Édition internationale

Gaza : Sánchez dénonce un « génocide » et durcit la position espagnole

À La Moncloa, ce lundi 8 septembre, Pedro Sánchez a annoncé un paquet de neuf mesures pour « arrêter le génocide à Gaza » et soutenir la population palestinienne. L’Espagne devient ainsi le pays européen le plus ferme à l’égard d’Israël, au risque d’accentuer les tensions diplomatiques.

sanchez en train de s'exprimer sur gaza depuis la Moncloasanchez en train de s'exprimer sur gaza depuis la Moncloa
Photo : La Moncloa
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 9 septembre 2025, mis à jour le 10 septembre 2025

L’Espagne durcit sa ligne au Moyen-Orient. Après avoir été l’un des premiers pays européens à reconnaître l’État palestinien, Madrid prend désormais la tête de la contestation contre Israël. Depuis La Moncloa, Pedro Sánchez a franchi un pas inédit en parlant de « génocide » pour qualifier l’offensive israélienne à Gaza, qui aurait déjà coûté la vie à plus de 60.000 personnes selon les chiffres avancés par son gouvernement.

 

Sánchez dévoile neuf mesures chocs contre Israël et dénonce un « génocide » à Gaza

Depuis La Moncloa, Pedro Sánchez a détaillé un arsenal de neuf mesures destinées à durcir la position de l’Espagne face à Israël. Au programme : un décret-loi pour graver dans le marbre l’embargo sur les armes, l’interdiction d’utiliser ports et aéroports pour tout matériel militaire, le blocage de l’espace aérien aux avions transportant de l’équipement de défense, et la fermeture des frontières espagnoles aux responsables israéliens impliqués dans la guerre.

 

 

Le dispositif va plus loin encore : interdiction d’importer les produits issus des colonies en Cisjordanie et à Gaza, limitation des services consulaires pour les Espagnols installés dans ces implantations, renforcement du soutien à l’autorité palestinienne et hausse de l’aide humanitaire, portée à 150 millions d’euros d’ici 2026.

« Une chose est de protéger son pays, une autre de bombarder des hôpitaux et d’affamer des enfants innocents », a lancé Sánchez, accusant Israël de ne pas se défendre mais « d’exterminer un peuple sans défense » en bafouant « toutes les lois du droit humanitaire ».

 

Soutiens et critiques

Cette position ferme bénéficie d’un large soutien au sein du gouvernement de coalition. Yolanda Díaz et Sira Rego revendiquent même comme un « motif de fierté » leur interdiction d’entrer en Israël. Dans l’opinion, le discours du président dépasse les cercles progressistes : María Guardiola, présidente PP d’Estrémadure, a elle aussi dénoncé « la barbarie et l’horreur » en cours à Gaza.

Mais l’unité politique s’arrête là. Le leader du Parti populaire, Alberto Núñez Feijóo, a profité d’un communiqué du Hamas saluant la décision espagnole pour accuser Sánchez d’être « applaudi par des terroristes », dénonçant « une barbarie dont il doit immédiatement se démarquer ».

 

L’Europe face à Israël : Faute d’accord collectif au sein de l’UE, plusieurs pays européens agissent seuls. L’Espagne et la Slovénie imposent un embargo total sur les armes, la Belgique prépare une série de sanctions et l’Irlande interdit les produits des colonies. L’Allemagne a décrété un embargo partiel, tandis que la France, Malte et la Belgique s’apprêtent à reconnaître l’État palestinien, rejoignant l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie. Hors UE, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada envisagent de suivre.

 

 

Le Hamas applaudit, Israël sanctionne

Le Hamas a salué l’initiative de Sánchez, la qualifiant de « pas politique et moral majeur », et a exhorté les autres pays exportateurs d’armes à suivre cet exemple. La réaction israélienne n’a pas tardé. Le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a accusé le gouvernement espagnol d’être « antisémite » et « corrompu », rappelant que l’Espagne avait expulsé les juifs en 1492.  

Le gouvernement israélien y voit en outre une manœuvre destinée à « détourner l’attention » des scandales de corruption présumés en Espagne. Tel-Aviv a annoncé des sanctions contre Yolanda Díaz et Sira Rego, leur interdisant l’entrée sur le territoire pour avoir franchi « toutes les lignes rouges » par leurs critiques à l’égard du gouvernement Netanyahu.

Sánchez interpelle désormais ses partenaires : « Qu’attend l’Europe pour suspendre l’accord d’association avec Tel-Aviv ? » Si certains pays, comme l’Allemagne, restent fermement alignés sur Israël, Madrid pousse pour un durcissement collectif. En rompant avec la prudence diplomatique, l’Espagne s’impose comme le membre le plus offensif de l’UE face à Tel-Aviv. Mais sa voix isolée pèsera-t-elle assez pour fissurer le front européen et entraîner un basculement sur la question palestinienne ?

 

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