En poste depuis le début de l'année, le nouveau directeur de la Casa de Velázquez est un habitué de la maison. Ancien élève du Lycée français d'Alicante, ex-maître de conférence, puis professeur des universités à l'université de Toulouse le Mirail, ce "mexicaniste" a travaillé grâce, avec et pour l'institution, avant d'en prendre les rênes. "Ce sont les plus belles années de ma vie", déclare-t-il à propos de son séjour comme pensionnaire à la fin des années 80. A la veille des journées portes-ouvertes, dimanche 23 février, Michel Bertrand avance les grands axes de son action au sein de la "Casa", pour les quatre années à venir.
(Photos Casa de Velázquez)
C'est donc un chercheur qui prend la direction de la Casa de Velázquez. Ecole Française de l'Etranger, l'institution madrilène a la particularité d'être la seule du réseau à accueillir à la fois des artistes et des chercheurs, avec en la matière, un clair focus sur le(s) monde(s) ibérique(s). Spécialiste des sociétés coloniales espagnoles en Amérique, Michel Bertrand est en ce sens un pur produit de la "Casa". "Je l'ai connue comme boursier jeune doctorant, comme utilisateur, comme pensionnaire, puis comme partenaire et collaborateur", détaille-t-il. Du Mexique à la Terre de feu, ce "braudelien convaincu" s'est attaché au cours de ses travaux de recherche, à décrypter sur la longue durée le rôle des émigrés espagnols dans le mise en place de l'empire colonial. "Ce qui m'intéresse plus particulièrement, c'est le décalage qui existe entre la perception qu'ils ont de leur identité et celle qu'ils acquièrent en réalité, loin de leur patrie". Oui : "le parallélisme existe avec les expatriés d'aujourd'hui", admet le directeur, mais il ferait l'objet d'un autre article.
Deux axes de développement
Toujours est-il que ce fils d'expat', qui a passé son enfance à Carthagène, a les idées claires sur les orientations qu'il souhaite donner à l'institution, au cours des 4 années à venir de son mandat. "Je souhaite d'abord ouvrir la Casa de Velázquez aux périphéries", avance-t-il, "en développant les recherches sur le Maghreb et le monde Méditerranéen". Il existe de fait déjà des contacts entre la Casa de Velázquez et des relais au Maroc et en Tunisie, initiés au cours de ces dernières années. "Il faut aller beaucoup plus loin", juge Michel Bertrand, pour qui la vocation de l'institution consiste clairement à déborder de ses simples frontières ibériques, pour explorer ses liens avec sa zone d'influence. "Deuxièmement : renforcer la présence de la Casa de Velázquez dans l'espace Atlantique", continue-t-il, "en lien avec le rayonnement historique de l'Espagne dans cette région du monde".
"Contribuer au rayonnement de la culture française"
"Outre l'intérêt évident en termes de recherche d'établir des contacts avec des homologues sur place, je crois qu'il est important d'établir des canaux pour redonner une place à la culture française sur le continent", commente Michel Bertrand à cet égard. "L'influence française y était prépondérante jusqu'à la fin du XIXe siècle, puis nous avons perdu énormément de terrain", estime-t-il. "Or il faut occuper le terrain et offrir une alternative à la pensée unique anglo-saxonne", continue le directeur. "Les scientifiques et les populations sur place nous sont d'ailleurs reconnaissants de leur proposer d'autres visions du monde, d'autres outils pour comprendre et interpréter la réalité, face à l'omniprésence étasunienne". Une vision qui va au-delà des simples contingences scientifiques, on l'aura compris : "Nous devons contribuer au rayonnement de la culture française", réitère l'intéressé, "sachant que derrière la culture, existent des enjeux économiques".
"Nous visons l'excellence"
Et l'art dans tout ça ? Admettant ses compétences limitées dans le domaine ("c'est la difficulté de tout directeur de la 'Casa', qui doit mener de front deux départements distincts"), Michel Bertrand souligne l'énorme visibilité dont jouit en la matière l'institution en Espagne. "Il faut rendre le recrutement de plus en plus ouvert", selon lui, "et faire en sorte que la Casa de Velázquez ne soit pas uniquement ce qu'elle a longtemps été : une institution d'artistes français en Espagne". Et d'ajouter : "La Casa de Velázquez est une institution ouverte, la nationalité n'est pas un critère pour y entrer : ce que nous visons, c'est l'excellence". La procédure pour la rentrée 2014 est déjà lancée : les artistes le souhaitant ont jusqu'à début mars pour envoyer leur dossier. Sur la centaine de candidatures habituellement reçues, une vingtaine vont être auditionnées à Paris. Ils seront 13 en résidence à l'automne.
Portes ouvertes, dimanche 23 février
Pour le grand-public, l'occasion de découvrir le travail de ces artistes, mais aussi des chercheurs, c'est dimanche, de 16h à 20h, avec les portes-ouvertes. A cette occasion, un atelier expliquant le processus de création d'une publication sera notamment proposé aux visiteurs. Les publications de la Casa de Velázquez seront également proposées à prix réduit. Enfin, des étudiants de l'École Technique Supérieure d'Architecture de Madrid seront présents pour échanger autour de leurs travaux.
(www.lepetitjournal.com - Espagne) jeudi 20 février 2014
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Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 février 2014
Publié le 20 février 2014, mis à jour le 21 février 2014
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