

Le professeur de droit toulousain Jacques Viguier a été acquitté en appel, samedi à Albi, du meurtre de sa femme Suzanne. Après un procès de 3 semaines, les jurés n'ont pas suivi le réquisitoire de l'avocat général qui demandait, devant les assises du Tarn, de 15 à 20 ans pour le meurtre de son épouse, disparue mystérieusement le 27 février 2000
L'affaire Viguier est définitivement classée. Le procureur général l'a d'ailleurs bien confirmé : "Je n'envisage pas de pourvoi, la vérité judiciaire a été dite, tout a été exprimé, exposé. Les jurés ont déclaré l'intéressé non coupable après un deuxième procès, il n'y a pas de matière pour former un pourvoi en cassation."
Pas de preuve à conviction
Alors que les s?urs et l'amant de Suzy ont toujours cru Jacques Viguier coupable, celui-ci n'avait pas véritablement de mobile à tuer son épouse, si ce n'est celui d'un divorce en cours. Les seuls indices qui pesaient à son encontre - le fait qu'il ait détruit un matelas après la disparition de sa femme ou négligé de déclarer à la police qu'il avait retrouvé son sac à main avec ses clefs - ont été considérés par la défense comme insuffisants.
C'est donc le clan des enfants qui a eu raison de la justice. "Si papa était aussi odieux qu'on le dit, nous ne serions pas là tous les trois autour de lui, pour le protéger", disait, lors du procès, Clémence Viguier, 20 ans. "C'est lui qui nous a élevés. Et s'il était aussi horrible qu'on le dépeint, on ne serait pas là tous les trois".
Jacques Viguier au palais de justice d'Albi, le 1er mars 2010, aux côtés d'un de ses avocats Me Jacques Lévy (AFP)
Jacques Viguier a demandé à la presse de le «laisser en paix»
Dimanche matin à Toulouse, Jacques Viguier s'est exprimé durant quelques secondes devant la presse, dans le cabinet de son avocat Jacques Levy : «Nous avons vécu dix années d'horreur, je suis très heureux de ce résultat. Nous avons besoin de nous reconstruire. Nous vous demandons, mes enfants et moi, de nous laisser en paix.»
«Il est épuisé, fatigué, il faut qu'il retrouve le calme», a expliqué à la presse Jacques Levy, qui est revenu sur le verdict : «Il n'est pas acquitté au bénéfice du doute, ni grâce à ses enfants. Il est acquitté car il est innocent», a-t-il insisté.
Jaques Viguier est également bien décidé à demander "une petite réparation matérielle" pour les neuf mois qu'il a passé en détention provisoire en 2000.
"Qu'est devenue Suszy?"
Le professeur a souligné qu'il ne serait totalement libéré que "quand on saura ce qu'est devenue Suzy", sa femme. "C'est une souffrance de vivre dans l'incertitude sur ce point", a-t-il ajouté. "Je pense que j'ai été acquitté parce qu'il y avait un dossier vide", a estimé Viguier. "C'est l'amour qui a existé avec mes trois enfants qui m'a permis de vivre, de survivre, pendant ces dix ans", a enfin déclaré Jacques Viguier.
Il ne reste plus qu'à Jacques Viguier à reprendre une vie normale et c'est bien son intention. «Je n'ai jamais quitté mon travail. Ca n'a jamais cessé. Tous mes proches m'ont soutenu, donc je ne vais pas déménager sous les cocotiers.»
Claire Largillière (www.lepetitjournal.com) lundi 22 mars 2010
En savoir plus :
Le Parisien : Procès Viguier - il n'y aura pas de recours
France 2 : Jacques Viguier est désormais libre




































