

L'Ipod, nouvelle source de surdité (AFP)
(Rédaction internationale) - Les chiffres du ministère de la Santé sont clairs, en octobre 2008, "environ 10 % des jeunes de moins de 25 ans présentent une perte auditive pathologique" due à une exposition prolongée au bruit émanant notamment des baladeurs. Car si les jeunes aiment écouter de la musique, ils aiment d'autant plus l'écouter à des niveaux sonores élevés, donc dangereux pour leur audition. En ville, dans le métro, comme à la maison, quand on a besoin de s'isoler de la foule ou de nos êtres chers, rien de mieux que de sentir vibrer ses écouteurs. Seul hic : l'isolement auditif peut s'avérer définitif. "Entre 5 % et 10 % des propriétaires de baladeurs, soit de 2,5 à 10 millions de personnes dans l'Union européenne, risquent des pertes auditives irréversibles s'ils règlent le son trop fort [plus de 89 décibels ndlr]", explique le Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux de l'Union européenne (CSRSEN).
Les causes du mal
Les spécialistes de l'audition sont formels : écouter de la musique de façon prolongée est mauvais pour vos oreilles. "Le port prolongé d'un baladeur entraîne une fatigue auditive, qui se traduit d'abord par une sensation d'oreille cotonneuse, puis par une perte des sons aigus. Il faut absolument respecter un temps de repos sonore égal à celui de l'exposition.", explique le professeur Bruno Frachet, chef du service ORL de l'hôpital Avicenne (Bobigny). Le volume de l'exposition est également à surveiller. Le Comité européen estime qu'à un niveau sonore de 80 décibels, le temps d'exposition ne doit pas excéder 40h/semaine. A 89 décibels, celui-ci ne doit pas dépasser 5h/semaine. Les spécialistes soulignent également que la "compression"de la musique depuis les années 1990 porte préjudice à nos conduits auditifs. "La compression consiste à remonter le niveau faible au niveau fort, comme le font les publicitaires à la télévision. L'industrie compresse la musique pour que l'utilisateur de MP3 puisse l'entendre malgré le bruit ambiant de la ville, du métro ou de la voiture, sans avoir à tourner le bouton du volume", explique Christian Hugonnet, acousticien et président de la Semaine du son.
L'Europe tendra-t-elle l'oreille ?
Si la France impose depuis 1998 que le niveau des baladeurs et des téléphones jouant de la musique ne dépasse pas 100 décibels, le reste de l'Europe est loin de suivre l'exemple. Les scientifiques du CSRSEN estiment en effet qu'une exposition à un volume élevé n'est en soi pas dangereux si elle n'est ni prolongée ni fréquente, ils ne préconisent donc pas de limitation du volume. L'Association européenne des consommateurs pour la normalisation (ANEC) souhaite pourtant une réglementation de l'U.E. "Nous demandons deux limites, la première par défaut à 89 décibels, et la seconde, qu'on ne puisse atteindre que grâce à un code, à 100 décibels", explique Chiara Giovannini, experte en la matière. L'industrie musicale est donc priée de se convertir à l'"écologie sonore"en décompressant sa musique et en avertissant le consommateur des dangers encourus. En 2010, le Parlement européen devrait se prononcer sur ce sujet. Les associations de défense des consommateurs espèrent qu'il ne fera cette fois pas la sourde oreille.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mercredi 23 décembre 2009
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Article du Monde, Les fabricants d'Ipod et de mp3 invités à baisser le son


































