

Historique. Voilà le mot qui qualifie le changement de gouvernement qui s'opère suite aux élections japonnaises ce week-end. Les centristes remportent ces législatives à la majortité absolue, donnant, malgré leur absence d'expérience gouvernementale, espoir à un Japon vieillissant et en crise
(Rédaction Internationale) - C'est un fait historique que vit le Japon aujourd'hui puisque les législatives organisées ce week-end ont donné environ 300 sièges sur les 480 de la Chambre des députés aux centristes du Parti Démocrate du Japon (PDJ). Bien que les sondages au sortir des urnes le prédisaient, cette victoire étonne encore le Japon dominé depuis 54 ans par le Parti Libéral Démocrate (PLD - droite) du Premier ministre Taro Aso. Au final de ces élections la bourse de Tokyo a fait un bond. L'indice Nikkei a atteint son plus haut niveau depuis le début de l'année à 2.21 %.
Après avoir perdu les élections au sénat en août 2007, le PLD éprouvait les plus grandes difficultés à gouverner et le pays connaissait depuis plus de deux ans une quasi-paralysie institutionnelle. Le PLD avait bâti son assise politique sur des partenariats formés avec la haute finance et les bureaucrates. Cette stratégie, si elle a transformé le Japon en poids lourd économique après la Seconde Guerre mondiale, a fini par ne plus porter ses fruits à la fin des années 1980 et la croissance du pays stagnait depuis lors. Le PLD était au c?ur de scandales politiques, de retournements de stratégie et d'une incapacité politique, qui lui ont coûté sa réputation. "Ces résultats sont sévères", a déclaré Taro Aso lors d'une conférence de presse télévisée. "Il y a eu une grande insatisfaction vis-à-vis de notre parti"ajoute t-il. Sa démission est fort probable. "C'est la fin du système politique de l'après-guerre au Japon", analyse Gerry Curtis, expert japonais à l'Université Columbia.
Des problèmes de fond pour un gouvernement sans expérience
Et c'est un Japon en proie à de sérieuses difficultés que Yukio Hatoyama (photo AFP) du PDJ récupère. Deux problèmes majeurs se présentent. Tout d'abord, le vieillissement de la population qui va grandissant avec plus d'un Japonais sur quatre qui devrait être âgé de plus de 65 ans en 2015. Le financement des dépenses de santé, des prestations sociales et des retraites en dépend directement. Le PLD a promis d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages et de mettre en place des allocations familiales et des aides aux plus démunis.
La deuxième problème concerne la récession économique qui frappe de plein fouet l'Archipel. Sur ce point un petit espoir se dessine puisqu'on parle de sortie de crise pour ce deuxième semestre même si la déflation fragilise la reprise économique et le chômage bat son record historique à 5.7 %. Le PDJ prévoit entre autres des baisses d'impôts pour les petites entreprises.
Japon/USA, une amitié plus indépendante ?
Le PDJ souhaite un détachement de ses relations avec Washington, l'ami de toujours et un rapprochement vers les autres pays d'Asie. "Nous avons confiance dans le fait que l'alliance forte entre les Etats-Unis et le Japon et le partenariat entre nos deux pays va continuer de prospérer sous le prochain gouvernement à Tokyo", écrit le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs. Il y a toujours 47.000 soldats postés dans l'Archipel. "Nous travaillerons en étroite collaboration avec le nouveau gouvernement japonais pour avancer vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne, répondre à la menace du changement climatique et augmenter les capacités des énergies renouvelables, apporter la stabilité en Afghanistan et au Pakistan et résoudre les problèmes humanitaires et de santé internationaux", a-t-il poursuivi. Le parti dit toutefois vouloir conserver un partenariat fort. Cette question reste sous haute surveillance des deux cotés et il faudra beaucoup de diplomatie à Yukio Hatoyama pour ne froisser aucun allié. Ce dernier a d'ailleurs annoncé qu'il intégrerait des membres des partis minoritaires dans son gouvernement.
Laetitia Gueugnon (www.lepetitjournal.com) lundi 31 août 2009
Voir aussi
Le Monde : La première alternance dans l'histoire du Japon moderne
L'express : L'opposition court vers une victoire massive








































