Depuis quelques années déjà les scandales liés à la corruption défraient la chronique espagnole. Une des dernières en date, l'affaire Bárcenas, prolongement direct de l'affaire Gürtel d'ailleurs, avait de loin dépassé les frontières tant les proportions prises étaient importantes. La semaine dernière c'est l'affaire Gürtel qui a à nouveau fait parler d'elle avec la démission de la Ministre de la Santé, Ana Mato. Voici quelques clés pour y voir plus clair dans cette histoire qui a commencé à secouer le monde politique il y a déjà cinq ans.
(CC FuFu Wolf)
Outre le fait cocasse que Gürtel signifie ?courroie? en allemand, le reste de l'affaire fait un peu moins sourire
Tout commence en 2007 lorsque Baltasar Garzón, juge de l'Audiencia Nacional (une des plus hautes instances juridictionnelles d'Espagne) débute une enquête à propos d'un présumé réseau de corruption, directement lié au Parti Populaire (PP). Le premier volet de l'affaire est désormais clos, et à la charge du juge Ruz.
L'affaire implique plusieurs communautés autonomes et de nombreux responsables politiques. Au total cela concerne 43 inculqués, parmi lesquels figurent trois ex-trésoriers du parti au pouvoir : Luis Bárcenas, Álvaro Lapuerta et Angel Sanchís.
La figure de proue du réseau serait Francisco Correa ("courroie" en espagnol, d'où le nom de l'affaire), fameux entrepreneur, qui était accusé d'avoir bénéficié de favoritisme dans l'obtention de certains marchés événementiels, mais également d'avoir créé un conglomérat d'entreprises, qui facilitait le détournement de fonds.
C'est le quotidien El País qui leva le voile sur cette affaire politico-financière dans un papier publié en 2010, qui reçut par ailleurs le prix Ortega y Gasset pour ?meilleur travail de presse?.
Trésorier, Président des Institutions de Valencienne, Secrétaire : plusieurs cas de démissions
Aujourd'hui l'affaire a pris des proportions inégalables puisqu'elle a entraîné plusieurs démissions au sein du PP. Avant d'évoquer la très récente décision d'Ana Mato, petit rappel des précédentes démissions qui ont découlé de cette affaire.
En 2009 ce sont Alberto López Viejo (Conseiller au Sport), Guillermo Ortega (Maire de Majadahonda) et Arturo González Panero (Maire de Boadilla), tous liés de près ou de loin au PP madrilène, qui démissionnent de leurs postes respectifs. Ils font parti des personnalités qui ont été éclaboussées par toute cette affaire.
La même année, Pablo Crespo, ex secrétaire de l'Organización du PP en Galice, quitte également ses fonctions. Il est parfois nommé ?numéro deux? de l'affaire, juste derrière Francisco Correa.
Francisco Camps, Président de la communauté de Valence, démissionne le 20 juillet 2011, alors même qu'il affirmait juste avant ne pas envisager quitter ses fonctions. Il décide néanmoins de s'éclipser pour, paraît-il, ne pas mettre en danger le PP et Mariano Rajoy. Il sera cependant acquitté des accusations de corruptions qui pesaient sur lui.
Celle qui a fait le plus de bruit, et créant à son tour une affaire à part entière, concerne Luis Bárcenas, Sénateur et ex-trésorier du PP. Le 18 janvier 2013 le journal centre-droit El Mundo révèle l'affaire des ?papiers de Bárcenas? : plusieurs dirigeants du PP (dont Mariano Rajoy, Premier ministre espagnol), sont accusés d'avoir touché des sommes d'argent. Ce dernier a bien sûr démenti, et est toujours au pouvoir, mais Luis Bárcenas est lui incarcéré depuis le 27 juin 2013 à la prison de Soto del Real, près de Madrid.
Voici une infographie réalisé par le média spécialisé Bolsa Mania, qui résume assez bien l´affaire. (ICI)
Cinq ans plus tard : la Ministre de la Santé démissionne
?Je ne veux en aucun cas que le fait de rester à ce poste puisse être utilisé pour porter préjudice au gouvernement espagnol, à son président (Mariano Rajoy) ou au Parti populaire?, a déclaré la Ministre Ana Mato dans un communiqué. Elle quitte donc ses fonctions le 26 novembre, un jour avant que le parti au pouvoir ne présente son plan de lutte contre la corruption. Certains titres de presse n'hésitent d'ailleurs pas à dire que le Premier Ministre aurait ?préféré sacrifier Ana Mato?. El País va jusqu'à dire que ?Mariano Rajoy se libère ainsi d'un poids?.
Il faut cependant prendre en compte le fait qu'elle ne soit pas inculpée directement, mais seulement mise en cause en tant que ?bénéficiaire à titre lucratif? de délits commis par son ex-mari, Jesus Sepulveda, ex-maire de Pozuelo de Alarcon.
Juliette BRIAND (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Lundi 1er décembre 2014
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Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 décembre 2014
Publié le 30 novembre 2014, mis à jour le 2 décembre 2014
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