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Rentrer ou ne pas rentrer à Noël ? Le dilemme annuel des expatriés aux États-Unis

C’est le dilemme infernal pour tout expatrié : faut-il « rentrer à Noël » pour célébrer les fêtes de fin d’année dans le pays qu’on a quitté, avec nos proches qui y ont fait leur vie ou rester aux États-Unis, le pays qu’on a choisi, avec les amis qui forment notre nouvelle famille? Témoignages de trois expatriées en Californie.

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Pour les expatriés, la question de rentrer au pays à Noël génère souvent un cocktail d'émotions contradictoires. © Agnès Chareton
Écrit par Déborah Laurent
Publié le 15 décembre 2025

 

En Californie, le ciel est bleu et le soleil au zénith. Malgré la présence des sapins joliment décorés en ville, difficile de se dire que 2025 touche à sa fin. Et pourtant… Noël n’est plus très loin et les expatriés installés aux États-Unis ont arrêté leurs projets pour les derniers jours de l’année. Lucie, installée en Californie depuis 11 ans, se réjouit : elle rentre en France cette année pour les fêtes. « D’habitude, on ne le fait pas, parce que la période est courte, qu’il fait nuit tôt, que tout le monde est malade, qu’il ne fait pas beau et que les billets d’avion coûtent cher », confie-t-elle. Mais elle admet que fêter Noël loin des siens, est toujours un peu « délicat ». 

Des années sans rentrer, elle garde un souvenir douloureux des « appels de la famille réunie, avec tous les cousins ». « Tout le monde est là sauf nous, c’est dur. Ça nous rappelle qu’on ne construit plus ces souvenirs-là en famille, avec les grandes tablées, le foie gras, l’apéro… On s’en construit d’autres mais pas ceux-là. » Cette année, les billets d’avion pour la France sont pris, pour sa plus grande joie. Elle n’a pas encore prévenu ses enfants de 13 et 10 ans. « Ils le demandent souvent, on leur fait la surprise ! » Ils vont profiter de leur grand-mère qui a la santé fragile dernièrement.

Faire le choix de l’expatriation, c’est difficile : on se prive délibérément de nos proches. Le temps passe et ne se rattrape pas. « Je ne sais pas combien de Noël on a encore à faire avec ma mère. Peut-être beaucoup, peut-être pas. Mais cette année, rentrer était une évidence » partage Lucie. L’organisation sera par contre minutée. La Française et ses proches fêteront Noël trois fois, dans trois endroits différents. 

 

Le casse-tête organisationnel du retour au pays

 

Le casse-tête logistique, c’est exactement ça que Marion voulait éviter. C’est son premier Noël à Los Angeles et elle compte bien en profiter. D’ailleurs, elle profitera des prochains aussi sous le soleil californien : « On est ici jusqu’en 2028, on a déjà annoncé qu’on ne rentrerait pas pendant trois ans.» Marion raconte les prises de tête et les agendas surbookés au moment de Noël en France. 

 

Noël aux Etats-Unis
Lex expatriés se réinventent des traditions de Noël bien à eux dans leur pays d'adotpions. © Pexels Brett Sayles

 

« On habitait Paris, mon père est dans le nord de la France, ma mère dans le Var, mes beaux-parents à côté de Genève : la configuration était déjà compliquée. On courait pour satisfaire tout le monde et personne n’était jamais content parce que ce n’était pas assez ceci ou pas assez cela » se souvient-t-elle. Hors de question de remettre ça, avec en plus les prix hallucinants des billets d’avion et le décalage horaire. Elle fêtera Noël avec d’autres expatriés. « C’est un gain de temps, d’argent, de fatigue et je suis sûre qu’on va bien s’amuser » se projette-elle.

 

Réinventer des traditions familiales

 

Caroline, installée à Los Angeles, note que quand on parle de budget retour, il n’y a pas que les billets d’avion à prendre en compte : « Il faut aussi ajouter la location d’une voiture ou les billets de train, et la SNCF se fait plaisir. » La seule manière de payer un prix plus ou moins acceptable ? S’y prendre plusieurs mois à l’avance, ce qui est tout bonnement impossible quand on travaille aux États-Unis, avec des Américains.

« Et à tout ça, il faut ajouter les cadeaux. Donc des valises plus grosses ou bien une valise supplémentaire à mettre en soute. » Après des années de vie à l’étranger, Caroline a complètement réinventé ses traditions familiales. « Et rentrer en France à Noël, c’est balayer ces traditions que toi, tu t’es inventées et que tu aimes et te plier à celles des autres, souligne-t-elle. C’est dur parce que c’est encore une fois à toi de t’adapter. Personne ne cherche à savoir comment nous, on fait Noël à Los Angeles.»

 

Un cocktail d’émotions contradictoires 

 

Caroline nous parle, elle aussi, du casse-tête organisationnel et des reproches qui ne manquent jamais : « On me reproche de toujours commencer à fêter Noël dans la famille qui habite à Paris. Mais ce n’est pas un vrai choix, c’est juste que mon avion atterrit à Paris et que ça m’éviter des allers-retours inutiles alors que je suis déjà fatiguée à cause du trajet et du décalage horaire.» 

Les célébrations de fin d’année mettent décidément les expatriés à fleur de peau. La période exacerbe les émotions dans les deux sens, et le cocktail est parfois plus explosif que festif. Il n’y a finalement pas de façon de faire idéale : il y a celle qui nous permet d’être en paix.

 

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