Ils ont entre 18 et 24 ans, ne suivent pas d'études et ne travaillent pas non plus. On les surnomme les "ninis", et leur proportion inquiète en Espagne : ils représenteraient 16% des jeunes Espagnols dans cette tranche d'âge, soit près de 2% de plus que la moyenne constatée dans le reste des pays européens.
Le nombre de jeunes en Espagne qui ne travaillent pas et ne poursuivent pas non plus d'études reste toujours préoccupant en 2019. C'est ce que révèle la dernière étude sur l'éducation menée par l'OCDE : ils sont 16% dans le pays, et ce pourcentage s'élève même à 19,9% pour la tranche d'âge comprise entre 15 et 29 ans. Au niveau européen, l'Espagne est le troisième pays le plus concerné, seules la Grèce et l'Italie comptent davantage de "ninis". L'étude menée par l'OCDE se concentre sur différents aspects de l'éducation pour comparer les pays, dont le nombre de jeunes sans études ni travail. Le rapport souligne le fait que 34% des jeunes de 25 à 34 ans n'ont pas le Baccalauréat. On y apprend aussi que les jeunes Espagnols passent plus d'heures en cours en moyenne que les autres pays, et cela pour avoir des résultats nettement inférieurs. Ils reçoivent par exemple 246 heures de cours en plus que les Finlandais, qui ont de meilleurs résultats et un système éducatif de référence.
Moins d'opportunités en Andalousie, davantage à Madrid
Une fois encore, les écarts sont importants entre régions espagnoles. La qualité du tissu économique local, le niveau de vie et les chiffres du chômage sont différents éléments qui font varier les chances pour les jeunes en Espagne. La sonnette d'alarme résonne pour Melilla, ou plus de 30% des jeunes entre 18 et 34 ans ne travaillent pas et n'étudient pas. C'est ensuite en Andalousie, aux Canaries, en Estrémadure mais aussi à Ceuta que le nombre de "ninis" est préoccupant, avec des statistiques autour des 20%. A l'inverse, l'étude démontre que moins de 10% des jeunes sont sans activité au Pays Basque, un pourcentage nettement inferieur à la moyenne européenne. À Madrid, ils sont tout juste 11%. Ces écarts impressionnants soulignent la vulnérabilité de certaines régions pour offrir de véritables possibilités d'avenir à nos jeunes.
Revoir les orientations et les budgets
Pour les spécialistes, les mauvais chiffres des "ninis" s'expliquent par la difficulté que rencontrent ces jeunes pour trouver un emploi après avoir finalisé ou mis de côté leurs études. Il est vrai que la conjoncturelle économique espagnole n'est pas propice à la recherche d'un premier emploi, avec de mauvais chiffres liés au chômage et un ralentissement de la création de richesse. Il convient donc de contourner ces aspects négatifs et de travailler en amont l'orientation professionnelle des élèves pour permettre une adéquation entre leurs projets professionnels et les besoins réels sur marché de l'emploi. Il existe effectivement des niches d'emplois qui pourront offrir de nombreux postes aux jeunes dans l'avenir, le secret étant de réaliser des études en adéquation avec ces besoins futurs des entreprises. D'autre part, un petit coup de pouce financier de la part du gouvernement espagnol ne serait pas de refus pour pouvoir mettre en place ces mesures : l'Espagne dépense 8,6% de son budget dans l'éducation, quand les autres pays de l'OCDE consacrent en moyenne plus de 10% de leurs dépenses publiques à cet effet.