Édition internationale

Crise ouverte au PSOE : Pedro Sánchez ébranlé par un scandale de corruption

Le sol se dérobe sous les pas de Pedro Sánchez. Tandis que la Guardia Civil dégoupille un rapport explosif sur des soupçons de corruption au cœur du Parti socialiste (PSOE), la pression s’intensifie sur le président du gouvernement. Dans la ligne de mire, Santos Cerdán, ancien numéro trois du parti, bras droit tombé en disgrâce. Et avec lui, toute une architecture de pouvoir fragilisée. Motion de confiance, congrès extraordinaire, élections anticipées… Les scénarios se bousculent, à mesure que les voix discordantes montent.

pedro sanchezpedro sanchez
La Moncloa / Pedro Sánchez
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 14 juin 2025, mis à jour le 16 juin 2025

Pedro Sánchez encaisse sa pire bourrasque. À la tête du PSOE, il n’avait encore jamais vu le ciel s’assombrir à ce point. Et pour cause : un rapport explosif de la Guardia Civil  (UCO) plonge la maison socialiste dans la tourmente. En ligne de mire, Santos Cerdán, l’un des plus fidèles lieutenants de Sánchez, soupçonné d’avoir orchestré, en tandem avec d'autres figures du parti, un système occulte de commissions illégales sur fonds publics. L’ancien numéro trois du PSOE, longtemps indéboulonnable, est désormais au centre d’un scandale aux allures de déflagration politique.
 

Pedro Sánchez face à la déflagration Cerdán

L’affaire, surnommée caso Cerdán, a provoqué une onde de choc au sein du parti. Pour la première fois depuis 2017, Pedro Sánchez voit son autorité sérieusement contestée. Barons régionaux, anciens dirigeants et élus locaux appellent désormais à des mesures fortes : certains demandent une motion de confiance au Parlement, d’autres souhaitent un congrès fédéral extraordinaire pour refonder le parti, et plusieurs évoquent l’option d’élections générales anticipées.

 

 

Santos Cerdán à un meeting du psoe
Flickr / Santos Cerdán à un meeting du PSOE. 

 

 

Face à la tempête, le président du gouvernement a tenté de reprendre la main. Il a présenté ses excuses et promis un audit externe des comptes socialistes. Un geste qui se voulait décisif, mais qui a laissé nombre de cadres sur leur faim. "On n’éteint pas une bombe atomique avec une conférence de presse", lâche un député, amer.


 

Un rapport accablant et des preuves audio

Selon l’UCO, Cerdán aurait non seulement perçu des commissions illégales aux côtés de José Luis Ábalos, ancien ministre des Transports, et de son conseiller Koldo García, mais aussi manipulé les primaires du parti dès 2014. Plusieurs enregistrements audio révèlent des conversations compromettantes sur le partage d’argent liquide issu de contrats publics.

 

 

Le soupçon de financement illégal du PSOE s’invite désormais dans l’équation. Face à la pression, Cerdán a quitté la direction du parti. Mais il conserve, pour l’instant, son siège de député. Un pied encore dans l’immunité parlementaire, qui alimente les accusations de manœuvres dilatoires.

 

 

La direction vacille, la base gronde

Au sein du PSOE, le malaise est devenu tangible. Les visages se ferment, les langues se délient. Juan Francisco Serrano, bras droit de Cerdán et désormais chargé d’assurer l’intérim, n’a pas caché son trouble : « Je suis en état de choc. Ce que dit ce rapport ne correspond pas à l’homme avec qui j’ai travaillé. » Une confession qui en dit long sur l’onde de choc interne.

Du côté des militants, la patience s’effrite. Beaucoup réclament plus qu’un simple changement de casting. Le Comité fédéral du 5 juillet, convoqué à Séville, est attendu comme un point de bascule. Mais peu croient encore qu’un remaniement suffira à colmater les brèches. Car c’est moins la figure de Cerdán que l’architecture même du pouvoir socialiste qui vacille – et, avec elle, la légitimité d’un président jusque-là intouchable.


 

Le spectre d’un scrutin anticipé

Faut-il précipiter les urnes avant qu’elles ne s’écroulent d’elles-mêmes ? La question hante les couloirs du PSOE. Officiellement, Pedro Sánchez campe sur son calendrier : les élections générales auront lieu en 2027, pas avant. 

Officieusement, l’idée d’un scrutin anticipé fait son chemin. Emiliano García-Page, président de Castille-La Manche, en est le plus fervent avocat, persuadé qu’il vaut mieux tomber vite que lentement. Il a reçu le renfort de poids lourds, comme l’ancien président Felipe González.

Mais le parti est divisé. D’un côté, ceux qui misent sur le temps pour regagner en stabilité. De l’autre, ceux qui redoutent que chaque semaine affaiblisse un peu plus le pouvoir local, déjà ébranlé lors des scrutins de 2023. « Tenir deux ans comme ça, sans budget ni majorité claire, c’est intenable », tranche un baron territorial.

 

 

Le coût de l'investiture de Pedro Sanchez : Les clés du pacte PSOE-Junts


 

Sánchez, président en sursis

L’usure du pouvoir ne pardonne pas, surtout quand elle vient de l’intérieur. Pour une part croissante du PSOE, Pedro Sánchez a grillé ses derniers cartouches. Sa proximité assumée avec les trois hommes aujourd’hui au cœur de la tempête — Cerdán, Ábalos, García — entame sérieusement sa crédibilité. La version la plus clémente le décrit en mauvais DRH, aveugle ou naïf. D’autres, moins indulgents, redoutent une forme de complaisance — sinon de connivence — avec les pratiques aujourd’hui mises au jour.

Quoi qu’il en soit, le scandale marque un basculement. Longtemps cimenté par le leadership de Sánchez, le PSOE vacille désormais entre deux instincts contraires : celui de protéger son chef, et celui, plus urgent, de sauver ce qu’il reste du navire.



 

 Les points-clés de l’affaire Cerdán

  • Plus de 600.000 euros de commissions présumées via des marchés publics.
     
  • Manipulation des primaires de 2014, selon l’UCO.
     
  • Enregistrements où les protagonistes évoquent le partage de l'argent en liquide.
     
  • Implication de figures-clés : Ábalos, Cerdán, Koldo García.
     
  • Soupçons de financement illégal du PSOE.

 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.