Édition internationale

INDIGNES - Que reste-t-il du mouvement du 15 M, un an après ?

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

Dès le 12 mai prochain, los Indignados reprendront possession de la Puerta del Sol. Pour quatre jours cette fois, et un anniversaire qu'il souhaitent générateur de nouvelles perspectives dans leur contestation. Car un an après la naissance de l'un des mouvements sociaux les plus importants de l'histoire de l'Espagne, le rassemblement, qui souffre d'un déficit d'exposition médiatique, connaît une véritable crise d'identité

Dimanche 15 mai 2011, Puerta del Sol, Madrid, fin d'après-midi. Des dizaines de milliers de manifestants exigent une "vraie démocratie, maintenant". Les cris sont de colère, sentiment provoqué par une crise économique et financière sans fin et la sensation que les banquiers et politiques du pays sont "corrompus", comme l'affichent de nombreuses pancartes. De la plaza de Cibeles à Sol, quelques accrochages sont venus perturber le déroulé de la contestation. Une vingtaine de jeunes manifestants est annoncée en garde à vue. La rumeur circule, gronde, et va provoquer une décision inattendue du collectif "Democracia real ya !", qui le soir venu, refuse de quitter les lieux en signe de protestation. Des centaines de personnes dorment sur le bitume de la place la plus emblématique de Madrid et décident d'occuper l'espace jour et nuit.



LOS INDIGNADOS ? Yes, we camp !

INDIGNADOS - La République de Sol se délocalise mais ne bouge pas

INDIGNADOS Et s'ils partaient en sucette ?

INDIGNADOS ? Cinquante jours après, où en est-on ?

Du 12 au 15 mai, les Indignés vont de nouveau occuper la Puerta del Sol
Sur les réseaux sociaux, la nouvelle fuse. Un des mouvements sociaux les plus importants de l'histoire de l'Espagne vient de naître. Progressivement, il se structure avec assemblées, groupes de paroles, équipes de projet et pétitions. Sans savoir qu'il va donner une impulsion bien au-delà des frontières nationales. 'Los indignados', chapitre I. On pense alors que le livre de cette histoire de contestation sociale en comptera bien d'autres. Pourtant, peu à peu les Indignés perdent de leur poids dans le débat public, nombre de médias se désintéressant du mouvement dès le premiers mois, dès lors qu'il refuse toute implication politique. Les élections législatives de novembre passées, même la petite table d'information, dernier signe visible de l'occupation, déserte la Puerta del Sol. Quelques jours plus tard, l'Hôtel Madrid est délogé. Les Indignés tombent dans les oubliettes médiatiques.

Le retour du point d'information au centre de la Puerta del Sol, dès le 1er mai
Aujourd'hui, presqu'un an après le début du mouvement, ils sont toujours nombreux à être impliqués. En coulisses, l'anniversaire se prépare, il va se célébrer. Quatre jours durant, les Indignés vont organiser des assemblées participatives, sur les thèmes "du logement, de l'emploi, de l'éducation, de l'eau publique, de la santé, de l'économie, du chômage et de l'immigration. Avec de nombreux ateliers participatifs installés Puerta del Sol", comme l'indique le site internet du mouvement.
Auparavant, dès le 1er mai, le point d'information reprendra ses quartiers au centre de la Puerta del Sol, à côté de la statue équestre de Carlos III. Sur leur site internet, les Indignés appellent toutes les bonnes volontés à venir les rejoindre afin de garantir des tours de garde de la table d'information.

Désaccords et crise d'identité au sein du mouvement "Democracia Real Ya !"
L'anniversaire arrive en tout cas à point nommé. Ces derniers jours, de vives tensions sont apparues au sein du mouvement "Democracia Real Ya !", avec deux clans opposés. Ceux qui souhaitent la création d'une association, avec le statut en vigueur dans pareil cas, et les autres. Le problème ne concernerait pas le fond mais plutôt la forme. Les opposants n'acceptent pas que l'idée se soit retrouvée dans les médias, alors même qu'elle n'avait pas été votée en assemblée. La force du mouvement a toujours été son union, dans les faits et la communication. Une division conduirait sans doute à sa disparition progressive. Dès lors, l'enjeu de l'anniversaire est de taille. Prouver à nouveau que le mouvement peut rassembler et fédérer.
Le refus d'implication politique lors des élections législatives de novembre et les perturbations lors des manifestations organisées contre la venue du Pape à Madrid ont créé un certain malaise chez une partie des Espagnols qui soutenaient le mouvement, à défaut de s'impliquer activement.

"La contestation dépourvue de toute volonté d'action politique est vaine"
Apostrophé par un "indignado", lors d'une réunion publique à Madrid, le mois dernier, le socialiste français Arnaud Montebourg regrettait "le refus d'avoir pris partie dans le débat politique. C'est ce qui a causé votre disparition. La contestation dépourvue de toute volonté d'action politique est vaine. C'est une négation de prise de responsabilité qui n'a pas d'avenir dans le temps."
Six mois après l'arrivée de Mariano Rajoy au pouvoir, les Indignés souhaitent prouver que les politiques, qui ne les représentent pas selon eux, ont tout faux. Et que manifester est faire preuve d'une meilleure citoyenneté que d'aller voter. "Les feux laissent toujours des cendres qui ne s'éteignent jamais" dit un proverbe andalou. Dans tous les pays concernés par des mouvements identiques, la date du dimanche 15 mai fera l'objet de manifestations. Le "Movimiento del 15 de mayo" n'a au moins pas perdu son pouvoir d'influence à l'étranger.

Benjamin IDRAC (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 26 avril 2012

logo lepetitjournal madrid espagne
Publié le 26 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.