Les syndicats UGT et CC OO tirent la sonnette d’alarme : une grève illimitée pourrait paralyser le transport de marchandises et de voyageurs sur les routes d’Espagne à partir du 23 décembre, si le gouvernement et les organisations patronales n'engagent pas de négociations sur la retraite anticipée des conducteurs de bus et chauffeurs routiers. Alors que la période des fêtes approche à pas de loup et que des blocages sont prévus dès octobre, cette menace plane sur des secteurs clés. De la logistique aux transports publics, c’est toute l’économie espagnole qui pourrait être touchée.
Des blocages dès octobre, l’épée de Damoclès de décembre
Les premières actions syndicales débuteront avec une première grève des chauffeurs routiers et conducteurs de bus le 28 octobre, suivie de répliques les 11, 28 et 29 novembre, ainsi que les 5 et 9 décembre. Mais la véritable inquiétude se concentre sur la grève illimitée qui débuterait le 23 décembre, à l’aube des festivités de Noël et en plein cœur d'une période vitale pour l’économie, marquée par le Black Friday et les ponts de décembre. Si ces grèves deviennent illimitées, elles pourraient perturber la chaîne d’approvisionnement, la mobilité des voyageurs et, in fine, l’ensemble du pays.
La retraite anticipée au cœur des revendications
Au cœur du conflit se trouve une demande ancienne mais jamais satisfaite : abaisser l'âge de la retraite des conducteurs professionnels de 67 à 60 ans, sans réduction des pensions. Selon UGT et CC OO, les deux principaux syndicats du secteur, cette revendication est portée depuis 20 ans, mais elle est systématiquement bloquée par le gouvernement et les organisations patronales.
Les syndicats soulignent l’urgence de cette réforme, en s'appuyant sur un taux élevé de sinistralité parmi les conducteurs âgés, notamment ceux de plus de 55 ans : chaque année, plus des deux tiers des 120 conducteurs professionnels qui perdent la vie sur la route ont dépassé cet âge.
La situation est d'autant plus critique que les conducteurs sont exposés à des conditions de travail éprouvantes, avec une dangerosité reconnue par des cotisations à la Sécurité sociale six fois plus élevées que dans d'autres secteurs. Les syndicats réclament une retraite partielle et un contrat de remplacement pour permettre aux jeunes de prendre la relève, en attendant que des coefficients réducteurs soient appliqués pour compenser la pénibilité du travail.
Une mobilisation d’envergure en Espagne
Les syndicats UGT et CC OO, qui représentent 70% des employés du secteur, ont enregistré leur préavis de grève auprès du service de médiation SIMA. En Espagne, environ 250.000 conducteurs salariés pourraient être concernés par cette grève, et les syndicats espèrent que les travailleurs indépendants se joindront aussi au mouvement, portant le nombre de grévistes à près de 500.000. Le transport de voyageurs, y compris les bus publics, pourrait également être paralysés. Seuls les chauffeurs de taxis et de VTC restent à l’écart de la mobilisation.
La situation rappelle celle de mars 2022, lorsque les transporteurs routiers avaient observé une grève de 20 jours, perturbant gravement l’ensemble de la chaîne logistique. À l’époque, la hausse des prix des carburants était la principale source de mécontentement. Aujourd'hui, c'est la question de la retraite qui prend le dessus, avec des conséquences potentiellement tout aussi désastreuses.
Grève des routiers et conducteurs de bus : pénuries et chaos logistique à l’horizon
Car si aucune solution n'est trouvée avant le 23 décembre, l'impact sur l'économie espagnole pourrait être considérable. La période des fêtes, synonyme de consommation accrue et de voyages, serait marquée par des pénuries de produits, des retards de livraison et des perturbations dans les transports. Les chaînes d'approvisionnement seraient mises à rude épreuve, et la mobilité, tant pour les marchandises que pour les personnes, gravement affectée.
Les syndicats, pour leur part, affirment avoir épuisé tous les recours avant d’en arriver à cette extrémité. Des manifestations ont déjà eu lieu, et des contacts ont été pris avec les ministères concernés ainsi qu’avec différents groupes politiques, sans qu’aucune solution ne soit trouvée. En juin dernier, une manifestation devant le ministère de l'Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations avait déjà mis en lumière cette demande de retraite anticipée.
Accord entre routiers et agriculteurs espagnols pour une grève illimitée
Le bras de fer se durcit entre les syndicats et le gouvernement
Le bras de fer est donc engagé entre les syndicats, le gouvernement et les organisations patronales. Les syndicats dénoncent un « blocage systématique » de leur revendication par les autorités et les entreprises. Pourtant, les propositions pour améliorer les conditions de travail des conducteurs sont sur la table depuis des années, paralysées au Congrès des députés et au Sénat. UGT et CC OO réclament que des mesures soient enfin prises pour garantir la sécurité des conducteurs et leur permettre de partir à la retraite plus tôt.
Alors que le spectre d'une grève illimitée se rapproche, le temps presse pour parvenir à un compromis. Si aucun accord n'est trouvé, c'est toute l’Espagne qui risque de vivre un Noël sous haute tension, avec des répercussions économiques et sociales profondes.
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