 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Dimanche dernier, la Tabacalera de Lavapiés proposait une journée portes ouvertes, organisée par l'association Red de huertos urbanos de Madrid. L'occasion de se retrouver en plein centre de la capitale dans un espace où la végétation a pris le pas sur le ciment et la pollution

("Ceci est un potager" / Photo lepetitjournal.com)
La Glorieta d'Embajadores ne le laisse en rien présager. A quelques mètres d'elle et de son cafouillage permanent de voitures qui empestent de leurs miasmes de pots d'échappement, l'ancienne fabrique de tabac de Lavapiés abrite des potagers urbains. Calme et sérénité accueillent le curieux avec surprise. "Je n'avais jamais franchi la porte, et pourtant je passe devant tous les jours. C'est immense!" s'amuse Patricia, jeune infirmière dont l'appartement est à quelques encablures du lieu. L'espace est effectivement aussi impressionnant qu'inimaginable depuis l'extérieur.

Le 22 mars prochain aura lieu la première rencontre de tous les potagers urbains de Madrid
Dimanche dernier, la journée portes ouvertes était l'occasion de récolter des fonds pour financer le grand rendez-vous du 22 mars prochain, avec la première rencontre de tous les potagers urbains de Madrid, dans un lieu encore à définir. "Aujourd'hui, c'est une fête d'auto-financement de la prochaine, qui nous rassemblera tous. Il est très important d'avoir une certaine visibilité", explique Pablo, 28 ans, membre d'un potager urbain universitaire, en partenariat avec l'université Complutense de Madrid.
L'enjeu de la visibilité ? Talma, 42 ans, le détaille : "Nous manquons cruellement de moyens. D'espace et d'eau, en premier lieu. De semences, de matériel de travail, également. Voilà pourquoi nous nous regroupons et essayons de faire parler de nous. Pour que le citoyen madrilène et la mairie prennent conscience de notre importance." Talma a une idée précise sur la question : "Nous contribuons à rendre un peu de dignité écologique à une capitale, notre action est importante au niveau environnemental mais pas seulement. C'est aussi un combat social, contre l'exclusion et l'isolement. Ces potagers sont de vrais lieux de rencontres."

Des problématiques communes : manque de terrains, de semences, de matériel de travail, d'accès à l'eau...
Entre étudiants, voisins ou associations de chômeurs, les apprentis jardiniers se réunissent d'abord pour favoriser le lien social. Certains, comme Talma, font partie de plusieurs potagers. "Je suis membre de celui d'Adelfas, un regroupement de voisins de Vallecas, et de celui du Campo de la Cebada, pour lequel nous allons débuter les premières semences dans les jours qui viennent."
La journée de dimanche dernier ayant rencontré un franc succès, on est en droit de croire que le sujet sensibilise. "La sérénité du lieu, apporté par la végétation, les produits biologiques proposés pour se restaurer, le temps magnifique... On ne pourrait pas être mieux ailleurs qu'ici, un dimanche après-midi", s'enthousiasme Dominic, 32 ans, originaire de Dublin. Venu avec Phil et Tom, deux amis irlandais et anglais, il profite du cadre comme des produits alimentaires, tous biologiques et sortis des 'huertos' représentés.
"Nous avons un bel avenir devant nous", espère Talma. "Mais pour cela, il faut que ce que l'on nous dit au niveau municipal soit un jour appliqué. L'accès à l'eau, c'est vital." A quelques jours du printemps, son discours prend tout son sens. Si les végétaux qui se devinent derrière elle pouvaient parler, ils diraient sans doute que les promesses peuvent parfois donner de belles fleurs mais qu'elles ne font que rarement de bons fruits.

Benjamin IDRAC (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 15 mars 2012

Plus d'informations : http://redhuertosurbanosmadrid.wordpress.com/

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Publié le 15 mars 2012, mis à jour le 5 janvier 2018