D'ici quelques mois, l'actuel consul général de France à Londres cédera sa place après quatre ans passés à Londres. Il revient sur les améliorations apportées depuis 2005, alors que la communauté française au Royaume-Uni ne cesse de s'étendre
En 2005, Bertrand Cochery avait quitté son poste au ministère des Affaires étrangères pour prendre la tête du consulat de Londres (photo AE)
Lepetitjournal.com: Quels sont les défis auxquels vous avez été confronté à votre prise de fonction?
Betrand Cochery: Le principal enjeu était d'offrir une qualité de service enfin à la hauteur des attentes de la communauté française et des nombreux demandeurs de visas. Le consulat avait pris de plein fouet l'arrivée massive des Français depuis la fin des années 90, alors que ses bâtiments et ses méthodes de travail n'étaient pas conçus pour. Le nombre des inscrits sur les listes consulaires est passé de 70 000 en 2000 à 110 000 aujourd'hui. Nous recevons aussi chaque année 80 000 demandes de visas, qui permettent de voyager en France et dans tout l'espace Schengen dont la Grande-Bretagne ne fait pas partie. Londres est donc devenu un "hub"consulaire, une plateforme d'où partent et convergent les personnes, pour des raisons professionnelles ou personnelles.
Comment avez-vous tenté d'améliorer les services?
J'ai d'abord poursuivi le travail lancé par mon prédécesseur autour des services sur Internet. Les locaux sont contraignants pour le public et le personnel. La solution était donc de dédoubler le consulat entre une partie réelle, et des "e-services"comme les inscriptions sur les registres ou les prises de rendez-vous. Nous avons aussi cherché à améliorer l'accueil et j'ai essayé de développer un esprit de qualité auprès des agents du consulat, en m'inspirant des administrations britanniques. Être "customer friendly", c'est aussi faciliter les démarches en évitant de faire venir les gens pour rien et offrir des services rapides dans la mesure du possible. Quand je suis arrivé, il fallait plus de quinze jours pour obtenir un passeport. Depuis 2006, les délais sont descendus à dix jours et pour le renouvellement d'un passeport fait à Londres, on compte maintenant moins d'une semaine. Nous avons aussi renforcé nos liens avec la Fédération des associations de Grande-Bretagne. Par exemple les visites à la centaine de détenus français sont aussi prises en charge par Londres Accueil.
Avez-vous des regrets ou des projets que vous n'avez pas pu faire aboutir?
Je n'ai pas de regret par rapport aux actions menées sur ces quatre ans, mais il reste des objectifs à atteindre. J'aurais aimé terminer mon mandat avec l'externalisation des visas qui permettra aux demandeurs de se rendre dans des agences extérieures et d'éviter ainsi de faire la queue.
Quel est le profil des 300 000 Français qui vivent en Grande-Bretagne?
On a coutume de dire que Londres est la cinquième ou sixième ville de France. C'est un peu un abus de langage parce qu'on parle en fait de la population globale des Français du Royaume-uni, et que 100 000 d'entre eux vivent dans les grandes villes de province. Nous avons d'ailleurs fait rouvrir à Birmingham un consulat honoraire, tenu par des bénévoles, qui était fermé depuis une dizaine d'années et qui complète le réseau de seize agences consulaires dans le reste du pays. Les Français travaillent pour la plupart et ont en moyenne 29 ans et demi. Il y a d'abord les jeunes diplômés que les institutions financières s'arrachent à la sortie de l'université ou des écoles, et qui quittent la France pour une expérience à la City. Pour eux Londres c'est la reconnaissance, la consécration. D'autres viennent chercher un premier travail et parfaire leur anglais. Pour ceux là, Londres offre une nouvelle chance dans la vie quand ils se rendent compte que leur formation ne débouche pas sur un véritable emploi.
La crise financière a t-elle entraîné des départs parmi ces deux groupes?
Je m'attendais à ce qu'elle affecte de manière plus forte la présence française à Londres. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu des départs mais on a aussi observé des arrivées, en fonction de la situation des employeurs. Pour ceux qui viennent trouver du travail, il n'y a aucune conséquence même si les délais pour trouver un emploi sont certainement plus longs et que les employeurs britanniques sont peut-être plus attentifs à l'expérience et au niveau de langue. Du coup, on voit peut-être moins arriver de gens sans expérience professionnelle.
Pendant ces quatre ans quelles ont été vos relations avec les autorités britanniques?
J'ai été amené à travailler avec elles en matière d'assistance aux Français de l'étranger, notamment lors du meurtre des étudiants français en juin dernier, pour lequel le consulat a servi d'intermédiaire entre la police et les familles. Dans l'ensemble, les contacts sont excellents et nos interlocuteurs ont toujours le souci de travailler en étroite collaboration avec nous, que ce soit sur des affaires ou des questions d'immigration et de visa. Il y a bien sûr de grandes différences de cultures et de procédures, même si les deux pays font partie de l'Union européenne, et le consulat reste plus que jamais une instance de facilitation et de contact essentielle pour une communauté d'une telle taille.
Propos recueillis par Alexia Eychenne (londres@lepetitjournal.com) jeudi 9 juillet 2009























