Le Musée du Prado présente, jusqu'au 21 août prochain, la première exposition monographique du peintre franco-espagnol Luis Paret (1746-1799).
Contemporain de Goya, Luis Paret est né à Madrid, de père français et de mère espagnole. Considéré par certains comme étant le Watteau espagnol, il fut l'un des rares artistes espagnol à peindre dans le style rococo français, au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle.
A l'âge de dix ans, il entra à l'Académie de San Fernando où il reçut une excellente éducation classique qu'il compléta par la suite par l'étude des langues orientales. Parrainé par I'Infant Don Luis, il résida trois ans à Rome où il acheva son éducation artistique et littéraire. De retour à Madrid, il resta au service de l'infant Don Luis qui fut obligé, pour des raisons politiques, à vivre loin de la cour de son frère Charles III. Médaillé à plusieurs reprises par l'Académie royale, Luis Paret en devient membre.
Un long exil à l'étranger
Toutefois, en raison de sa collaboration dans les aventures galantes du prince, Luis Paret est banni à Puerto Rico de 1775 à 1778. Rentré en Espagne, il vécut dix ans à Bilbao, n'étant pas autorisé à revenir à Madrid. Cet exil prolongé, cet éloignement de la vie culturelle de la capitale explique l'éclipse de l'importance de son rôle dans l'art espagnol du XVIIIème siècle. Il ne reviendra à Madrid qu'après la mort de l'Infant Don Luis.
L'exposition réunit une grande partie de ses peintures et une sélection choisie de ses dessins, plus de 80 œuvres provenant de collections particulières et publiques. Son objectif est de lui rendre la place de premier plan qui lui correspond dans le panorama de l'art espagnol et de le faire connaître du grand public tant en Espagne qu'à l'étranger.
L'art de Paret a un charme très personnel, délicat, plein de vivacité, original, moderne et varié. Il est peintre des mœurs, mais aussi paysagiste, peintre religieux, portraitiste à l'occasion, illustrateur de Cervantès et de Quevedo. Il est le témoin sans pareil d'une vie madrilène élégante et populaire, aimable et détendue, beaucoup plus influencée par la France que Goya.
De retour en grâce auprès du roi Charles III, celui-ci le chargea de peindre des vues de ports de mer et les endroits les plus pittoresques de ses frontières maritimes, ainsi que des principaux forts d'Espagne. Il peint également des natures mortes, des scènes de la vie quotidienne ("Le magasin", "La puerta del sol", "Le bal masqué") et des évènements de la cour. Chroniqueur du règne de Charles III, il a laissé le souvenir des fêtes et des grandes réceptions ("Le dîner de Charles III devant la Cour", "Le Serment de Ferdinand VII"). On admirera le magifique portrait de son épouse, Maria de las Nieves Micaela Fourdinies, habillée à la française et jouant de la serinette.
Exposition très intéressante d'un très grand peintre franco-espagnol assez méconnu et longtemps voué à un oubli non mérité. A ne pas manquer.