Après le train, bientôt la libéralisation des autocars en Espagne?

Une guerre des prix des autocars, comme celle qui a eu lieu avec l'AVE (le TGV espagnol) pourrait bien éclater. Le gouvernement étudie une libéralisation du secteur, ce qui pourrait avoir un impact bénéfique sur des prix qui sont en moyenne 30% plus cher qu'en France.

Après la libéralisation du train, qui a permis de mettre fin au monopole de Renfe sur les trajets les plus importants et d'attirer davantage d'usagers avec des prix abordables, on pourrait assister très prochainement au même phénomène avec le secteur des bus. Il convient de rappeler que les prix sur la ligne ferroviaire Madrid-Barcelone (la première où a commencé la concurrence, grâce à Ouigo) ont baissé en moyenne de 43%, tandis que sur les lignes où il n'y avait pas encore de concurrence, les prix avaient augmenté de 14%.

Un régime de monopole

C'est ainsi que le ministère des Transports espagnol cherche à mettre fin au système actuel qui fonctionne par le biais de concessions de lignes, ce qui ouvrirait la voie à la libre concurrence. La CNMC (Commission Nationale des Marchés et de la Concurrence- Comisión Nacional de los Mercados y la Competencia ) avait en effet critiqué il y a quelques mois le fait que l'Espagne était encore "le plus grand marché européen qui maintient un système de concession dans le transport par autobus de moyenne et longue distance". Pour l'organisme régulateur, la configuration actuelle du marché s'effectue en "régime de monopole" car les entreprises privées fournissent le service par le biais d'une concession administrative qui leur accorde l'exploitation exclusive de certaines lignes.

Seraient concernées certaines des lignes les plus importantes, comme celles qui relient Madrid à Barcelone, à l'Andalousie et à Valence, et des corridors importants, comme ceux qui relient les régions du nord à Levante et à la Catalogne. Quelques lignes, notamment celles de la capitale, feraient en plus concurrence à l'AVE, ce qui pourrait entraîner une guerre des prix supplémentaire là où circulent les trains à grande vitesse de Renfe, Ouigo et Iryo.

Les tarifs des autocars plus chers en Espagne

Cette guerre des prix est celle qui a eu lieu dans d'autres pays européens, comme la France, après la libéralisation du secteur. L'Espagne a des tarifs d'autobus interurbains beaucoup plus élevés que les marchés européens ouverts à la concurrence. Plus précisément, selon une étude européenne, 12% plus cher que le Royaume-Uni, 17% plus cher que la Suède, 23% plus cher que l'Allemagne et la France, et 36% plus cher que l'Italie. On en saura plus une fois que le ministère des Transports aura rendu cette semaine son rapport, qui sera ensuite discuté en conseil des Ministres.