En Afrique du Sud quotidiennement, c’est la course contre la montre. Recharger son ordinateur et son téléphone. Préparer les repas. Ou encore faire la lessive. Beaucoup de choses à faire avant que le courant ne soit interrompu lors d’un délestage programmé. Bienvenue dans le quotidien des quelque 60 millions de Sud-Africains.
Des load shedding depuis plus d’une décennie
C’est en 2007 que commencent les délestages électriques. S'il y a délestage, c’est parce qu’il n’y a pas assez d’électricité pour tous les Sud-Africains ! Loin d’être résolue par la suite, cette crise énergétique sud-africaine se poursuit, le pays en proie à des coupures de courant régulières et généralisées.
Pourquoi ces délestages électriques ?
Ce sont des coupures programmées et organisées avec une rotation géographique, afin de limiter l’impact de la consommation d’électricité. Ces coupures surviennent en cas de fortes tensions sur le réseau électrique, lorsque le système ne parvient pas à répondre à tous les besoins. Elles sont généralement mises en œuvre pour éviter une panne de grande ampleur. Bien que l'Afrique du Sud dispose d'un réseau national, certaines régions du pays connaissent davantage de périodes de délestage que d'autres, en raison des différences de capacités de production d'électricité au niveau local et des difficultés de distribution de l'électricité. En définitive, même si le délestage électrique ne constitue que la réponse à la crise, une façon de l’atténuer, il est à juste titre, une source de frustration pour tout le monde.
Une catastrophe annoncée
Dans un rapport de 1998, des analystes et dirigeants d'Eskom et du gouvernement sud-africain tiraient déjà la sonnette d’alarme, déclarant qu'Eskom serait à court de réserves d'électricité d'ici 2007 si aucune mesure n'était prise pour l'en empêcher… Comme prévu, la réserve s'est tarie, et le mot redouté de "délestage était prononcé pour la première fois devant le public en 2007.
Depuis lors, l'Afrique du Sud subit ces load shedding; le pays n'ayant pas construit de nouvelles centrales électriques pour suivre la croissance économique et remplacer les centrales vieillissantes.
Entre 1961 et 1996, 15 centrales électriques étaient mises en service pour une capacité combinée de 35 804 MW. Après la première période de délestage de 2007, deux nouvelles centrales électriques aux charbons étaient mises en construction : Medupi et Kusile, ajoutant ainsi 9564 MK de capacités électriques. Cependant, à l'heure actuelle, ces centrales ne sont toujours pas pleinement opérationnelles. Des défauts de conception, la corruption et une mauvaise gestion ont retardé leur achèvement.
Aujourd’hui, de nombreuses centrales d'Eskom sont vieillissantes et auraient déjà due être mises hors service. Le parc existant a donc continué de fonctionner au-delà de sa durée de vie, entrainant des pannes et des interruptions imprévues qui réduisent la quantité d'électricité disponible pour le réseau.
Depuis la première période de pénurie chronique d'électricité en 2007, 4 nouvelles périodes de délestages se sont succédé jusqu’à aujourd’hui. Les effets de COVID-19, la poursuite du délabrement de centrales électriques vieilles de 40 ans, la guerre, les pénuries mondiales, l'augmentation des coûts, les procès, les changements de direction et une nouvelle hausse de la demande d'électricité ont permis aux années 2022 et 2023 d'atteindre des niveaux d'interruption record.
Comprendre les niveaux de load shedding
Huit niveaux de délestages ont été mis en place par Eskom, chacun d’entre eux permettant de retirer 1000 MW cumulés de charge énergétique, au réseau national (de 1000MW de délestage pour le niveau 1 à 8000MW de délestage pour le niveau 8). Pour la plupart des régions du pays, les load shedding de niveau 1 à 4 sont mis en œuvre par tranche de 2 heures. Toutefois, dans les banlieues de Johannesburg approvisionnées par Eskom, les blocs de coupure peuvent être d’une durée de 4h00. Chacune de ces périodes est assortie de 30 minutes supplémentaires pour permettre la commutation des réseaux de manière à ne pas endommager le système électrique.
Force est de constater que la fréquence des délestages (c'est-à-dire le nombre de fois par jour) augmente au fur et à mesure que les niveaux augmentent. De même que la durée des coupures.
- Load shedding niveau 1 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à trois fois 2h00 sur une période de quatre jours, ou trois fois 4h00 sur une période de huit jours.
- Load shedding niveau 2 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à six fois 2h00 sur une période de quatre jours, ou six fois 4h00 sur une période de huit jours.
- Load shedding niveau 3 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à neuf fois 2h00 sur une période de quatre jours, ou neuf fois 4h00 sur une période de huit jours.
- Load shedding niveau 4 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à douze fois 2h00 sur une période de quatre jours, ou douze fois 4h00 sur une période de huit jours.
- Load shedding niveau 5 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à douze fois sur une période de quatre jours ; neuf fois 2h00, trois fois 4h00.
- Load shedding niveau 6 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à douze fois sur une période de quatre jours ; six fois 2h00, six fois 4h00.
- Load shedding niveau 7 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à douze fois sur une période de quatre jours ; trois fois 2h00, neuf fois 4h00.
- Load shedding niveau 8 : Les consommateurs peuvent s'attendre à être délesté jusqu'à douze fois 4h00 sur une période de quatre jours.
Si la charge à délester est supérieure à celle prévue aux étapes 1 à 8, un délestage supplémentaire non programmé pourra avoir lieu, en dehors des heures prévues.
Pour rester informé rendez-vous sur le site web principal d’Eskom, sur la page d’accuiel du site web de délestage ou en consultant l’application MyEskom sur vos smartphones.