Thibault Mauvilain : « Johnny Hallyday, on l’appelait le Grand ! »

 

Le Grand Johnny, on l’appelait « Le Grand ». Pas « l'Idole » des Jeunes, pas le « Taulier », pas le « Boss », pas le « Patron ». Le Grand ! Je dis « nous », parce que j’appartiens à ce cercle intime, créé autour du designer de mode hors norme qu’était Christian Audigier, le « VIF », grâce à qui je suis entré dans l’orbite de Johnny, l’homme discret derrière la légende. 

Dans les années 2000, Johnny passe ses étés à Los Angeles où réside son fils David ; il voit souvent Christian Audigier et leur complicité, leur amitié, leur manière de se comprendre est frappante. Lorsque Johnny et Laeticia s’installent définitivement dans la Cité des anges pour fonder leur famille, je les rencontre de plus en plus régulièrement, entre des événements organisés avec Christian. Le cinquantième anniversaire de ce dernier est une soirée surréelle où se retrouvent Johnny et son épouse, Britney Spears, Pamela Anderson, Snoop Dogg, Sharon Stone, Sylvester Stallone, Fergie, Paris Hilton, Kim Kardashian… et où Michael Jackson lui-même vient clore la soirée pour celui qu’il nomme alors le “King of Fashion”! 

 

 

Une rétrospective photo en préparation. Thibault Mauvilain, auteur de plus de 30.000 clichés et vidéos sur la vie de Johnny Hallyday prépare une rétrospective de son œuvre qu’il partagera prochainement avec les fans de l’artiste. Lepetitjournal.com vous en reparlera.

 

Quelques semaines plus tard, Christian Audigier inaugure son nightclub à Las Vegas avec un lancement incroyable : feux d’artifice, show grandiose et ambiance digne d’un spectacle du célèbre Strip qui scinde la ville. Johnny est à ses côtés, comme un symbole, sous les projecteurs d’une nuit folle, entrée dans la légende. Ensemble, ils travaillent sur la marque SMET – « Born on the Streets » - un projet qui résonne avec leur propre histoire : deux hommes venus de rien, forgés par la rue et par la vie.

 

Je deviens le nouveau voisin de Johnny Hallyday à Bel-Air

 

C’est à cette période que Johnny emménage dans le quartier de Beverly Glen, à Bel-Air. Et là, par miracle, je deviens son nouveau voisin… Et mon téléphone se met à sonner : les agences françaises me sollicitent. Après avoir été photographe freelance pour X17 et Flynet Pictures qui m’ont formé, je viens juste de créer ma propre agence, BAC Pictures. Je n’ai plus besoin de middleman. Je gère ma distribution. Les collaborations s’enchaînent, puis je fais la connaissance de Daniel Angeli - le photographe historique et confident de Johnny - et enfin Mimi Marchand, figure incontournable de la presse people française. 

L'union fait la force et je m’associe à l’un des paparazzis les plus doués de LA : Coco. Qu’il me rejoigne au sein de BAC Pictures est une véritable chance, une bénédiction pour l’agence. Ensemble, nous réalisons les premières images de Joy, nouvellement adoptée par Johnny et Laeticia. Un scoop ! Laeticia, elle, a une aisance naturelle avec les médias. Une attitude à la Paris Hilton : positive, souriante, vive. Pour nous, c’est du business. Pour elle, on dirait un jeu, un statut. Johnny, lui, reste discret, toujours attiré par le monde de la nuit et son atmosphère. Dans ces moments-là, il se révèle plus léger, plus ouvert. 

En décembre 2009, il revient de Paris après une opération qui deviendra un scandale médiatique. À l’aéroport de Los Angeles, il apparaît pour la première fois en chaise roulante. Les photos font l’effet d’une bombe. Coco et moi sommes parmi les rares à tout documenter en photos et vidéos. Une longueur d’avance. Rapidement, l’état de Johnny se dégrade. Chez lui, lors d’un déjeuner avec ses designers d’intérieur, il hurle de douleur. Laeticia le conduit aux urgences à l’hôpital Cedars-Sinai. 

 

Les célébrités affluent à l’hôpital au chevet de Johnny

 

J’obtiens la première photo : Laeticia, derrière son volant, le visage bouleversé. Cette image fera la « Une », le lendemain, de toute la presse française. Un regard. Un monde. Là, commence le cirque médiatique : les vidéos de la chaise roulante sont finalement diffusées en boucle et ouvrent tous les journaux télévisés : TF1, France 2, M6… Les célébrités affluent à l’hôpital. Les émotions se mélangent : tristesse, choc, adrénaline, opportunité. Chaque jour apporte une nouvelle info, une nouvelle photo, un nouveau sujet. 

Puis, miracle : Johnny va mieux. C’est le retour du Phoenix. Nous obtenons les premières images de sa sortie d’hôpital. J’appelle TF1 le 30 décembre pour leur offrir ce scoop. Personne n’est dans les bureaux de la rédaction - veille du Nouvel An oblige. Ironie de l’histoire. Le lendemain, Johnny se promène à Pacific Palissades avec Jean Reno. Il va mieux, et bien évidemment quinze photographes le suivent. Il nous confronte : « Laissez-moi en paix, vous allez vraiment me suivre ainsi toute la journée… ? Ça commence vraiment à me fatiguer… ! » Je comprends et me retire. 

Plus tard dans la journée, son humeur change complètement. Et Johnny revient vers moi : il sourit, il pose, il parle… Un moment rare où il s’ouvre vraiment. Il nous souhaite la bonne année. On lui rend la pareille. Le jour suivant, on recommence et la confiance entre nous s’installe, jusqu’à devenir, Coco et moi, les photographes attitrés du clan Hallyday. Avec mon ami d’enfance Pierre-Antoine Lamazerolles, qui lance alors sa propre agence de distribution, Palms Corp., nous nous engageons dans un défi aussi ambitieux que prometteur. L’exclusivité sur Johnny devient une chance inespérée : elle nous ouvre les portes des titres les plus prestigieux : VSD, Paris Match, comme des tabloïds incontournables, Voici, Gala, Closer… Une opportunité rare qui change tout. 

 

Au guidon d’une Harley-Davidson sous le soleil de Los Angeles

 

Johnny renaît. Il se reconstruit. Il profite de la vie avec une intensité que peu peuvent égaler. On le voit faire du vélo, pousser l’une de ses filles Joy sur une balançoire, rayonner au guidon d’une Harley-Davidson sous le soleil de Los Angeles. La presse adore. Les doubles pages s’enchaînent. Une image totalement inédite, bien loin du bad boy rocker que tout le monde croit connaître. La maison de Pacific  Palissades est enfin terminée. Johnny s’y installe avec Laeticia, Jade, Joy, et leur nouveau chien, Santos. C’est l’apogée. Il roule en Cadillac Eldorado JH 53, clin d’œil à Elvis et à son EP 51. 

 

 

Un titre inédit de Johnny Hallyday. Pour le 40ᵉ anniversaire de la sortie de « Rock’n’roll attitude », le disque sort à nouveau, ce vendredi  5 décembre, remastérisé et, surtout, avec un titre inédit, « C’est l’amour que j’attendais » en duo avec Michel Berger. L’album sera publié en deux éditions CD et trois éditions double vinyle, vendues en quantités limitées. Puis, le 19 décembre, 2000 exemplaires d’une édition collector seront mis en vente. Ils seront accompagnés de DVD d’archives et d’un livret inédit rédigé par l’écrivain Nicolas Mathieu, fan inconditionnel de « Rock’n’roll attitude ».

 

L’Amérique, Johnny l’a toujours portée en lui - ses rêves prennent forme et deviennent réalité. Il change, Laeticia change aussi. Dans le tumulte des épreuves, elle s’est renforcée et affirmée. L’entourage parisien se crispe, mais le couple avance, uni, solide. Avec Coco, nous réalisons une maquette de livre, un travail unique, propre, complet et d’une richesse rare. Laeticia adore. Johnny aussi. Une préface est même évoquée. Il prépare un nouvel album avec Matthieu Chedid. Une nouvelle tournée avec Gilbert Coullier se profile. Un nouveau chapitre commence… Mais c’est aussi la fin d’une époque. 

Je sens que les jours de Johnny à Los Angeles sont maintenant limités, l’annonce de son cancer du poumon précipite les choses... Christian Audigier s’est éteint deux ans avant et Johnny sait, lui aussi, que ses jours sont comptés…. Le 5 décembre 2017, la France entière, bouleversée, entre dans un deuil national. Je suis témoin, comme tout le monde, de l’immensité de cet homme pour lequel j’éprouve toujours une gratitude infinie pour la chance qu’il m’a donnée et l’amitié que nous avons partagée. Merci « Le Grand » ! 

Par Thibaut Mauvilain

 

« Nos chansons Préférées de Johnny » par Thibaut Geffrotin (Talent Editions). Pour la première fois, plus de 350 fans et personnalités - de David Hallyday à Fabrice Luchini, de Sylvie Vartan à Nicolas Sarkozy - ont élu leurs chansons préférées de Johnny Hallyday. Jamais l’intégralité de son répertoire - plus de mille titres ! - n’avait été classée et analysée. Alors, quelle est la chanson numéro un ?  « Que je t’aime » ou « L’Envie » ?  « Quelque chose de Tennessee »  ou « Je te promets »  ?  « Allumer le feu »  ou « Marie » ? Ce livre vous le dira.