

Non content d'éclabousser de nombreuses personnalités, le procès de l'Angolagate en touche d'autres indirectement. Versés au dossier, les carnets secrets d'Yves Bertrand, ex-patron des RG, mêlent notamment Sarkozy, Pasqua, Jospin et Montebourg dans cette bouillie médiatico-judiciaire
Ses secrets dévoilés en place publique, Yves Bertrand a de quoi grimacer (photo AFP)
Yves Bertrand n'est plus aux affaires, mais il fait encore peur. L'ancien patron des Renseignements Généraux, de 1992 à 2004, intervient bien malgré lui dans le retentissant procès sur le vaste trafic d'armes entre l'Angola et la France, rebaptisé Angolagate.
Impliquant de nombreuses personnalités de haut rang accusées d'avoir touché commissions et autres rétro-commissions - de l'homme d'affaires Pierre Falcone à l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, en passant par Jean-Christophe Mitterrand et l'écrivain Paul-Loup Sulitzer, le dossier fait tâche d'huile sous la forme de 23 cahiers à spirales sulfureux saisis par la justice dans le cadre d'une autre affaire judiciaire, celle de Clearstream?
Dans 23 carnets secrets, l'ancien chef des RG, Yves Bertrand a scrupuleusement consigné les rumeurs et ragots sur tout le sérail français, qui sont parvenues à ses oreilles au cours de son travail.
Nota bene
Les carnets ont été ajoutés au dossier de l'Angolagate à la demande de la défense, qui souhaite remettre en cause l'intégrité du magistrat instructeur, Philippe Courroye, soupçonné d'avoir rencontré de façon abusive l'ex-patron des RG. Problème : dans ces "livres noirs"apparaissent aussi, et surtout, des indiscrétions sur quantité d'hommes politiques, telles que celles publiées par Le Point, le 9 octobre.
Figurant dans ces extraits, Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua et Arnaud Montebourg ont d'ores et déjà déposé plainte contre Yves Bertrand, pour dénonciation calomnieuse, faux et usage de faux, recel et atteinte à l'intimité de la vie privée.
Tandis que Lionel Jospin y réfléchit aussi, l'ancien Premier ministre socialiste accuse Dominique de Villepin d'avoir encouragé ces "opérations de basse police", en pointant du doigt le "nombre extravagant"de rendez-vous (33, ndlr) entre Bertrand et de Villepin, de janvier 2001 à octobre 2002. Ce dernier s'en défend. De son côté, l'ancien chef des RG s'offusque des plaintes à son encontre, qui ne visent selon lui que "des brouillons". "[?] c'est rien un brouillon", a-t-il ajouté, en précisant qu'il n'avait "jamais rien fait circuler".
Pourtant des ministres de l'Intérieur sous lesquels Yves Bertrand a officié, comme Paul Quilès et Jean-Pierre Chevènement, se souviennent dans Le Monde de lundi, avoir eu en mains ces indiscrets feuillets.
Nicolas MANGIN. (www.lepetitjournal.com) mercredi 22 octobre 2008
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Le Monde ? Carnets d'Yves Bertrand : quatre ministres de l'Intérieur répondent










































