Il y a un mois nous avons traité l'adaptation des enfants expatriés en Espagne. Aujourd'hui nous allons évoquer la femme "accompagnatrice de l'expatrié" : comment vit-elle son expatriation ? Quels changements doit elle affronter ? Comment profiter au mieux de l'expérience ?
(Photo www.freedigitalphotos.net)
Lorsque, votre mari rentre un soir et vous dit : "Chérie, fais les valises, on part vivre en Espagne, mon patron vient de m'offrir un poste très intéressant, à nous la vie d'expat'", votre première réaction est très favorable. Cette nouvelle vie vous offrira plus de possibilités financières et un meilleur train de vie. Un peu de changement fera d'ailleurs du bien à tout le monde. Vous ne pensez qu'aux aspects positifs de l'expatriation : finis les repas du dimanche chez les beaux-parents ! La famille à des centaines de kilomètres sera dans l'impossibilité de vous dicter ce que vous devez faire? Et surtout, vous pourrez laisser votre travail pour pouvoir vous rendre totalement libre pour votre mari et vos enfants, mais aussi pour pouvoir profiter de cette aventure. C'est ce que confirme, Cathy, qui a accompagné son mari en Espagne : "Je suis disponible à cent pour cent pour les enfants et je leur fais découvrir une autre culture".
Attention cependant. Nous avons tendance à idéaliser tout ce que nous ne connaissons pas. Sur le coup, on ne se rend pas toujours compte de tout ce que l'expatriation implique? On s'imagine trop facilement partir en vacance longue durée. Qui n'aurait pas envie de vivre au soleil, avec sa maison et sa piscine ?
S'intégrer à 100 % ?
Souvent, le départ en Espagne se fait avec l'idée de s'intégrer à 100 %. L'expatriation est une expérience et il faut la vivre pleinement. L'espagnol est une langue latine, qui devrait être simple à comprendre, avec un peu de chance vous en avez fait au lycée, ou vous en avez de vagues souvenirs : vous ne vous sentez absolument pas angoissée. La réalité n'est pas toujours si simple. Et l'intégration n'est pas toujours si facile. Malgré de bonnes intentions, et même si les Espagnols sont chaleureux et accueillants, vous découvrirez aussi peut être qu'ils sont extrêmement fidèles à leurs familles et à leurs amis : du coup il leur reste très peu de temps à vous consacrer et vous pouvez rester "l'étrangère".
Femme d'expat', femme au foyer
Qui dit nouveau départ dit nouvelle vie, nouveaux amis, nouveau logement, et donc perte de ses repères. S'expatrier n'est pas si simple pour la femme, car elle remet en cause sa place dans la famille et surtout dans le couple. Vous étiez habituée à rentrer éreintée de votre journée de travail et de commencer le soir votre deuxième journée avec vos enfants, avec l'aide de votre mari qui partageait avec vous les tâches de la maison : quand on est femme d'expatrié, le statut change. La femme d'expat' devient souvent femme au foyer.
Le statut de femme au foyer n'est pas toujours facile à assumer, il est souvent dénigré, surtout de nos jours où nous sommes plutôt dans l'ère de la femme "Business Woman" qui assume et concilie le travail et la famille. Vous vous retrouvez vite sans rythme mis à part celui de l'école des enfants, avec à la fois de la liberté, mais beaucoup de temps mort. Vous vous sentez seule, votre mari pris dans la tourmente de son nouveau job, avec les exigences que cela requiert, n'a plus le temps de vous aider. Pire : votre nouveau statut lui rend les choses plus faciles car vous êtes à la maison et il se décharge logiquement sur vous. Cette situation peut engendrer des conflits. La femme d'expatrié peut en souffrir, d'autant plus qu'elle a le temps de penser et de ruminer sur ces déconvenues. Elle peut avoir l'impression de perdre son identité et de n'être plus que "la femme de" ou "la maman de".
Loin de ses racines et de ses proches
Bien que l'Espagne soit proche de la France, il est fréquent qu'on se sente, vivant dans un pays étranger, loin de ses racines et de ses proches. Comme le confirme Monica "c'est une nouvelle étape dans notre vie de famille et de couple, mais de savoir mes parents âgés loin me préoccupe". On est inquiet : s'ils ont un souci de santé comment va-t-on gérer ?, etc. La femme, en général, est celle qui crée le noyau familial. Mais à l'étranger une partie d'elle-même lui manque, elle a l'impression qu'elle l'a laissée en France.
La vie de la femme expat' n'est pas un long fleuve tranquille
Pour vivre au mieux son expatriation, il faut déjà, comme le signale Véronique, être doté de quatre qualités essentielles : l'anticipation, la flexibilité, l'indépendance et l'ouverture d'esprit. La communication au sein du couple est indispensable, car les conflits familiaux vont se régler à huis-clos : vous n'aurez plus la copine, ni la soeur, ni la mère pour vous aider à prendre parti, ce qui peut permettre de consolider le couple et cimenter la famille.
En tant qu'accompagnatrice de l'expatrié, profitez-en pour mener un projet personnel ou professionnel, à bien utiliser votre temps libre pour vous remettre à des activités, ou à des passions. Si vous inscrivez vos enfants à une école française, vous allez vous faire des amies françaises, mais essayez de sortir à la rencontre de cette nouvelle culture : surtout ne vous enfermez pas et mettez-vous en avant en valorisant l'équilibre que vous apportez à votre famille. Votre expatriation peut aussi vous permettre de découvrir votre couple sous un nouvel angle et de rendre plus forte votre union.
En conclusion, mettez à profit l'opportunité apportée par l'expatriation pour vivre de nouvelles expériences et surtout ne vous enfermez pas dans votre prison dorée !
Steph Jelensperger-Ruiz (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Lundi 22 octobre 2012
A relire : EXPATRIATION - Adaptation et intégration des ados en Espagne
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