Dimanche, 5,2 millions de Catalans sont appelés à élire les 135 députés qui siègeront au Parlement régional pour un mandat de quatre ans. Sept formations politiques remettent en jeu leurs sièges, dans une grande votation qui devrait conforter la position du parti du président du gouvernement sortant. Tour d'horizon des principaux leaders, autrement dit des présidentiables
La campagne électorale catalane est entrée ce lundi dans sa dernière ligne droite. Dimanche 25 novembre, les 135 sièges du Parlement de Catalogne sont de nouveau à pourvoir. Sept formations politiques remettent leurs places en jeu. Au total, 62 candidatures dans les quatre circonscriptions de la Catalogne ont été proclamées officielles par le gouvernement régional, la Generalitat, qui les a jugées compétentes pour concourir à la députation (17 candidatures ont été exclues). À l'image du grand débat télévisé diffusé dimanche soir sur la chaîne publique TV3, nous nous contenterons donc de faire un tour d'horizon des partis politiques et de leurs leaders respectifs qui jouent leur puissance ou leur survie dans l'hémicycle barcelonais.
Artur Mas et le CiU visent la majorité absolue
En provoquant des élections régionales anticipées fin septembre dernier, Artur Mas, 56 ans, a joué (presque) à quitte ou double. Le président du gouvernement sortant, candidat à sa propre réélection, et chef de file de la coalition souverainiste (Convergence et Union) actuellement au pouvoir, exhorte le peuple catalan depuis qu'il est entré en campagne de lui accorder une franche majorité dans l'hémicycle, une majorité absolue qu'il appelle "majorité exceptionnelle" pour se préserver une marge de man?uvre à l'avenir. Pour réussir à rassembler les Catalans majoritairement derrière les couleurs de son parti, il lui faut réunir 68 sièges, soit six de plus qu'actuellement. Les derniers sondages lui donnent pourtant peu ou prou le même nombre de sièges que maintenant : 62 selon le journal madrilène El Pais, 64-65 selon son homologue catalan El Periodico. Dimanche 18 novembre, dans une interview à la radio Cadena Ser, Artur Mas a indiqué que l'obtention d'une majorité simple affaiblirait son projet souverainiste, mais qu'il "n'abandonnera(it) pas". Ses thèmes de campagne principaux : l'indépendance politique et l'autonomie fiscale (le programme complet ici)
Alicia Sanchez-Camacho, la voix du maître (PP)
À 45 ans, la chef de file du Parti populaire catalan va livrer l'un des ses combats politiques les plus importants dimanche. Du résultat du nombre de sièges obtenus par le PP dépendra en effet la majorité absolue réclamée par le président du gouvernement sortant, Artur Mas. Les derniers sondages placent en effet le Parti populaire comme la deuxième force politique de la Catalogne, avec 19 sièges sur 135. Alicia Sanchez-Camacho, Barcelonaise de naissance et juriste de formation, se présentera dimanche avec l'objectif de battre le meilleur score de son parti en Catalogne, qu'elle avait elle-même établi en 2010 avec dix-huit sièges obtenus. Ses axes de campagne sont le refus à l'indépendance, la lutte contre chômage et la revalorisation des pensions pour les retraités (voir un spot de campagne ici). Elle s'inscrit dans la droite ligne de la politique menée par son chef de file à Madrid, le Premier ministre Mariano Rajoy, qui prône l'austérité pour sortir de la crise (le programme complet ici)
Pere Navarro, une nouvelle tête chez les socialistes
Le Premier secrétaire du Parti socialiste catalan (PSC) aura la lourde tâche d'endiguer la chute du principal parti d'opposition dans les urnes dimanche. Aux dernières élections régionales de 2010, le PSC avait réalisé le plus mauvais score de son histoire, avec 18,38% de votes favorables exprimés, qui lui ont accordé 28 sièges. Les derniers sondages offrent au mieux 18 sièges aux socialistes. À l'avantage de Pere Navarro, bien qu'âgé de 52 ans et désigné seulement en décembre dernier comme le Premier secrétaire du parti, il est l'homme qui a su rassembler une famille politique qui se délitait sérieusement. Lors de la motion du 27 septembre dernier présentée par Artur Mas pour anticiper les élections régionales, le PSC s'était abstenu. Ses thèmes de campagne : une Espagne fédérale, un plan stratégique de réactivation économique et de l'emploi, une fiscalité plus juste et un pacte social (le programme complet ici).
Oriol Junqueras, l'homme de gauche qui monte
Historien de formation et député au Parlement européen, Oriol Junqueras i Vies, 43 ans, est convaincu de la viabilité économique et politique d'une Catalogne indépendante de l'Espagne, mais partie prenante de l'Europe. Il l'inscrit dès les premières lignes de son programme électoral (téléchargeable ici). À la tête de la Gauche républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya, en catalan), il est l'homme qui perce dans les sondages. Un dernier baromètre d'El Pais fait grimper sa formation au troisième rang des partis politiques représentés au Parlement, sur les talons du Parti populaire (de 10 à 18 sièges). Sa côte de popularité selon ce même journal madrilène est excellente, pour ne pas dire la meilleure, devant Artur Mas ! Sa priorité de campagne va naturellement à la souveraineté catalane, voulue et orchestrée par le peuple. Néanmoins, Oriol Junqueras n'a pas réussi à se mettre d'accord avec Artur Mas pour présenter une candidature indépendantiste unique, ce qui va forcément provoquer un éparpillement de l'électorat.
Joan Herrera et ses Verts fanés
Les Verts catalans stagnent. C'est une certitude depuis deux mandatures. Et ce n'est pas la force de conviction de Joan Herrera, juriste de formation et chef de file de l'alliance écologiste (Iniciativa per Catalunya Verds-Esquerra Unida i Alternativa) à 42 ans, qui devrait inverser la dynamique. Depuis six ans, les Verts perdent des voix à mesure que les élections passent : ils ont perdu deux sièges et 60.000 voix en quatre ans, et les sondages publiés de-ci de-là ne leur donnent pas mieux que dix sièges au Parlement, leur score actuel. En résumé, les Verts veulent sortir du carcan de l'austérité économique "imposée par la droite européenne des Merkel, Rajoy et Mas". Le système financier est leur cible privilégiée, le bien-être des citoyens leur leitmotiv principal. Sur la question de l'indépendance, ils ont donné leur soutien à Artur Mas pour provoquer ces élections anticipées mais réclament la "le droit pour se décider". Ils comptent séduire les mécontents du socialisme et les indépendantistes modérés. Le programme complet ici.
Les centristes d'Albert Rivera profitent de la confusion
Avec les radicaux d'Oriol Junqueras, ce pourraient être eux les vainqueurs politiques au soir du 25 novembre. Les centristes de Ciudadanos (C's) font une progression constante sur l'échiquier politique, depuis la création du parti en 2006 par Albert Rivera. Le chef de file de C's a la particularité d'être le benjamin de cette élection, puisqu'il n'a que 33 ans, bien qu'il soit désormais habitué des soirées électorales. Entre 2006 et 2010, C's a gagné plus de 15.000 voix et devrait être amené à occuper six sièges (et non plus trois) au Parlement, selon les sondages. Les centristes ont fait l'un de leur cheval de bataille la lutte contre la corruption, un positionnement qui pourrait leur être profitable au vu des derniers événements. Ils sont constitutionnalistes et non-nationalistes. Leur programme ici.
Alfons López Tena et les ultranationalistes sur un siège éjectable
Les ultranationalistes de Solidarité Catalogne pour l'indépendance (SI) jouent ni plus ni moins leur survie politique lors de ces élections. Les derniers sondages ne sont pas du tout en faveur du parti présidé par Alfons López Tena, 54 ans, qui ne lui accordent aucun siège dans l'hémicycle barcelonais, alors qu'il en occupe quatre à l'heure actuelle. Cette disparition annoncée tournerait au bénéfice d'une mouvance d'extrême gauche, également sécessionniste, appelée la Candidature d'unité populaire. Ce dimanche, ce pourrait être la fin d'un organe politique fondé lors du dernier scrutin par l'ex-président du club de football de FC Barcelone, Joan Laporta. Le programme de SI.
Damien LEMAÎTRE (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 20 novembre 2012
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Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 décembre 2012
Publié le 20 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012
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