Les autorités britanniques poussent jeudi un soupir de soulagement au lendemain d'une soirée où les craintes de violences d'extrême droite, qui secouent le pays depuis une semaine après le meurtre de trois fillettes, se sont dissipées au profit de manifestations antiracistes pacifiques.
Malgré une accalmie et les manifestations antiracistes pacifiques de mercredi, le Premier ministre britannique Keir Starmer a appelé jeudi à ne pas "relâcher" les efforts contre les violences d'extrême droite qui secoué le pays depuis dix jours, notamment à l'approche du week-end.
Là où les forces de l'ordre redoutaient des dizaines de nouveaux rassemblements anti-immigration et des éruptions de violences mercredi soir, des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes pour marquer leur opposition au racisme et à l'islamophobie.
"Il est important que nous ne nous relâchions pas", a déclaré le chef du gouvernement travailliste, qui a présidé jeudi soir une nouvelle réunion de crise avec de hauts responsables de la police.
Si la soirée de mercredi s'est passée "bien mieux qu'attendu", "nous n'allons pas abandonner nos efforts", a-t-il poursuivi, martelant son message de fermeté, après avoir visité une mosquée à Solihull (centre de l'Angleterre).
La ministre de l'Intérieur Yvette Cooper a promis de "poursuivre" la "forte" réponse policière mise en place, face aux risques de nouvelles violences dans les prochaines jours.
Ceux "qui ont l'intention de recourir à la violence et à la destruction n'ont pas disparu", a prévenu jeudi le président du NPCC, l'organisme qui regroupe les chefs des différentes forces de police du pays, Gavin Stephens. Il a notamment évoqué le risque posé par la reprise du championnat de football ce week-end.
- démonstration d'unité -
Dans le quartier londonien de Walthamstow, militants de l'association Stand Up To Racism et habitants, arborant parfois des drapeaux palestiniens, ont brandi mercredi soir des pancartes "Stop à l'extrême droite" et "Réfugiés bienvenus", en opposition frontale avec les actes hostiles depuis une semaine ciblant mosquées ou hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.
Le chef de la police de Londres Mark Rowley s'est félicité d'une "démonstration d'unité", même si "dans quelques endroits des délinquants locaux sont venus" pour se livrer à des actes "antisociaux".
De son côté, le maire de Londres Sadiq Khan a remercié sur X ceux qui ont manifesté pacifiquement pour montrer que la capitale est "unie contre le racisme et l'islamophobie", ainsi que les policiers "héroïques" mobilisés depuis plus d'une semaine.
Contrastant avec l'impression pacifique qui domine jeudi, la police de Londres a indiqué avoir arrêté un élu local travailliste, suspendu par son parti après qu'une vidéo l'a montré appeler à "couper la gorge des fascistes".
A Birmingham (centre), des centaines de personnes s'étaient rassemblées devant un centre d'aide aux migrants. Certains tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Le fascisme n'est pas le bienvenu".
D'autres rassemblements ont eu lieu dans le calme dans nombre d'autre villes, de Brighton (sud) à Bristol (ouest), en passant par Liverpool (nord).
- Fausses informations -
Des tensions ont toutefois éclaté sporadiquement, mais sans commune mesure avec les heurts de la semaine dernière.
A Belfast, la police a annoncé avoir procédé à cinq arrestations après des violences mercredi, lors d'une soirée marquée par de nouveaux actes racistes. Alors que le parlement local se réunit jeudi en raison de la crise, la Première ministre nord-irlandaise Michelle O'Neill a souligné qu'il n'y avait "aucune place pour le racisme sous aucune forme dans notre société".
Au moins 483 personnes ont été arrêtées depuis le début des heurts et plus de 149 personnes ont été inculpées selon la police. Les premières condamnations, allant jusqu'à trois ans de prison, ont commencé à être prononcées mercredi. Jeudi, deux hommes arrêtés lors d'incidents la semaine dernière ont été condamnés à deux ans et huit mois de prison.
Depuis une semaine, le Royaume-Uni a connu des scènes de violences racistes, après la circulation d'informations en partie démenties sur le profil de l'auteur présumé d'une attaque au couteau dans un cours de danse, où trois fillettes de 6 à 9 ans ont été tuées à Southport (nord-ouest de l'Angleterre).
Le suspect a été présenté comme un demandeur d'asile de confession musulmane. Il est en fait né à Cardiff, au Pays de Galles, et sa famille est selon les médias britanniques originaire du Rwanda.