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50 ans de la Révolution des œillets-rencontre avec Aprígio Ramalho, capitaine d’Avril

Lepetitjournal est allé à la rencontre d’un des acteurs de la Révolution des œillets à l’occasion de l’anniversaire des 50 ans du 25 avril 1974. Lors de cet entretien filmé, l’ancien capitaine révolutionnaire nous livre son récit de la Révolution ainsi que sa vision du monde politique actuel.

Coronel Aprígio Ramalho, capitaine d’AvrilCoronel Aprígio Ramalho, capitaine d’Avril
Écrit par Agathe Trigueiro
Publié le 24 avril 2024, mis à jour le 5 mai 2024

 
Le colonel Aprígio Ramalho est vice-président de l’association 25 de Abril au Portugal. Ce dernier a participé à la Révolution en 1974 lorsqu’il était encore capitaine, à Viseu. Lors de cet entretien filmé avec Lepetitjournal, ce dernier évoque ses souvenirs puis dans un deuxième temps il évoque sa vision de l’avenir de son pays.
 
 

 

Suite de l´interview :

 

Lepetitjournal : Comment appréhendiez-vous l’idéal de décolonisation ?
 

Colonel Aprígio Ramalho : Il s’est avéré nécessaire de faire cette transition, qui s’appelle en fait décolonisation mais qui n’est pas juste une décolonisation, c’est un transfert du pouvoir de la puissance coloniale vers les représentants de chacun de ces pays. A ce moment-là, tous les autres pays du monde avaient déjà impulsé la décolonisation. Il est évident que, face à cette situation, en imposant une guerre aux Portugais, pour ne pas assurer la négociation et le transfert de pouvoir, nous avons dû organiser les choses de telle sorte que par la voie de la négociation par le biais d’accords, il fallait mettre fin à la guerre de toute urgence. Il faut toujours trouver un responsable, et de fait les responsables étaient les responsables politiques, issus du régime précédent qui ont maintenu une guerre sur 13 ans sans avoir eu la capacité de négocier une solution politique au problème, ce  qui aurait été beaucoup plus facile et beaucoup moins traumatisant que ce qui est arrivé de facto en 75.
 

Que pensez-vous de l’état actuel de la démocratie au Portugal ? Puisque nous venons d'assister aux élections législatives avec un parti d’extrême droite qui se révèle grand vainqueur et une droite qui gagne. Dans quel état se trouve la démocratie au Portugal aujourd’hui, alors que nous célébrons le 50e anniversaire du 25 avril ?

Je commencerais par dire qu’il est très clair pour moi qu’en démocratie, il y a toujours une issue aux problèmes, il y a toujours des solutions qui peuvent être plus compliquées ou plus faciles, mais il y a toujours une issue avec la démocratie. Si je fait un effort d’analyse par rapport à ce qui s’est passé aux dernières élections, pour moi elles mettent en évidence les conséquences de plusieurs problèmes et peut-être d’une certaine fatigue des gouvernants d’un même parti politique et des mêmes figures politiques pendant huit ans, qui n’ont pas toujours correspondu ou coïncidé avec ce qu’étaient leurs promesses.

 


Comment voyez-vous l’avenir de l’Europe et du Portugal ?
 

Selon moi l’ Europe ne va pas bien. Je pense qu’elle traverse une période très critique, je ne suis pas partisan des grands chefs parce que cela finit généralement par mal tourner. Celui qui vient vêtu d’une peau d’agneau peut se transformer en loup comme l’Histoire nous l’a déjà appris. Donc l’Europe fait face à de grandes difficultés en ce moment, notamment celle d’avoir une voix qui soit consensuelle pour résoudre des problèmes fondamentaux. L’ensemble de la société mondiale connait un manque de leadership politique. L ’OTAN, qui a été créée en tant qu’organisation défensive et non offensive est aujourd’hui, dans de nombreux cas, devenue une organisation offensive, et ce, en dépit des intérêts européens. Tout cela s’est fait dans l’intérêt américain et cette situation n’est pas du tout agréable de mon point de vue. L’Europe doit se libérer de cette tutelle et avoir la capacité d’imposer aussi ses intérêts d’une manière plus ferme.
 
Pour ce qui est du Portugal, je dois rester optimiste à l’égard de mon pays, mon pays restera un pays démocratique, nous continuerons à lutter et à faire des efforts pour que les gens vivent dignement dans notre pays. Il faut qu’il y ait une plus grande équité dans la distribution des richesses et que les Portugais puissent en effet vivre heureux et dans la dignité.

 

En savoir plus sur l´association 25 avril.

 

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