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Les perspectives et défis de l’Espagne dans le monde en 2019

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Écrit par Mathilde Dumur
Publié le 19 février 2019, mis à jour le 19 février 2019

Le think tank espagnol Real Instituto Elcano a présenté ce jeudi 14 février son étude sur les perspectives espagnoles cette année. Si on en croit les chercheurs de l'institut, l’année 2019 sera une année de changements.

 

Brexit, élections, accords de Paris, tout est passé en revue dans le dossier rédigé par le Real Instituto Elcano, un "groupe de réflexion d’études internationales et stratégiques, menée dans une perspective espagnole, européenne et mondiale". Jeudi 14 février, la présentation "L’Espagne dans le monde durant l’année 2019 : Perspectives et défis" était organisée par l’Institut. Charles Powell, le directeur était présent en tant que modérateur. Il était accompagné de Frederico Steinberg, Lara Lázaro, Iliana Olivié et Ignacio Molina, tous chercheurs à l’institut. L’économie, les enjeux climatiques ou encore le travail étaient les principaux sujets sur la table. 


La politique extérieure espagnole s’est vue affectée par […] la gestion difficile de la grave crise catalane

 

Dans l’étude menée par Elcano, sur 2018 et comment entrevoir 2019 en Espagne, plusieurs topiques ressortent. Ils débriefent sur les actions extérieurs menées par le nouveau gouvernement durant l’année, la sécurité, l’économie, l’énergie et les migrations, l’Espagne et les défis mondiaux, européens et régionaux. 
Concernant les actions extérieures, l’étude rapporte que "la politique extérieure espagnole s’est vue affectée par […] la gestion difficile de la grave crise catalane, […] qui a eu une résonance mondiale, et […] la fragilité parlementaire du pouvoir exécutif, qui a beaucoup limité les possibilités d’une meilleure présence internationale". Il est d’ailleurs noté que le Conseil de Politique Extérieur s’est réuni qu’une seule fois depuis 2017. Ce conseil est censé servir à réfléchir à des solutions lors de crises internationales, mais ne "paraît pas efficace" selon l’Institut. Il est évident que l’image de l’Espagne à l’international a souffert de la crise catalane, notamment en Europe, mais elle "n’a pas eu de réels impacts sur l’opinion publique internationale". 


Le Brexit, une mauvaise nouvelle pour l’économie espagnole

 

La sécurité internationale en 2018 fait écho au risque terroriste. L’Alerte Antiterroriste à niveau élevé (niveau 4 sur 5) est maintenue encore aujourd’hui en Espagne. Elle est en place depuis 2015. En décembre 2018, d’après le Baromètre du Real Instituto Elcano, les Espagnols situent le combat contre le terrorisme djihadiste comme "la deuxième priorité de la politique extérieure espagnole, juste en dessous de la lutte contre le changement climatique". Enfin, en 2019, "il faut prêter une attention toute particulière aux plans de déradicalisation et de réhabilitation des terroristes, autant ceux qui reviennent des combats que ceux […] dans les prisons", estime le Real Instituto Elcano.

Concernant l’économie, le chercheur Frederico Steinberg a expliqué durant la conférence de presse que l'économie se trouve dans sa 5e année consécutive de croissance mondiale, et que le phénomène ne paraît pas encore s’épuiser. Concernant l’économie espagnole, "la crise catalane ne semble pas avoir eu de gros impact". Le plus gros risque économique cette année s’avère être le Brexit. "Le Brexit est une très mauvaise nouvelle pour l’économie espagnole et européenne" ajoute le chercheur, qui a estimé que l’Union européenne ne va pas renégocier les accords de sortie. 

Du côté des enjeux climatiques, Lara Lázaro est revenue sur les Accords de Paris. Selon elle, bien que les États-Unis se soient retirés des accords, il ne faut pas dramatiser. Elle a rappelé que de gros pays faisaient encore partie des signataires, notamment la Russie ou encore la Turquie. Rajoutant que le changement climatique est aujourd’hui la plus grosse menace au niveau mondial, et que l’Espagne en a fait sa priorité en matière de politique extérieure, Lara Lázaro a affirmé que "nous avons la possibilité d’augmenter nos objectifs de réductions des émissions de gaz à effets de serre". Elle a notamment nommé différentes actions menées comme el Viernes Verde, le vendredi vert, qui se veut une manière de lutter contre le Black Friday. La sensibilisation sur le changement climatique se fait de mieux en mieux, a-t-elle avancé. 

 

 


Iliana Olivié a quant à elle abordé le sujet de la migration en Europe. Il s’agit majoritairement d’arrivées illégales, et donc problématiques. La chercheuse a défini deux types de positions des pays face à ce cas d’arrivées de migrants. Certains refusent catégoriquement d’en accueillir et d’autres ouvrent grandes leurs portes. "Pour le moment, on n’a pas encore trouvé de solution. Il y a des discussions mais il faut quelque chose de beaucoup plus structuré". Les Marocains sont les migrants les plus nombreux dans la péninsule Ibérique. Concernant les demandes d’asiles, "durant les 11 premiers mois de 2018, l’Espagne [en] a reçu 51.000 (c’est le cinquième pays d’Europe en termes de demandes)". 


L’Espagne pourrait prendre du poids au Parlement européen

Puis enfin, Ignacio Molina a pris la parole. Il a mis l’accent sur quatre éléments qui structurent la politique extérieure d’Espagne. Si l’Espagne a démontré sa capacité de croissance et de restructuration après la crise, et sa cohésion dans sa politique extérieure, son système de partis politiques "totalement fragmentés" et ses tensions territoriales touchent à son image internationale. Il a aussi évoqué l’importance de cette année en termes de changement, avec les élections et un nouveau gouvernement. De plus, selon lui, l’Espagne peut gagner en importance grâce au Brexit, en prenant du poids au Parlement européen notamment.