La méditation transcendantale: une solution pour l’éducation au Pérou ?

 

 

Une phrase célèbre de Nelson Mandela dit que « L'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde ». Il avait raison, puisque, en effet, l'éducation est un mécanisme essentiel qui, en tant qu'individus, nous offre nos premières clés d'analyse.

Elle nous permet d'interroger notre environnement, de questionner notre place dans le monde et de comprendre la complexité de l'univers social qui nous entoure.

Il est indispensable d’avoir une population cultivée pour vivre dans un système démocratique comme l'est, ou aspire à l'être, le nôtre. Que ce soit pour voter, débattre ou simplement contribuer au développement du pays, l’éducation joue un rôle fondamental.

Malgré son importance cruciale, nombreux sont les pays qui peinent à offrir un enseignement de qualité à l'ensemble de leur population.

Le Pérou n’échappe pas à ce mal, et c’est ainsi qu'un taux important de désertion scolaire, un manque d'infrastructures de qualité, une formation insuffisante des enseignants ainsi que des inégalités marquées entre les zones rurales et urbaines viennent s'ajouter aux défis majeurs auxquels l'éducation péruvienne est confrontée.

De même, le pays andin souffre d'une instabilité endémique au ministère de l’Éducation, rendant impossible le développement d'une politique de réforme à long terme. Depuis l'arrivée, il y a seulement deux ans, de la présidente Dina Boluarte, cinq ministres de l'Éducation se sont succédé. De plus, depuis 2016, la durée moyenne d'un ministre à ce poste n'a été que de huit mois.

Tout cela étant dit, il semble donc capital de se demander : que faire de notre système éducatif national ?

Comment avancer alors que de nombreuses tentatives de réforme ont été enterrées par la corruption, le manque de budget ainsi que l'instabilité démocratique et gouvernementale du pays ?

Quels nouveaux mécanismes pourrions-nous envisager, auxquels nous n'avons pas encore pensé en plus de 200 ans de république ?

Je viens donc essayer de répondre partiellement à ces questions en proposant une solution prometteuse : une technique innovante qui a été mise en œuvre avec succès dans plusieurs écoles au Pérou : la méditation transcendantale.

Pour mieux comprendre le potentiel de cette technique, notre rédaction a eu l'opportunité d’échanger avec Javier Ortiz Cabrejos, président de l'Institut Maharishi de Science et Technologie du Pérou et spécialiste de l'intégration de la méditation transcendantale dans le domaine éducatif.

 

 

 

 

Sur la méditation trascendentale

Étant donné que, pour certains, le concept de méditation transcendantale reste encore un peu flou et que d'autres ne l'ont peut-être jamais entendu, il semble donc important de commencer par expliquer ce que c'est et en quoi cela consiste.

Il faut commencer par le commencement. Cette technique trouve son origine chez Maharishi Mahesh, un physicien et mathématicien indien qui a introduit la méditation transcendantale en Occident dans les années 1950 et 1960. Tout au long de sa vie, Maharishi a cherché à faire de la pratique de la méditation un sujet de recherche scientifique afin de démontrer ses bienfaits.

Dans les années 1970, plus de 800 études ont soutenu l'efficacité de la méditation transcendantale. Celle-ci a connu un grand succès en raison du peu d'effort requis pour la pratiquer, ainsi que de sa grande accessibilité, puisqu'elle ne nécessite aucune adhésion à une philosophie ou à une religion particulière.

 

Mais en quoi consiste-t-elle exactement ? Javier Ortiz nous explique : « Pour cette technique, un mantra — un son mental sans signification — est utilisé comme guide. Ce son, qui ne doit pas avoir une signification spécifique, nous permet d’atteindre des niveaux plus profonds de conscience. »

Notre niveau de conscience est déterminé par ce que nous pouvons percevoir, et cette perception est limitée, tant dans les couleurs que dans les informations que nous recevons.

Bien que nous pensions nous connaître, la majeure partie de notre être — corps, esprit, émotions et sentiments — est influencée par notre subconscient, qui représente environ 90 % de notre esprit.

 

M. Ortiz affirme que « méditer permet de rendre ce subconscient plus conscient, favorisant une exploration et une compréhension plus profondes de notre esprit, ce qui peut se traduire par une meilleure compréhension de nos sentiments, de nos raisons d’agir, entre autres. »

 

Sur cette technique au Pérou

Javier Ortiz, diplômé en architecture de l'Université Ricardo Palma, est un précurseur de la méditation transcendantale au Pérou. Après ses études, il s'est formé pour devenir professeur de cette méthode. Il dirige actuellement l'Institut Maharishi de Science et Technologie, un centre de formation à but non lucratif reconnu par le Ministère de l'Éducation qui enseigne la méditation transcendantale.

 

Ses cours, généralement dispensés à Lima, s'inscrivent dans une tradition d'enseignants qui l'ont précédé, incluant des étrangers, notamment des Espagnols et des Chiliens, qui ont également contribué à la diffusion de la méditation dans le pays.

C’est dans les années 1990 que Javier et son Institut ont entrepris la première application de la méditation transcendantale dans le milieu éducatif. Ils ont collaboré avec plusieurs écoles où ils ont observé des résultats encourageants, notamment une amélioration des rendements scolaires.

Ce succès a suscité un intérêt croissant pour la méditation en tant qu'outil de transformation pour les jeunes en situation difficile, et depuis 1997, il a travaillé avec environ 90 écoles et plus de 70 000 étudiants au Pérou.

Ce succès a même attiré l’attention de l'État, aboutissant à un accord signé l'année dernière avec la Direction Régionale de l'Éducation de Puno, afin d'appliquer l'enseignement de la méditation de manière holistique dans la région.

 

 

Sur le programme éducatif au Pérou

Mais concrètement, en quoi consiste l'application de la méditation transcendantale dans le domaine éducatif, et quel est le programme suivi ? Javier Ortiz souligne que le programme a évolué depuis le début de son implémentation.

“Autrefois, le programme était accessible à tous les élèves souhaitant y participer ; le directeur de chaque institution les invitait à se joindre. Cependant, aujourd'hui, des conventions formelles ont été établies avec les écoles. Avant de mettre en œuvre le projet et de signer l'accord, une présentation est faite aux enseignants, qui doivent donner leur accord au préalable.”

Une fois cet accord conclu, une équipe de professeurs de l'Institut Maharishi organise une formation intensive d'une semaine pour former les enseignants en tant que moniteurs, afin qu'ils puissent guider leurs élèves dans la pratique quotidienne. Par la suite, ces enseignants dirigent les séances de méditation à des horaires choisis par chaque institution. La pratique s'effectue deux fois par jour : une séance à l’école et l’autre comme devoir à la maison.

Une fois la formation terminée, l'équipe se déplace vers d'autres écoles, mais revient toutes les 2 à 3 semaines pour superviser l'avancement du projet, corriger les erreurs et affiner les résultats. Tout problème qui pourrait survenir dans l'enseignement et la pratique est rapidement traité, car les enseignants maintiennent un contact direct avec l'équipe de supervision pour résoudre efficacement toute difficulté. Cette approche garantit une pratique correcte de la technique, assurant une expérience positive et bénéfique pour tous les participants.

 

 

Sur le support scientifique derrière cette pratique

L'application de la méditation transcendantale au Pérou a été accompagnée de plusieurs supports scientifiques. L'Institut Maharishi de Science et Technologie collabore avec le Maharishi Vedic Research Institute, un institut de recherche agréé (ARI) par le gouvernement fédéral australien. Cette collaboration a permis de transformer les résultats obtenus dans les écoles péruviennes en articles académiques publiés dans des revues renommées, telles que le Journal of Latinos and Education.

De plus, la Pontificia Universidad Católica del Perú (PUCP) a déjà publié des articles dans sa revue académique, mettant en lumière des cas spécifiques d'application de la méditation transcendantale dans les écoles par l'Institut.

Enfin, cette collaboration avec des institutions académiques a permis d'affiner les tests initialement utilisés pour mesurer l'efficacité de la méditation. Actuellement, l'équipe dirigée par Javier Ortiz utilise des méthodologies d'évaluation telles que le DASS-21, qui mesure la dépression, l'anxiété et le stress, le PWI, qui évalue la perception du bien-être personnel, ainsi que le test de Rosenberg, qui évalue les niveaux d'estime de soi des étudiants.

 

 

 

 

Ces derniers, accompagnés de tests d'autoévaluation, ont montré d'énormes évolutions chez les élèves dans ces catégories ainsi que dans leur rendement scolaire.