Les Espagnols retiennent leur souffle alors que les élections anticipées en Andalousie se préparent pour ce week-end. Les résultats pourraient avoir un impact sur tout le pays et le gouvernement de Pedro Sánchez.
Les Andalous sont invités à voter ce dimanche 2 décembre pour l'élection de la onzième législature de la Communauté Autonome d'Andalousie. Au total, ce sont 109 députés qui seront élus, avec à la clé, et en fonction des résultats des différents partis, le choix du président de la communauté.
Mais l’importance de ces élections anticipées va bien au delà de l’Andalousie et pourrait avoir des répercussions plus larges sur le gouvernement de Pedro Sánchez.
Pourquoi des élections anticipées ?
À la suite des dernières élections de 2015, le Parti socialiste en Andalousie avait pu conserver le pouvoir grâce à un accord avec le parti Ciudadanos. Cet accord a été rompu en septembre 2018 suite au retrait de la confiance de Ciudadanos au gouvernement andalou, dirigé par Susana Díaz, et à l’absence de soutien pour le budget 2019. Díaz a donc été contrainte de dissoudre le Parlement en octobre dernier, et de convoquer les élections anticipées qui se tiendront ce week-end.
Les forces en présence
Quatre partis principaux s’affrontent pour obtenir une majorité de sièges au parlement. Au-delà du parti socialiste (PSOE-A) et de Ciudadanos (dirigé par Juan Marín), on retrouve le parti de Gauche Adelante Andalucía emmené par Teresa Rodriguez et le partido popular (PP) de Juan Manuel Moreno.
Selon les dernières enquêtes d’opinion, le parti socialiste obtiendrait toujours une majorité de voix mais devrait composer son gouvernement avec un autre parti, comme Adelante Andalucía ou Ciudadanos. Un délicat jeu d'équilibriste qui devrait s'avérer compliqué à gérer pour Díaz.
Les sondages soulignent aussi la poussée de la droite, et notamment du parti d'extrême droite Vox qui enregistre un nombre croissant d’intentions de vote au détriment du PP. Si le nombre de sièges gagnés par Vox devrait rester limité, cette poussée inquiète néanmoins les autres forces politiques.
Des élections cruciales pour le pays
En Andalousie, ces élections devraient servir de baromètre au PSOE andalou pour s’assurer de son hégémonie dans la Communauté Autonome. Si le parti emporte à nouveau le plus grand nombre de sièges, il aura fait 40 ans à la tête de l’Andalousie.
En outre, ces elections sont importantes car il s'agira des premières élections en Espagne depuis l'arrivée de Pedro Sánchez à La Moncloa. Elles lui serviront test pour avoir une idée de la popularité générale du PSOE et pour aiguiller le gouvernement quant au meilleur moment pour fixer la date des élections générales. L’Andalousie est la communauté la plus peuplée d’Espagne et le fief historique du PSOE. Si les choses se passent bien en Andalousie ce 2 décembre pour ce parti, de bons résultats pourraient être possibles ailleurs, notamment le 26 mai prochain, jour des élections européennes, régionales et locales.
A l’inverse, une défaite du PSOE-A (ou une diminution importante du nombre de sièges) pourrait être considérée par les adversaires du parti socialiste comme un signe que le gouvernement de Sánchez devrait laisser sa place. Un idée qui apparait clairement dans le discours d’Albert Rivera, leader de Ciudadanos. Pour lui, le seul souhait du gouvernement actuel est de “rester au pouvoir”. Il appelle donc les Andalous à voter pour Ciudadanos, afin de démontrer au gouvernement la vigueur des partis d’opposition. Un premier pas selon lui pour pousser Sánchez “à quitter La Moncloa”.
Des gains pour Vox pourrait aussi avoir des répercussions au niveau national. Ils témoigneraient de la normalisation d'idées radicales qui n'étaient jusque là que marginales en Espagne.