

Le duel opposant le maire d?Antavarino, Andry Rajoelina et le président Marc Ravalomanana, n'en finit pas. Les violents affrontements de samedi dernier ont fait 28 morts et au moins 212 blessés. Le maire, qui n'accepte pas sa destitution prononcée cette semaine, en appelle à la résistance. Les visites diplomatiques s'organisent
Un soldat malgache, près de la résidence présidentielle à Antananarivo (Walter Astrada/AFP)
Jamais 2 sans trois ?
Madagascar entre dans ce qui promet d'être sa troisième crise politique majeure en 20 ans. Les mouvements contestataires de 1991 et 2002 avaient vu chaque fois le challenger politique prendre la tête du pays. Les conséquences économiques des affrontements sont toujours désastreuses, dans un pays où les deux tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Marc Ravalomanana, a pris le pouvoir en 2002 après avoir renversé le président en place, au terme de plusieurs mois d'affrontements dans la rue. Fin 2006, il a été reconduit pour un mandat de cinq ans. Il est aujourd'hui défié par Andry Rajoelina, qui a remporté en décembre 2007 la mairie d'Antananarivo, en tant que candidat indépendant. Le 26 janvier dernier sonne le début du bras de fer sanglant qui oppose les deux hommes. C'est la date du premier jour de la grève, lancée par le maire de l'île. Cette journée avait fait plusieurs victimes.
Un dramatique jeu de ping-pong
La semaine dernière M. Rajoelina s'est auto-déclaré ?'en charge des affaires du pays''. Dans cette logique, il a saisi la Haute-cour constitutionnelle de Madagascar, pour une procédure de destitution du président pour violation de la Constitution. Cette semaine, la Haute-cour s'est déclarée incompétente. Dans le même temps, le ministère de l'intérieur a limogé M. Rajoelina de la mairie d'Antavarino, et nommé à sa place un administrateur provisoire, officiellement appelé "président de délégation spéciale". M. Rajoelina, qui refuse de reconnaître sa disgrâce, estime qu'il s'agit d'une "insulte au peuple malgache". En guise de réponse, il a nommé Michèle Ratsivalaka, une proche, à la tête de l'hôtel de ville ainsi que quatre ministres pour son gouvernement provisoire. Le bilan total des affrontements qui sévissent dans la grande île est accablant puisqu'on dépasse désormais la centaine de morts. Le président appelle au calme mais l'ex-maire précise que "la lutte continue". A eux seuls, les violents affrontements de samedi dernier ont fait 28 morts et plus de 212 blessés, alors que la garde présidentielle a fait feu sur les partisans d?Andry Rajoelina, en marche vers le palais présidentiel. Un geste très fort qui a provoqué la démission de Cécile Manorohanta, la ministre de la Défense. "Après tout ce qui s'est passé, je décide de ne plus faire partie de ce gouvernement à partir de ce moment" a-t-elle indiqué dans son communiqué de presse.
Les autres forces en présence
La communauté internationale a réagi, elle aussi, en envoyant sur place, samedi un délégué de l'ONU, Haile Menkerios, pour tenter une médiation. Le figaro rapporte que la fédération ?cuménique des Églises chrétiennes (FFKM, très puissante dans un pays à 70% chrétien) se réunit discrètement. De même feraient les militaires, dont le chef d'état major vient d'être révoqué par le président Ravalomanana. Hier, c'est Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères en Côte d'Ivoire qui arrivait pour représenter l'Union africaine ainsi que le ministre français de la Coopération, Alain Joyandet, qui devrait rencontrer Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Néanmoins, la France avance en terrain miné dans un pays où elle est encore vue comme l'ancienne puissance coloniale.
LG (www.lepetitjournal.com) jeudi 12 janvier 2009
Pour aller plus loin :
Notre précédent article sur le conflit : http://www.lepetitjournal.com/administrator/index2.php?option=com_content§ionid=3&task=edit&hidemainmenu=1&id=35803
L'article du Figaro : http://www.lefigaro.fr/international/2009/02/11/01003-20090211ARTFIG00043-les-diplomates-tentent-d-intervenir-a-madagascar-.php
L'interview du rédacteur en chef de l'Express Malgache: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/madagascar-la-contestation-sociale-etait-latente_738526.html
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