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ENQUÊTE – Les secrets de l’éducation franco-espagnole des enfants

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

L'éducation des enfants, voilà l'un des sujets de préoccupation de tout premier ordre pour un couple binational. L'association Diálogo et Lepetitjournal.com ont réalisé une enquête concernant les couples mixtes franco-espagnols résidant en Espagne. C'est une première, puisqu'aucune étude similaire n'a été réalisée jusqu'à présent en France. Tour d'horizon des conclusions

(Julio Iglesias de Ussel et Frédéric Hermel / Photo lepetitjournal.com)

Si les 344 couples ayant participé à l'étude lancée à l'automne dernier par Diálogo et lepetitjournal.com n'étaient pas tous présents à la soirée des résultats mercredi dernier, fort à parier que plusieurs d'entre eux auraient été surpris de certaines conclusions énoncées dans le théâtre bien garni de l'Institut français de Madrid. Une affirmation évidente à la vue de la majeure partie des réactions, tantôt amusées, tantôt interloquées, des parents bien présents et concernés par le binationalisme dans leur couple. Menée par le professeur en sociologie Julio Iglesias de Ussel et portant sur l'épineuse interrogation de "Comment éduquer son enfant en Espagne", l'enquête regroupait une quarantaine de questions en tous genres.

Du bilinguisme aux facultés scolaires développées
Il y a deux ans déjà, Julio Iglesias de Ussel s'était penché sur la question des couples mixtes, à la demande de Diálogo et du petitjournal.com. À l'époque, l'enquête ciblait davantage les caractéristiques sociales et culturelles des couples franco-espagnols (habitudes, goûts, façon de vivre etc.). Cette fois-ci, les enfants étaient dans le lot. L'idée ? Plonger au c?ur de leur éducation. Avec des questions aussi variées que "Quelle est la langue prédominante entre frères et s?urs ?" ou encore "Dans votre famille, les habitudes alimentaires sont-elles plutôt françaises ou espagnoles ?", l'enquête avait pour objectif de percer les mystères de l'éducation mixte. Les réponses des parents, apparemment aussi variées que les questions, n'ont cependant pas surpris outre-mesure le professeur en sociologie. Et même si ce spécialiste des chiffres note quelques différences notables entre les deux nationalités (à commencer par le taux de natalité d'un côté et de l'autre des Pyrénées), il ne peut que constater l'importance accordée à la notion famille chez les Espagnol(e)s comme chez les Français(e)s et une tendance à la surprotection des enfants (63% des parents avouent ainsi ne jamais lever la main sur eux). Après avoir exposé les résultats aux couples présents ce soir-là, Julio Iglesias de Ussel n'a pas manqué de rappeler l'importance de s'intéresser à l'éducation des enfants. À ses yeux en effet, "les enfants d'aujourd'hui sont les habitants et les bâtisseurs de notre futur".

70% des couples incitent leurs enfants à utiliser Internet en castillan, 62% à regarder la télévision dans la langue de Cervantès
Comme l'explique Alberto, père de trois enfants, "chaque couple est un cas à part, chacun a sa spécificité". N'empêche que certaines choses semblent les rapprocher. L'envie de participer à cette enquête par exemple : "Ce qui nous a motivé à répondre aux questions ? Je dirais que c'est notre côté bleu-blanc-rouge" raconte Franck, père de trois enfants lui aussi. "Oui, c'est un peu l'idée, quand une enquête concerne les Français ici, on aime bien y répondre" précise Emmanuel. Quant à Esther et Raquel, leurs compagnes, elles s'accordent toutes deux sur le fait qu'il est intéressant de prendre du temps pour réfléchir à la façon dont on éduque les enfants dans le cadre d'un couple mixte. Les deux couples, à l'image d'Alberto, avouent ne pas être extrêmement surpris des résultats : "C'est assez représentatif" ajoute Franck.

En cas de match de football France-Espagne, 52% des enfants binationaux soutiendraient la Roja, contre seulement 4% les Bleus !
Vous-mêmes vous étonnerez peut-être que 62% des parents poussent leurs enfants à lire, regarder ou écouter les médias en castillan et que 70% d'entre eux confessent les faire baigner dans une utilisation d'Internet dans la langue de Cervantès. Dans la partie de l'enquête visant à comparer la France et l'Espagne, on découvre que près de 83% des couples considèrent le système économique français comme plus efficace que le système espagnol (1% des sondés en faveur de ce dernier). Mais en matière de football, c'est bien l'Espagne qui l'emporte avec 52% des personnes interrogées ?chez les enfants- avouant supporter d'abord la Roja contre 4% seulement la France dans le cas d'une opposition entre les deux sélections. Dès lors, il n'est pas difficile d'imaginer pour quelle sélection ils opteraient en cas de qualités footballistiques les amenant à être sélectionnable un jour. Evidemment, la problématique peut prêter à sourire dès lors que tout le monde ne s'appelle pas Enzo Zidane et n'est pas déjà pressé de faire un choix. Julio Iglesias de Ussel estime d'ailleurs que "cette réponse est sans doute d'abord le fruit des bons résultats actuels de la sélection espagnole."

Vivre et être heureux... en Espagne
On lui demande l'âge des enfants des familles ayant répondu et les difficultés à recueillir des questionnaires : "Cela s'est avéré très équilibré dans les âges. Et les gens se sont montrés très coopératifs. C'est un sujet sensible, qui intéresse. Ce que je retiens avant tout c'est la faculté des enfants binationaux à être presque naturellement prédisposés à mener des études longues. La double culture est une chance que nombreux souhaitent saisir pour leur avenir professionnel." Effectivement, 88% d'entre eux se montrent assez ou très intéressés à l'idée de faire des études. Sachant que 58% le feront dans des établissements privés. Ensuite varient les désirs parentaux, "avec l'effet crise, c'est une évidence", précise le sociologue. Pour tout ce qui est étude ou travail, la France est favorite dans l'optique d'avenir des progénitures. L'Espagne se positionne elle en pôle dans les catégories ?vivre' et ?être heureux'."

35% des enfants se sentent plus Espagnols que Français, 4% répondent l'inverse, mais plus de la moitié revendiquent être "un mélange des deux nationalités"

Malgré les quelques disparités révélées par l'enquête, il semble difficile aujourd'hui d'établir de véritables différences entre l'éducation des enfants en France et en Espagne. Reste à voir comment évolueront les enfants de couples mixtes dans les années à venir. Un dernier élément, pas négligeable : malgré la double éducation culturelle reçue, l'assimilation au pays de résidence est plus systématique en matière identitaire. Ainsi, 35% des interrogés se sentent "plus Espagnols que Français", contre seulement 4% qui répondent le contraire. Et 88% d'entre eux communiquent en castillan entre frères. Majoritairement tout de même, 51% revendiquent être "un mélange des deux nationalités". Réponse miroir de ce que traduit cette étude dans l'ensemble. A enfants binationaux, éducation aux influences plurielles. Et double culture à l'arrivée. Sans doute le souhait de tous ces parents et la richesse de leurs enfants.

Benjamin IDRAC et Charlotte LAZAREWICZ (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Lundi 28 mai 2012


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Publié le 28 mai 2012, mis à jour le 5 janvier 2018
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