Le Président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez promet d'abolir la prostitution dans le pays à travers une loi qui devrait être présentée d'ici la fin de sa législature.
Le débat sur la prostitution est à nouveau lancé dans la sphère politique espagnole. Il est difficile d'obtenir des chiffres précis sur le nombre de personnes exerçant la prostitution en Espagne, mais le pays est connu pour ses nombreuses maisons closes attirant Espagnols comme Étrangers. La prostitution volontaire n'est pas illégale en Espagne. Le proxénétisme en revanche, est interdit et sanctionné par la législation.
En finir avec l'exploitation des femmes ?
Deux possibilités s'offrent à l'Espagne pour répondre aux problèmes soulevés par la prostitution : le modèle hollandais, qui consiste à encadrer légalement l'activité. Dans ce cas de figure, le "commerce du sexe" est dépénalisé ; et le modèle français, vers lequel envisage de s'orienter l'Espagne, qui consiste à abolir purement et simplement la prostitution, à traiter les prostituées comme des victimes et à punir les clients et les proxénètes. Le projet du gouvernement est motivé par un constat : le contrôle et la menace exercés par les réseaux mafieux sur les femmes dans les locaux dédiés à la prostitution. On estime que 80% d'entre elles seraient victimes de traite humaine. Le gouvernement socialiste veut "doter notre pays d'un cadre légal qui en finisse avec la prostitution et offre une réponse aux femmes qui ont été victimes de cet esclavage du XXIème siècle. Il faut en finir avec la manifestation la plus importante de la violation des droits des femmes et des petites filles du monde entier."
Ou bien encadrer et protéger ?
Environ 39% des citoyens espagnols ont déjà eu recours à des services de prostitution dans leur vie, selon les données de l'APRAMP (Association pour la Prévention, Réinsertion et Attention à la femme Prostituée). L'autre modèle de réponse à la prostitution est la régularisation de l'activité, afin de protéger les prostituées en leur apportant un cadre légal en termes de droit du travail, qui leur permettrait de se défendre et de se protéger à travers des mécanismes légaux, comme le font les employés d'autres secteurs d'activités. C'est en tout cas ce que réclame Otras, le syndicat espagnol des travailleuses sexuelles. D'après la représentante du mouvement, le projet d'abolition de la prostitution envisagé par le gouvernement espagnol reviendrait à mettre à la rue 400.000 femmes pratiquant la prostitution dans le pays. "Le projet d'abolition consiste à éliminer la pratique de la prostitution, mais oublie d'aider celles qui vont être affectées", a déclaré Concha Borrel à la presse espagnole. Le syndicat assure que l'abolition et les amendes imposées aux clients ne feront que précipiter les prostituées à exercer dans davantage de clandestinité, ce qui les éloigneraient considérablement d'une quelconque protection