Pierre Decaillot quitte Londres pour s’installer au Portugal en 2016, afin de suivre son épouse dans sa carrière. L’ex président de l’association des retraités militaires d’Ile de France a reçu Lepetitjournal chez lui. Nous revenons sur le parcours hors normes de cet homme qui ne connaît ni la peur, ni l’ennui.
Une enfance heureuse
Pierre Decaillot est né le 22 mars 1937 à Alger, où il a vécu jusqu’à ses 10 ans. Il partage les souvenirs d’une enfance heureuse en tant qu’aîné d’une fratrie au sein de laquelle on comptait un frère et deux sœurs. En 1953, il s’installe dans la région de Toulouse où vivait une partie de sa famille, et s'inscrit au lycée Caousou, école catholique qui avait par ailleurs recueilli une centaine d’enfants juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Parmi les catholiques et les juifs inscrits à cette école, Pierre était le seul protestant. Cet homme extrêmement ouvert d'esprit, est passionné depuis son plus jeune âge par la théologie, et égalememt un fervent défenseur du féminisme. Au bout de quatre ans, il retourne en Algérie, où il passe son bac. De retour en France, il obtient le concours de l’Ecole de l’Air à Salon de Provence. Pierre ambitionne de devenir pilote pour l'armée.
L’aventure comme vocation
Pierre Decaillot est un aventurier dans l’âme, passionné du désert. Une fois diplômé de l’Ecole de l’Air, a 25 ans, il est retourné en Algérie où il a traversé le désert à bord d’un petit avion en civil, au moment même où le Putsch des généraux a eu lieu en Algérie. En tant que sous-lieutenant, il se trouve chargé du rapatriement de garnisons de centaines de militaires français basés en Algérie, mission qui lui a été donnée au pied levé. Une fois cette mission achevée, Pierre Decaillot retourne en permission et part à la découverte du Sahara, à bord d’un avion à hélices en compagnie d’un mécanicien et d’un navigateur. En effet, un navigateur qui connaissait la carte du ciel était un élément essentiel au sein de l’équipage à l’époque, puisque les avions à hélices n’étaient pas équipés de la technologie que nous connaissons aujourd’hui. Pierre raconte « la nuit, on n’avait ni carte ni radar, il fallait se repérer avec les étoiles, comme les marins ».
Pilote du général De Gaulle
Affecté au Groupe de Liaison Militaire Ministérielle (GLAM) à seulement 28 ans, Pierre Decaillot devient le pilote privé du Général De Gaulle deux ans plus tard. Là commence, pour ce jeune pilote, un tour du monde de trois semaines en compagnie du General de Gaulle. A 30 ans, ce dernier devient le pilote attitré de Charles de Gaulle. Cette période, Pierre s’en souvient très bien. Il nous livre des anecdotes à la pelle, dont certaines complètement hors du commun!
Lorsque le chef d’ Etat déclare « vive le Quebec libre », une alerte à la bombe est signalée sur le tarmac de l’aéroport. L’avion qui rapatriait le général en France était potentiellement piégé. Afin de s'assurer qu'il n'explose pas, une seule solution : le faire décoller. Pierre décide alors d'effectuer un vol test, affirmant que si une bombe était à bord, il exploserait alors avec celle-ci étant donné qu’à une certaine altitude la bombe explose! Et c’est en compagnie de son fidèle équipage que ce dernier a effectué un test aérien au péril de sa vie, tout en gardant tout le sang froid qui le caractérise.
Le GLAM demeurait une unité qui comportait des avions non-adaptés aux vols longs-courriers, précisément ceux opérés par Pierre Decaillot.C’est ainsi que ce dernier s’est vu créer l’escadron d’Estelel.
La création de l’Esterel
L’Escadron d’Esterel créé en 1968 est au service de la France. Il effectue des transports spéciaux sur des longues distances, le plus souvent dans le plus grand secret. Qu’il s’agisse de personnes ou encore de divers colis, Pierre Decaillot a vu passer des cargaisons en tout genre à bord de son avion. Aux quatre coins du monde, ce dernier a transporté le gouvernement français durant des années. De Valéry Giscard d'Estaing à Malraux en passant par Jacques Chirac, ce dernier a été le pilote de confiance de toute une génération d´hommes politiques français.
Le pilote voyageait également dans le cadre du transport de matériel destiné aux premiers essais nucléaires. Dans le plus grand secret, le pilote transportait des tonnes de charges nucléaires depuis Paris jusqu'à Point-à-Pitre, pour les acheminer ensuite jusqu’en Polynésie française, trajet extrêmement long qui n'avait jamais été réalisé auparavant. Devenu capitaine puis commandant de l’armée de l’air d’Esterel, Pierre Decaillot est également l’homme qui a trouvé le nom et dessiné le logo de cet escadron. Logo, qui par ailleurs demeure inchangé.
Coup de coeur au Portugal
Pierre Decaillot s’est installé au Portugal afin d'y suivre sa femme dans sa carrière. Il est rapidement tombé sous le charme de ce pays. Il nous livre volontiers son amour pour la petite ville d’Ericeira, qu’il trouve absolument extraordinaire. Ce dernier cultive également un attrait pour la ville de Porto, notamment la Tour des Clercs.