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PETIT ECRAN – La téléréalité espagnole, reine du divertissement

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 23 septembre 2015, mis à jour le 23 septembre 2015

Les Espagnols sont de grands consommateurs de télévision. Et ils sont également très friands de "cotilleos", comprenez les potins et les ragots en tous genres. Mélangez le tout et vous obtiendrez une télévision espagnole où la moitié des programmes sont des émissions de téléréalité ou des talkshows. Dans ce domaine, l'Espagne fut l'un des pays pionniers en Europe. Aujourd'hui, la téléréalité à l'espagnole est omniprésente, décomplexée, intrusive, parfois même provoquante. Un concept de reality shows que la France n'est pas encore prête à partager.

Courant septembre, plus de 3,4 millions de téléspectateurs se sont pressés devant leur poste télévision pour le lancement de Gran Hermano 16. Cette version espagnole du programme Big Brother est le concours de téléréalité qui compte le plus d'éditions au monde. Ce fut le premier programme de la sorte à être diffusé en Espagne en 2000, et il compte seize éditions jusqu'à ce jour. Autant dire que l'émission est très attendue chaque année, tant elle s'est convertie en un phénomène social. A chaque fois, les nouveaux participants ne cessent de répéter à quel point ils sont chanceux d'avoir été choisis, et beaucoup reconnaissent réaliser "le rêve de leur vie" en participant au programme. Pour le lancement de la nouvelle de saison Gran Hermano, la chaine de télévision Telecinco a battu des records d'audience, 24,8%.

La téléréalité, plus débridée qu'en France
En Espagne on vous montre tout! Les programmes espagnols ont cette tendance à s'introduire dans la vie des participants et à révéler une grande partie de leur intimité. Le concept de l'émission Entre todos par exemple, avait fait scandale lors de sa sortie, et n'a été diffusé qu'une seule année. Le programme invitait des Espagnols fortement touchés par la crise à venir raconter leur histoire sans pudeur et demander de l'aide à la télé, sur fond de surenchère émotionnelle.
Côté scènes "hots", nos voisins espagnols tolèrent davantage d'images que les Français. Même s'ils sont bien loin d'être aussi libérés que les participants américains et australiens qui se changent et s'exposent nus devant les caméras sans problème, les participants de téléréalité espagnole ont acquis au fils des années une certaine aisance et connaissent les règles et les astuces du jeu. Ils ne se gênent pas pour avoir des relations sexuelles cachés dans des recoins de la maison où est filmée l'émission, même si leurs mouvements sont filmés et leurs sons enregistrés et diffusés 24 heures sur 24. L'Espagne est à priori prête pour ce type de reality show, voilà pourquoi des versions de certains programmes américains y sont réalisées, alors qu'elles ne le sont pas en France. C'est le cas par exemple de Gandia Shore, l'adaptation du sulfureux Jersey Shore américain, où l'on suit les participants plutôt exubérants dans leurs beuveries et coucheries le temps d'un été. Même constat avec la récente émission Adán y Eva, où un homme et une femme sont installés nus et isolés sur une ile déserte. Dans la version espagnole, on vous montre tout. Pour l'adaptation française en revanche, les parties intimes des participants sont floutées, alors que les poitrines des femmes ne le sont pas. 

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En dehors des programmes, des débats sur les programmes
Les Espagnols adorent les potins, et le concept de "prensa de corazón" (la presse dédiée aux célébrités) est très développé dans le pays. Si bien que la télévision espagnole a fait des programmes de "cotilleos" sa spécialité. En parallèle des programmes de téléréalité, d'autres émissions annexes se destinent à analyser et critiquer la vie des "peoples" et des candidats de reality shows. Les célébrités de la télévision qui animent ces talkshows révèlent des scandales sur la vie privée de personnalités, débâtent de l'infidélité de l'un ou des problèmes familiaux de l'autre. Chacun y exagère ses propos, criant au scandale ou au complot, et s'appuyant sur des conversations privées sur leurs mobiles pour justifier ce qu'ils avancent. Ce déballage médiatique et les ragots qui en découlent semblent fasciner une partie des Espagnols, car ces émissions sont omniprésentes à la télévision, à n'importe quelle heure de la journée. Sur la télévision publique TVE, on trouve chaque matin le programme "Corazón", une pure émission de "cotilleos" diffusée du lundi au dimanche. Sur les chaînes privées, impossible de ne pas citer l'incontournable Salvame de Telecinco, décliné en plusieurs versions (Sálvame Deluxe, Sálvame Naranja, Sálvame Limón). Très fortement suivi, le programme est diffusé tous les après-midis durant quatre heures, ainsi que les soirées du weekend en prime time.

Un vrai business autour du show
Après tant d'années à diffuser de la téléréalité, à la faire évoluer et à alimenter les débats et les indiscrétions sur des candidats à travers ses programmes, la télévision espagnole a créé un véritable business. La presse à scandale a tellement de succès dans le pays que les journalistes et autres animateurs qui s'emploient à alimenter la machine à potins se convertissent en de véritables professionnels du ragot. Et les candidats de téléréalité qui ont compris le système peuvent également espérer lancer leur carrière à la télévision ainsi. Dans ce domaine, l'émission Mujeres y hombres y viceversa est un très bon exemple. Le programme de Telecinco, qui organisent des rendez-vous galants entre un(e) élu(e) et ses prétendants(es), voit souvent apparaître de nombreux jeunes qui passent sur le plateau de l'émission uniquement pour se faire connaître. Car ils ne sont pas dupes, et ils connaissent d'ailleurs très bien les enjeux d'une participation à une émission du genre. Le "dating show" est connu pour son système menant à la célébrité pour les personnalités les plus fortes, grâce à une bonne gestion des fans sur les réseaux sociaux et à un certain sens du spectacle. Les candidats sont d'ailleurs encadrés par des représentants qui se chargent de leur assurer des "bolos", des apparitions en discothèque pour lesquelles ils sont grassement payés. Dans ce système bien rodé, il n'est d'ailleurs pas rare de voir se croiser les participants d'une émission à une autre, et se critiquer d'un plateau de télévision à l'autre. C'est devenu la marque de fabrique de Telecinco, qui fait témoigner ses candidats de divers programmes de téléréalité sur le plateau de son autre émission Sálvame, afin  de relancer polémiques? et audience. Rien de bien étonnant pour la chaine à scandale qui appartient au groupe italien Mediaset, détenu par Silvio Berlusconi.

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Vendredi 18 septembre 2015
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Publié le 23 septembre 2015, mis à jour le 23 septembre 2015