Président de l'association d'amitié franco-espagnole depuis l'été 2013, José María Segovia revient sur l'actualité de Diálogo pour cette nouvelle année. Dans le contexte d'une relation bilatérale au beau fixe, l'association qui a grandement contribué au cours de son histoire, à l'amélioration des rapports entre les deux pays, s'attache à dégager les thématiques et les lignes d'action propres à cette nouvelle donne.
Lepetitjournal.com : Sous quelles augures se présente l'année 2015 pour Diálogo ?
José María Segovia (photo Diálogo) : L'année 2015 se présente très intense. Diálogo va continuer à aborder des sujets qui peuvent intéresser non seulement la majorité des ses membres mais également le public en général. Les activités de notre association doivent se centrer sur l'intérêt général et sur les thèmes qui apportent de la valeur ajoutée aux entreprises, aux citoyens et aux administrations des deux pays. Nous devons faire un effort pour définir une ligne stratégique qui nous permette d'intéresser le plus grand nombre de personnes. Cette ligne stratégique va s'inspirer bien sûr de l'actualité et des thèmes d'avenir qui apportent de la valeur pour la relation bilatérale.
Quelles vont être les nouveautés cette année ? Les temps forts ?
En 2015 nous allons commencer un nouveau cycle de Regards Croisés en rapport avec la Société de l'Information et l'ère digitale qui marque tant nos économies et nos sociétés. Le premier temps fort aura lieu le 12 février prochain avec un colloque sur "France-Espagne : Information et Pouvoir" avec, en tête à tête, les journalistes Alain Duhamel et Iñaki Gabilondo, au Caixa Forum à 19 heures 30. Après les tragiques évènements qui viennent d'avoir lieu à Paris, ce débat me semble particulièrement opportun. Par ailleurs, un thème aussi important que l'énergie sera également au rendez-vous de nos réflexions, avec le séminaire "France-Espagne : l'avenir de l'approvisionnement énergétique en Europe", le 12 mars prochain. Notre traditionnel Prix Diálogo sera bien entendu notre gros temps fort du premier semestre avec la remise du Prix le 9 juin prochain à Casa Mónico. Nous aurons également notre traditionnelle célébration du Jour International de la Femme le 6 mars avec un colloque centré sur les femmes sportives de Jeux Paralympiques.
De combien de membres dispose désormais l'association ? Quelles sont à votre sens leurs principales attentes ?
Nous avons à peu près 300 membres entre les entreprises et les membres individuels. Nous avons engagé une réflexion pour mieux répondre à leurs attentes mais notre association, qui va bientôt vers ses 32 ans, a pour objectif principal l'amélioration continuelle des relations entre les deux pays à travers la diffusion de connaissances, d'opinions et l'échange d'idées et d'expériences et donc le rapprochement entre nos deux pays. En 2016, la France et l'Espagne vont célébrer leur 30e anniversaire d'appartenance commune à l'Union Européenne, l'axe Madrid-Paris a prouvé être l'un des piliers de la convergence économique, sociale et politique, contribuant de ce fait au progrès des deux pays. Par les temps qui courent, Diálogo va renforcer sa réflexion pour améliorer la connaissance mutuelle et l'identification de points d'intérêts communs.
Je suis particulièrement reconnaissant de compter sur l'appui de nos membres, bien sûr à travers leurs cotisations mais aussi de leurs parrainages, sans lesquels rien ne serait possible à Diálogo. Une association d'utilité publique indépendante comme la nôtre doit être au service de l'intérêt général. Je tiens également à profiter de cette occasion pour remercier le soutien constant de l'Ambassadeur, M. Jérôme Bonnafont, et ses services dans la coopération avec Diálogo.
Comment fonctionne la Bourse de Stages ? Quels sont les profils des étudiants qui s'y proposent et des entreprises qui y recrutent ?
La Bourse de Stages est particulièrement utile aux jeunes étudiants et permet à Diálogo de semer pour le rapprochement franco-espagnol de l'avenir. Depuis plus de 25 ans des milliers de jeunes sont passés par les mailles de Diálogo et il nous arrive de retrouver des dirigeants d'entreprises qui ont un jour obtenu un stage à travers Diálogo. Le fonctionnement est simple car nous avons un savoir-faire apprécié par les entreprises collaboratrices de la Bourse de Stages. Ces entreprises sont de toute taille et nous avons vu arriver ces dernières années plus de PME. L'entreprise qui a des postes de stagiaires à pourvoir signe, à travers Diálogo, les conventions exigées par la réglementation officielle, aussi bien avec l'institution académique qu'avec l'étudiant. Diálogo est donc un point d'information, de rencontre et de communication. Certaines entreprises nous confient la sélection de leurs stagiaires et peuvent afficher gratuitement leurs postes sur notre page web. En passant par les mailles de Diálogo, les étudiants ont très souvent la possibilité d'assister gratuitement à nos activités et donc d'apprendre des espaces de réflexion que nous promouvons. Depuis deux ans nous avons organisé des séminaires sur des sujets en relation avec les RRHH et nous allons faire de même en 2015 sur l'initiative d'entreprendre.
Et puis nous continuerons à signer des accords de coopération éducative avec des Universités et des Écoles de Commerce comme nous l'avons fait en 2014 avec la Universidad Politécnica, la Complutense, la Autónoma, la Juan Carlos I, ESCP Europe, IE Business School ou Escuela de Negocios Kühnel.
Comment percevez vous l'évolution de la relation hispano-française ?
J'ai la chance d'être le Président d'une association d'amitié de deux pays qui sont déjà amis, beaucoup plus qu'ils ne l'étaient il y a 32 ans quand Diálogo a été créé. Il reste cependant beaucoup de chemin à faire pour sortir des sentiers battus et pour aller au-delà des stéréotypes. L'enquête que nous avons menée il y a un an avec le Real Instituto Elcano a prouvé que les citoyens des deux pays ont une bonne opinion les uns des autres, même si celle des Espagnols devrait progresser davantage (75% d'opinion favorable pour les Français contre 90% d'opinion favorable des Français pour les Espagnols). Mais les perceptions mutuelles sont parfois trop superficielles. Donc tout ce qui va dans le sens d'approfondir la connaissance mutuelle mène forcément vers plus de respect et vers plus d'appréciation de l'autre.
Quels sont les dossiers les plus "chauds" du moment, à votre sens ?
L'actualité nous a montré que la collaboration en matière de lutte anti-terroriste est bien entendu un sujet qui mérite de maintenir l'excellente coopération qui existe déjà entre les deux pays. Et je ne surprendrai personne si j'énonce le dossier des interconnexions de tout genre, aussi bien en matière de transport qu'en matière d'énergie.
Il y a par ailleurs ce que l'on pourrait appeler les sujets de société et les grandes libertés des citoyens. Ce qui est parfois fait dans un pays inspire l'autre, autant pour engager les discussions dans le monde politique que pour légiférer. Un pays est parfois pionnier sur certains sujets, plus avancé. Et on apprend toujours, les uns des autres.
Sur quels dossiers Diálogo peut avoir un rôle à jouer ? Comment ?
Comment ? Toujours par le dialogue, ce qui est presque une lapalissade vu notre dénomination. Des colloques, des tribunes, des séminaires, des réunions privées de personnalités du gouvernement ou du monde politique ou économique avec les présidents de nos entreprises, avec nos étudiants, voilà les instruments de Diálogo. Comme je l'ai dit tout à l'heure, des dossiers comme les interconnexions intéresse particulièrement les entreprises de Diálogo, qu'elles soient grandes ou petites, vu l'importance des échanges économiques entre les deux pays. Face à l'Europe et la mondialisation, une approche commune sur des sujets comme la cybersécurité, l'enseignement digital, la culture d'entreprise et l'économie mondiale seront au c?ur de nos débats.
Les jeunes générations et l'amitié franco-espagnole : une nouvelle vision du rôle de Diálogo ? Une nouvelle vision de la relation bilatérale ?
J'ai évoqué tout à l'heure ce que doivent être les grandes lignes de travail de Diálogo. Nous devrons améliorer notre rapprochement des jeunes générations et en même temps continuer à intéresser tous les membres qui nous soutiennent, ceux dont l'activité requiert un rapprochement, une influence, une compréhension des décideurs de l'Espagne. Ceci, une fois de plus, se résume à servir l'intérêt général. Mais pour être moins abstrait on peut dire qu'en Espagne, Diálogo doit avoir l'objectif simple de faire aimer et comprendre la France au plus grand nombre possible d'Espagnols, quel que soit leur âge, quelles que soient leurs idées. Voilà vers où je veux mener notre travail et guider celui du Conseil d'Administration et l'équipe de Diálogo.
Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 14 janvier 2015
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