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La renaissance du vignoble de Seyssuel

C'est Pierre Gaillard qui le premier arpente les coteaux de Seyssuel. Il voulait vérifier ce que les anciens de son village lui avaient maintes fois conté dans sa jeunesse. Là, un vignoble abandonné fût pendant longtemps l'un des meilleurs de la région. Lors de ses études à Beaune, il retrouve les écrits de l'historien Olivier de Serres. Les Vins de Seyssuel étaient parmi les plus prestigieux de tout l'Empire Romain et s'appelaient Taburnum, Sotanum et Heliucum. Pierre Gaillard commande une étude du sol et du sous-sol. Les observations se confirment: un sol composé d'argile et de schistes et un sous-sol de micaschistes orientés verticalement, l'exposition plein sud avec un ensoleillement dès le matin. Enfin, un microclimat exceptionnel que favorise la largeur du Rhône et la déclivité du coteau. Voici un terroir d'exception pour faire un très grand vin !

La paradigme : ces terres sont situées à une vingtaine de kilomètres de Lyon, sur la rive gauche du fleuve. Depuis l'autoroute A7 en remontant vers Lyon, tournez la tête et observez les ruines du château de l'Archevêque au milieu des vignes. Vous êtes à présent au c?ur du vignoble de Seyssuel !

Pourquoi ce vignoble a-t-il disparu ?

Au 19ème siècle, les vins de Seyssuel sont très appréciés à Lyon. Le coteau est très incliné et les conditions de travail sont même dangereuses. Le phylloxera n'épargnera pas ce vignoble. Il fallut alors le reconstituer. Le choix de replanter en pieds hybrides plutôt que de procéder à de la greffe de Syrah sur pied américain fut retenu. Progressivement les coteaux sont délaissés au profit des plateaux plus faciles à cultiver. Mais toutes ces décisions sont malheureuses : la qualité des vins chute. Puis l'autoroute A7 met Vienne à 20 minutes de Lyon, et le prix du foncier grimpe. Les terres sont recherchées. Ce vignoble disparait.

Le pari fou de trois hommes du vignoble septentrional

Un soir de 1996, Pierre Gaillard, François Villard et Yves Cuilleron, alors jeunes producteurs de Saint Joseph et Côte Rôtie, se retrouvent à dîner et font naître le projet. Nos trois jeunes producteurs de vins, poussés par la passion et l'audace décident de créer la Société des Vins de Vienne. Un premier lopin de terre est acheté, et les week-ends sont consacrés à arracher, dynamiter, creuser des chemins et planter des vignes. Le terrain est hostile, la pente sévère. Qu'importe, ce n'est pas pire qu'en Condrieu ou en Côte Rôtie !

Très vite, les premières décisions stratégiques se prennent en commun: quel cépage planter, sur quelle parcelle ? Quel type de pieds planter ? Quelle méthode d'agriculture adopter ? Les trois vignerons partagent à livre ouvert leurs expériences. Les Vins de Vienne sont pour chacun d'entre eux une plateforme collaborative. Quelle modernité !

Les premiers raisins sont récoltés en 1998.  On fera un vin 100% Syrah : le Sotanum. Cette première cuvée est exceptionnelle de concentration et d'élégance. Les premières bouteilles sont portées dans les grands restaurants étoilés de la région, et les sommeliers de Point, Bocuse, Georges Blanc achètent. Le concept est lancé.

La naissance d'un grand domaine

Dans un premier temps, le domaine des Vins de Vienne s'étend sur 11ha de vignes réparties en plusieurs parcelles disséminées entre Seyssuel et Vienne. Les vins sont vinifiés d'abord chez l'un ou chez l'autre. Pour obtenir une assise financière plus solide, les Vins de Vienne font l'acquisition de 5 à 6 ha de terres supplémentaires en Condrieu, Côtes Rôties et Saint Joseph. Depuis ils achètent également le raisin de producteurs en Saint Joseph, Hermitage, Saint-Péray, Côtes du Rhône, Châteauneuf du Pape et Gigondas.

En 2009, un investissement majeur voit la création d'une unité de production, de mise en bouteille et de chai de stockage ultra moderne à Chavanay. Ici, nous sommes prêts à faire à la fois du parcellaire et du volume, nous indique Pierre Gaillard. Nous pouvons produire 350 000 bouteilles.

Doit-on dire vins de Seyssuel ou Terres de Viennae ?

Depuis la création des Vins de Vienne, d'autres producteurs, dont d'illustres maisons comme Chapoutier décident d'exploiter ce terroir. Ensemble, ils travaillent pour obtenir de l'INAO la reconnaissance de ce terroir, qui pourrait s'appeler « Vins de Seyssuel ». Ce vignoble pourrait compter jusqu'à 120 ha dans le futur (taille de celui de Condrieu), et le processus sera long.

En attendant, nous vous invitons à découvrir les trois cuvées proposées par les Vins de Vienne.

- Le Taburnum : pur Viognier sur schiste, élevé pendant 18 mois et offrant une palette aromatique d'une grande précision et d'une grande richesse. Moins minéral qu'un Condrieu, il est plus « abricot et orange confite ». C'est un vin de garde par excellence. Goûtez la différence !

- L'Heliucum : pure Syrah sur schiste. C'est le vin obtenu de jeunes vignes de 5 à 6 ans. C'est le petit frère du Sotanum avec une concentration plus faible. Il dispose déjà d'une belle trame tannique et d'une jolie profondeur en bouche. C'est déjà un remarquable vin de garde.

- Le Sotanum : obtenu sur les meilleurs côteaux du vignoble avec les vignes initialement plantées entre 1996 et 2000. C'est un vin d'une grande concentration et d'une grande élégance. A goûter absolument en dégustation à l'aveugle avec un grand vin de la Côte Brune ! Retrouvez John Euvrard sur la dégustation de ce vin.

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John Euvrard déguste le Sotanum 2007

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